mercredi 27 mars 2013

À l'est d'Eden

Le grand chemin s'étire sous les grands arbres, serpente entre les collines, laissant sur ses côtés des tombes esseulées et ventrues regarder les passants rechercher la meilleure façon de marcher. Au milieu coule une rivière, juste un petit ruisseau qui bruisse et joue les modestes pendant par temps sec mais enfle pendant ma saison préférée aux pluies diluviennes. Point de roseaux sauvages mais d'énormes feuilles de taro et des buissons qui offrent à l'armée des singes un terrain de jeu inégalé et luxuriant. Parfois, un reflet attire l'oeil mais tout ce qui brille n'est pas or et c'est le médaillon brisé d'une photo sur une pierre tombale qui rappelle que quelqu'un, un jour, fut peut-être le fils préféré d'une maman éplorée. Lions, tigres et dragons même, veillent, imperturbables sur ceux qui eurent le malheur de voir leurs étreintes brisées par le destin mais reposent aujourd'hui côte à côte. Parmi les herbes folles, certaines tombes ont fourni leur contribution à la part des anges et, usées par le temps, s'affaissent, se fracturent laissant la nature reprendre ses droits. 
Pourtant, merci la vie ! La couleur des sentiments n'est pas que sombre et au détour d'un petit sentier, des descendants dégustent un buffet froid en l'honneur d'un ancêtre aimé. Les égarés qui passent sont conviés avec chaleur à la cérémonie, sans autre de forme de procès et partagent devant  la tombe un verre de cognac et un morceau de canard. Le temps d'une photo, le danger qui menace Bukit Brown Cemetery, une fois passé Qing Ming, est oublié mais bientôt les bulldozers écraseront ce lieu modeste qui n'avait pour ambition que d'offrir une paisible dernière demeure aux morts du siècle passé. Demain le bruit des voitures couvrira les cris des macaques et il ne restera plus alors qu'à se souvenir des belles choses...

PS : Karin en parle ici.


lundi 25 mars 2013

Aux cartes, citoyens !

Depuis peu, le Mâle vaquant à certaines occupations, j'ai l'immense privilège de bénéficier du véhicule familial ce qui me ravit et ce qui, même si j'aime (et ce n'est pas ironique) beaucoup me déplacer en bus, me simplifie considérablement la vie il faut bien l'avouer... Pourtant j'ai un gros handicap : mon GPS ! Mon GPS est absolument exceptionnel, il est intégré à la voiture et, miracle technologique dont je ne suis pas sûre que le fabriquant le sache,  est doté d'une vie totalement propre, peut-être même d'un esprit conscient car, j'en suis persuadée, il me déteste ! Bêtement, je pensais qu'un GPS était un objet au service de l'utilisateur mais en réalité, c'est un instrument aux mains des sociétés pétrolières et des industries cosmétiques productrices de déodorant car il encourage l'automobiliste crédule et confiant à parcourir davantage de kilomètres que s'il se guidait seul et au prix d'un énervement proportionnel à la quantité de sueur produite, même sous clim' ! L'exemple étant le meilleur ami de la démonstration, je vous narre donc le déroulement habituel d'un trajet de ma part vers un lieu inconnu au sujet duquel je n'ai aucune indication.
Après allumage du diabolique, je rentre l'adresse désirée qu'en général il prétend ne pas connaître même si les bâtiments existent depuis 15 ans et essaie toujours de me refiler une localisation approximative, soi-disant proche du but à atteindre. Le GPS cherche ensuite les satellites pour me géolocaliser... Temps moyen de recherche : environ 6 min, c'est-à-dire amplement le temps de ne pas savoir s'il faut emprunter Bukit Timah Road et partir vers l'Ouest ou Dunearn Road et partir vers l'Est. Une fois les satellites trouvés, quelle que soit ma position, le GPS me demande de sortir du petit trou de rat dans lequel j'ai caché la voiture et de rejoindre un axe digne de ce nom, le fait que je sois par exemple sur l'AYE, l'une des 4-voies de l'île ne lui semblant pas suffisant... Bien évidemment à ce stade, je me suis bien sûr déjà fourvoyée me dirigeant vers Tuas au lieu de Changi. Par conséquent, le GPS me demande généralement de faire un U-Turn, si possible lorsqu’un muret en béton rend l'opération impossible. Une fois la demande satisfaite quelques kilomètres plus loin, le GPS n'a d'autre choix que de recalculer la position et l'itinéraire ce qui peut lui prendre plusieurs minutes surtout entre les hauts immeubles du CBD et n'améliore pas ma situation... Enfin, il propose une route et me donne quelques explications que j'écoute religieusement pour rattraper le retard que j'ai déjà accumulé. Je garde l'oeil sur les chauffards en tout genre qui peuplent les routes plutôt que sur l'écran du GPS... Grave erreur, en essayant de préserver ma carrosserie, je perds mon chemin car parfois, mon GPS, sujet à de légères attaques d'Alzheimer ou de lunatisme, change d'avis et adapte le chemin mais, le fourbe, sans l'énoncer à haute voix... Ou alors seulement quand la mauvaise bifurcation a été choisie / le tunnel sans réseau empruntée / la sortie adéquate dépassée... Bref, je finis systématiquement la carte sur les genoux, à chercher frénétiquement pendant la durée du feu rouge la bonne page, à me rendre compte en pestant que, bien évidemment, je suis dans la pliure illisible et à me maudire en me disant que c'est bien la dernière fois que j'utilise cette %$#!@ de GPS !

