Athi a la peau brune, des rides en soleil autour des yeux et, sous ses faux airs d'indien, il est malais et malaisien. Sous sa moustache, le sourire est toujours là, assorti d'un petit signe de la main pour me saluer et d'un mot gentil pour Eloi qu'il appelle "gorgeous" ou "handsome". Rien que pour ça, je l'aime beaucoup Athi. Il a un beau badge sur son uniforme car il est le chef de l'équipe des gardiens de notre condo mais ses vrais galons, il les a gagnés auprès des résidents car c'est le sauveur de toutes les petites situations inconfortables : évier qui fuit, porte coincée, prise récalcitrante, il est toujours disponible pour rendre service ou faire en sorte que le service soit rendu par un tiers. Athi, c'est pour moi, l'une des personnes marquantes de mon condo et je croise les doigts tous les jours pour que la société qui l'emploie ne l'envoie pas vers une autre résidence. Pourtant, sa vie n'est pas facile et sa bonne humeur permanente n'en est plus que remarquable : comme des milliers de Malaisiens, Athi traverse la frontière pour venir travailler et/ou repartir dans sa famille et pour lui, ce sont près de 3h de transport pour rejoindre son poste. Sa situation, pour n'être pas très agréable, n'est en pas moins chose courante car les forces laborieuses de Singapour sont constituées à 30% (la source est là) de non-résidents (comprendre ni Singapouriens, ni Permanent-Residents). Parmi ceux-ci figurent évidemment les expatriés mais aussi les travailleurs étrangers (hors FDW, c'est-à-dire la population des helpers) dont notamment les Malaisiens mais aussi les Indiens et Pakistanais qui font fonctionner les chantiers de construction de la cité-Etat. Si ces derniers sont logés dans des baraquements pour le moins sommaires et véhiculés quotidiennement dans de petits camions très caractéristiques, les Malaisiens n'habitant pas trop loin de la frontière franchissent quotidiennement les check-points de Woodlands ou Tuas qui sont organisés pour faciliter leur passage grâce par exemple à une file dédiée aux 2-roues ou une file réservée aux bus qui desservent les 2 pays et tout spécialement utilisés par les travailleurs. Rien d'étonnant à cette immigration quotidienne générée notamment par 2 facteurs :
1) le bas niveau des emplois occupés : beaucoup de ces travailleurs remplissent des fonctions qui ne sont pas recherchées par les résidents singapouriens.
2). Le coût du logement à Singapour qui contraint ces salariés à revenu faible ou modéré à habiter en Malaisie où le niveau de vie est moindre.
A toutes ces petites mains qui, comme Athi, construisent ou contribuent au bon fonctionnement de Singapour, je dis merci.
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