PS : pour finir ce post qui ne sert à rien, une info utile tout de même ! Comme outil de la libération de la femme contre son GPS, il n'y a pas mieux, AVANT de partir, que gothere.sg pour visualiser un trajet. Le site existe en version mobile et il donne les itinéraires possibles en bus, MRT, voiture et taxi (avec le prix approximatif). gothere.sg... Mon sauveur ♥♥♥♥♥ !


jeudi 21 mars 2013

Tranche de vie

Près de chez moi, il y a une grosse avenue, une des artères qui traverse la ville d'est en ouest, un axe emprunté par des milliers d'automobilistes. Le long de cette grosse avenue, il y a des condos, beaucoup, et aussi des maisons, moins. Certaines se cachent derrière de hauts murs pour s'isoler du bruit et de la circulation. Il en est une qui fait l'angle avec une petite rue que j'emprunte tous les jours. La maison est grande, sur plusieurs étages et, par l’entrebâillement du portail automatique, on peut apercevoir 2 voitures garées. Visiblement, les gens qui vivent là sont relativement aisés et de temps en temps on aperçoit une jeune helper comme dans beaucoup de familles à Singapour. Pourtant tous les matins, une petite auntie, peut-être la grand-mère de la famille, sort balayer les feuilles devant le portail. Elle est âgée, frêle, toujours vêtue d'une robe délavée qui ressemble à une chemise de nuit. À tout petits pas, elle chasse les indésirables effrontées de l'arbre qui se penche vers la maison. Elle semble si fragile que l'on ne sait pas bien, qui du balai ou d'elle supporte l'autre. Minutieusement, lentement, avec application, elle progresse doucement laissant derrière elle un trottoir imberbe de ses attributs végétaux, indifférentes aux automobilistes qui l'observent pendant l'attente au feu de circulation. Parfois, une connaissance s'arrête pour discuter avec elle et son visage s'éclaire. Elle s'appuie alors sur le manche de son outil, grapillant ainsi quelques minutes de repos avant de reprendre sa tâche, telle Sisyphe poussant son rocher. Une fois son travail achevé, elle regagne tranquillement la quiétude de l'intérieur, en se glissant derrière le portail coulissant. En climat équatorial, sans réelle saison, les arbres perdent en permanence leurs feuilles, en petites quantités  mais avec régularité. Demain, le jour d'après et encore celui d'après, la petite auntie recommencera son travail de fourmi, balaiera doucement puis rentrera dans le secret de sa vie bien réglée, satisfaite de la première tâche accomplie... À chacun ses buts, ceux-ci, quels que soient leurs enjeux ou leur prestige, n'ont finalement que la valeur que l'on souhaite leur accorder.


lundi 18 mars 2013

Philippines - Siquijor - #3

Jour 6 (suite) : Après survécu à Céline Dion et Foreigner, nous arrivons sur Siquijor. Il est 20h30 et il fait nuit noire, la découverte sera donc pour demain. Nous sommes accueillis par l'équipe de notre resort qui nous    charge, en même temps que d'autres guests de l'hôtel, dans un jeepney rutilant. Les enfants sont ravis et nous partons pour 10 min de route pendant lesquelles une jeune demoiselle joue les GO avec force plaisanteries et encouragements  pour nous dérider. Sûrement une stagiaire en plein zèle ou une fin de période d'essai me dis-je... Face à notre absence totale d'enthousiasme, y compris les enfants un peu estomaqués, ainsi qu'à la non-réceptivité de nos voisins allemands qui visiblement ne connaissent de l'anglais que Guten Abend (si, si, je vous jure), elle finit par abandonner au grand soulagement de tous... À l'arrivée, le resort est sublime, la piscine, que dis-je les piscines, éclairent doucement les cocotiers, les tables du restaurant, que dis-je des 2 restaurants, ont les pieds dans le sable, des torches brûlent sur le sable et 3 jolies chanteuses viennent nous chanter des chants traditionnels pendant que l'on patiente pour notre repas. Ça valait le coup de se taper Céline et la GO !

Jour 7 : Terrain inconnu donc reconnaissance des lieux indispensables... Piscine 1 : check... transats : check... sunset restaurant : check... plage : check... plage : check... petite cahute en bois : check... plage : check... plage : check (ben quoi ? elle est longue...)... diving center : check... piscine 2 : check... bar dans la piscine : double-check... restaurant de la plage: check... Conclusion : les lieux sont sûrs. 
Famille Beginners in Asia au rapport, en tenue de combat plage. Vérification des armes : pelles, rateaux, chapeaux, crème solaire, masques, tubas. Le Mâle#2 est envoyé en éclaireur. Sa mission : annexer la cahute #4 sur la plage. Le Mâle (le seul, le vrai, l'unique) part récupérer un véhicule insubmersible nécessaire au rapprochement des troupes et à la cohésion du groupe, j'ai nommé... un canoë. Le mini-Mâle #3 porte une partie du matériel (en gros sa casquette) aidée par la Dragonnette qui, fidèle à son habitude, rechigne à tous les ordres émanant d'une autorité pourtant bien légitime. Une fois arrivés sur le lieu de l'action, bravant l'inconnu, je pars en éclaireur déminer le terrain aquatique malgré un matériel défaillant ($@#! de %$^ de masque qui s'embue en permanence en dépit du traitement anti-fog maison). Le rapport rédigé à l'issue de cette mission indique que les poissons sont légion, les anémones extrêmement présentes, les poissons-perroquets extrêmement bruyants pendant leurs repas, les oursins piquants et les champs d'algues magnifiques... Les Mâles et la Dragonnette construisent des fortifications en sable pour renforcer notre position, je maintiens une surveillance poussée des environs, incognito, cachée derrière mes lunettes de soleil et l'écran de mon kindle. Opération réussie, encore une victoire pour la famille Beginners in Asia ! Plage, on t'a eu... A nous la piscine maintenant et le petit verre de jus de fruits frais dans (oui, c'est bien "dans") la piscine !

Jour 8 : les opérations continuent avec expédition dans la grotte de Cantabon. L'état-major nous avait prévenu que c'était "wet" mais pour le coup, l'information avait été un peu sous-estimée... Nous partons avec 3 guides dont l'un est exclusivement dédié au transport du mini-Mâle#3... En effet, la grotte est un boyau de largeur variable dans lequel la hauteur d'eau varie entre 0 et 1 m, dans lequel il faut grimper et descendre des tas de rocs et emprunter des passages parfois bien étroits voire un peu acrobatiques ! Nous ne sommes pas à Choranche (seuls les Dauphinois sauront ! Private joke) ou dans des grottes civilisées, il n'y a pas de passerelle, de lampes ou de chemins bien tracés. Nous crapahutons dans le lit de la petite rivière qui a néanmoins le bon goût d'être chaude et les seules lampes sont les frontales fixées sur nos casques...Les guides crapahutent en tongs, le spectacle est époustouflant et le petit régiment que nous sommes se prend pour une armée de jeunes Indiana Jones ! Génial ! 
Pour décrasser les troupes, le signal est donné pour un bain d'eau douce dans les chutes de Lazi. Des bassins d'eau turquoise sont reliées entre eux par des cascades en rideau. Un petit parcours du combattant est alors organisée de façon impromptue par le Mâle et son Mâle#2 avec saut sans filet depuis le haut de la cascade et franchissement de bassin sur liane en compagnie de sympathiques autochtones bien pacifiques quoiqu'un peu goguenards quant aux performances sportives du Mâle....
Retour à la caserne par une route absolument sublime puis repos obligatoire : appel au bord de la piscine, annexation des transats, réquisition de la mani-pédi pour Dragonnette et massage pour le Mâle. Une dernière bière sur la plage alors que le soleil se couche, un BBQ à la nuit tombée... Notre expédition est presque terminée. Il faut se remettre aux paquetages...

Jour 9 :  le clairon retentit à l'aube car le transport des troupes se fait à 6h00 du matin. Nous embarquons sur le ferry pour 5h de mer. Si l'on fait fi de la prière enregistrée qui accompagne chaque départ du bateau (et il y a 2 escales soit un total de 3 prières en tout) et laisse planer un doute sur les capacités maritimes de notre ferry, le moral des troupes est bon, Spiderman a remplacé Céline Dion à la télé et il y a des crackers et des bonbons dans mon sac...  Enfin arrivés au port, nous sommes pris en charge filoutés par un taxi et décidons de faire un check-in pour la journée dans l'un des resorts proches de l'aéroport, celui-ci ayant la judicieuse idée d'être sur une île et de ce fait d'être proche des plages. C'est donc la dernière permission pour nos recrues avant le retour au pays : piscine, mer et kids' club, nous finissons notre séjour aux Philippines en beauté avec en tête, une seule envie, celle déjà d'y retourner !

Détails pratiques et avis subjectifs :
- Ferry Tagbilaran-Siquijor (via Dumaguette) : départ vers 17h15 (horaire à vérifier). Compagnie Ocean  Jet Ferry (environ 3h).
- Resort Coco Grove Beach Resort : absolument parfait, des petits bungalows cachés dans les cocotiers (Orchid Villa pour nous, 5 couchages) dont certains tout au bord de la plage, 2 piscines, 2 restaurants, une cuisine excellente, un diving center, canoës à disposition des guests, récif accessible en snorkeling depuis la plage même pour les enfants avec énormément de poissons (pas forcément très originaux mais nombreux).  Et un personnel charmant ! Une adresse à recommander... Des couchers de soleil époustouflants..
-  Excursion organisée à la carte par l'hôtel : Cantabon Caves (absolument génial mais un peu sportif tout de même, prévoir baskets et vêtements qui ne craignent pas l'eau, claustrophobes s'abstenir) , Lazi Falls et Sommet de Siquijor en passant par une route absolument magnifique.
- Ferry OceanJet Siquijor-Cebu (via Dumaguete et Tagbilaran) : 2 départs par jour : 6h00 et 14h00. Billets pris par le biais de l'hotel une fois arrivés sur place.
- La combinaison bateau (arrivée à 11.00) et vol (départ 19.00) laisse une grande plage de temps libre. Or l'aéroport de Cebu-Mactan n'est pas particulièrement riant pour une durée aussi longue. Le Crimson Resort and Spa offre, moyennant finances évidemment, de passer la journée dans le resort et de profiter de toutes els commodités de l'hôtel (restaurants, piscines, kids'club, serviettes fournies, services de locker pour les bagages). Extrêmement pratique et surtout très agréable façon d'attendre son avion, une autre vision du "lounge" !

jeudi 14 mars 2013

Philippines - Bohol #2

Jour 3 (suite) : arrivés sur l'île de Bohol, 1h30 de route nous séparent de notre hôtel choisi, judicieusement, au coeur de l'île sur la Loboc River, une zone nettement moins touristique que la très courue Panglao au sud-ouest. Un hôtel visiblement récent, des cabanes en pilotis qui regardent la rivière, des moustiques mais sans excès. Nous prenons possession de notre logis et les enfants revivent grâce à la présence (à notre corps défendant) d'une télé. Dûment débarassés des marmots Ayant pris soin de s'assurer de la sécurité de nos enfants, nous partons faire le tour du resort et, accessoirement, boire en toute sérénité une San Miguel en regardant le passeur faire la navette entre les 2 rives bordées des omniprésents Atap Palms, des palmiers dont on utilise les feuilles pour les toits et dont le fruit est également comestible. Au dîner, des gekkos de compétition essaient de nous faire croire qu'ils sont des crapauds-buffles... Une fois repérée la bestiole, il semble que Nono, notre propre gekko n'ait plus qu'à aller faire de la musculation pour rivaliser : 15 cm de lézard violet et vert au dessus de la tête, ça impressionne davantage !

Jour 4 : après les îles côté mer, on passe côté terre et il y a du solide à se mettre sous la dent. Les fameuses Chocolate Hills ne sont pas aussi bronzées qu'elles devraient l'être, la faute à la saison des pluies qui les a laissées toutes vertes mais le paysage est sublime avec ces dômes  dans lesquelles certains esprits mal placés voient plutôt des attributs typiquement féminins, qui émergent d'une végétation plus rase. Nous faisons de l'oeil aux Tarsiers, des Yodas miniatures plus que léthargiques en pleine journée mais absolument craquants. Des papillons géants se posent sur les cheveux de Solène et Eloi touche, à mon grand dam, un python géant. Malo crapahute sur des ponts suspendus en bambou et goûte les bananes grillées. Ici comme à Paris, il y a des bateaux-mouches et le déjeuner se passe paisiblement sur la rivière au son de la guitare d'un chanteur buriné. Rien d'exceptionnel au repas mais le plaisir de voir défiler les berges, de découvrir une petite cahute derrière les palmiers et de se laisser emporter par les eaux vertes de la Loboc River. Sur la route les rizières défilent, les atap trees dressent leurs feuilles agressives dans les zones et partout des jeepneys ou des bus dont la cargaison de passagers dépasse un peu. Sur les tuks-tuks, l'attraction consiste à déchiffrer le verset ou la prière inscrits à l'arrière ainsi que le nombre maximal de passagers, la surenchère à l'heure de la sorte des classes étant importante. Un passage-éclair à l'église de Baclayon et au Blood Compact Shrine, à peine un alibi culturel et c'est le retour au resort après une journée haute en couleurs. Dans la nuit noire, les lucioles illuminent les arbres autour de la piscine, les gekkos chantent, l'eau clapote...


Jour 5 : Des envies d'aventure nous prennent. Nous décidons de sortir un peu des sentiers battus et c'est parti pour 2 h de route avec en ligne de mire la région d'Anda. Au fur et à mesure, la route devient plus petite puis plus étroite avant de se transformer en piste. Après une dizaine de km cahotants, nous atteignons le bout du monde. Là un petit abris en palme nous attend avec, au comptoir, une vieille dame charmante dont le badge en plastique indique qu'elle fait partie de l'association d'écotourisme de La Manoc Island. Pour atteindre cette île, une passerelle un peu branguebalante traverse la mangrove et permet de rejoindre le petit point d'embarquement pour les pirogues. Trois bateaux pour nous 5, des boatmen rigolards et des gilets de sauvetage qui font tâche dans le paysage, nous voguons sur une eau translucide dans un calme absolu, juste rompu par les éclaboussures des pagaies. Notre guide sur LaManoc Island s'appelle Fortunato, il est expansif et un peu ésotérique... C'est normal, cette île inhabitée est censée être le lieu où vivent les esprits et où les chamans viennent procéder à leurs rituels de guérison. Les tongs sont mises à rude épreuve sur le sol de corail et nous passons de grotte en grotte, suivant un petit chemin creusé dans la brousse par les pas des hommes. Cérémonies, peintures anciennes, ossements humains, Fortunato raconte et parle beaucoup. ON ne comprend pas toujours tout mais, au fil de la balade et de nos pérégrinations sur le tour de l'île, nous avons l'impression de découvrir un monde perdu, un lieu qui m'a rappelé certaines zones de Nouvelle-Calédonie, visitée dans une autre vie. Un moment magique... Malgré les crackers et les bananes dont nous avions bourré les enfants, les estomacs crient famine et nous réclamons au chauffeur une jolie plage... Souhait exaucé, les satays sont mangés les pieds dans le sable blanc de Quinale Beach, une plage aux eaux turquoises dans  lesquelles les étoiles de mer dessinent des chemins sans but alors que la marée descend doucement. Sur la route du retour, dans la lumière qui décline, la jeunesse des visages est frappante. Dans les jeepney, le long des routes, des bébés, des enfants et des ados nous sourient. Nous leur volons parfois, avec leur consentement, une photo qu'ils offrent de bon coeur.

Jour 6 : Notre ferry pour l'île de Squijor (prochain post) est à 18h. Il faut meubler ces heures et, après notre escapade de la veille, un peu de farniente s'impose. Ce sera donc plage avec sandwich au jambon (et potentiellement au sable évidemment). Panglao, initialement boudée, est aussi relativement proche du port et c'est donc là que notre chauffeur nous emmène en nous déposant sur Dumaluan Beach, bien loin de l'agitation touristique d'Alona Beach. Pas de resort chic et de bar avec de la musique mais des abris pour pique-niquer et des groupes de Philippins qui viennent se baigner, quelques touristes dont nous... Simple et bon enfant. Vers 16h, nous plions bagages et regagnons l'agitation de Tagbilaran pour attraper notre ferry et envisager 2h30 de traversée... Dans le bateau, pour tuer le temps, l'équipage passe des DVDs et les enfants s'endorment au son de l'écran qui passe en boucle la musique des légendes du rock. Lorsque l'on en arrive à Céline Dion reprise en coeur par l'équipage, je me dis que le voyage est vraiment très long... Heureusement les côtes de Siquijor se profilent à l'horizon... Demain, nouvelle île (et bientôt prochain billet !).

Détails pratiques et avis subjectifs :
- Transfert entre Cabilao et Bohol organisé par le Polaris Beach Resort - Transfert entre la jetty et l'hôtel organisé par le Loboc River Resort.
- Loboc River Resort : bien placé pour faire des excursions et surtout une bonne alternative au tout-plage qui deviendrait un peu lassant. Les excursions ont été organisées grâce à une compagnie recommandée par le resort (jour 4 : tour classique Bohol Country Tour).
- Ferry OceanJet entre Bohol (Tagbilaran) et Siquijor. Billets bookés via le chauffeur.


lundi 11 mars 2013

Philippines - Cabilao Island - #1


Après finalement décrété que l'on n'était jamais mieux servis que par soi-même (clic), la destination de nos dernières vacances fut les Philippines, un choix décidé à l'unanimité par je, moi et moi-même avec néanmoins un avis positif émis par le Mâle (qui, ceci étant dit se laisse plutôt porter dans ce genre de situations). Les enfants étaient bien évidemment ravis car aucun temple ne se profilait à l'horizon et qu'ils n'avaient pas anticipé la menace non réalisée mais néanmoins réelle de la visite des églises qui sont foison et qui, à défaut de granite breton, se défendent avec de la pierre de corail grise et une architecture espagnolisante. Notre programme de 9 jours était conçu autour de 3 îles des Visayas (Cabilao Island , Bohol et Siquijor) avec pas mal de choix laissés au hasard (sauf les resorts réservés à l'avance) et même pas de guide touristique dans la poche du sac à dos. Petit récit de notre périple sur les Belles-Îles-En-Mer...

Jour 0-1 : Vol direct de Singapour à Cebu avec Cebu Pacific, le coût modéré des billets d'avions se paie par  l'horaire de départ et surtout d'arrivée... 4h00 du matin... Les enfants déambulent comme des zombies, Eloi n'a même pas émergé...Heureusement, sous l'impulsion du Mâle que l'on ne peut décemment pas qualifier d'aventurier, nous avions organisé notre transfert par le biais de notre premier resort. Au lieu d'un trajet un peu galère de plus d'une demi-journée avec 3 mouflets et autant de sacs à trimbaler  un chauffeur nous attend pour 2 h de route et 1 h de bateau... Un roupillon plus tard, nous attendons quelques minutes l'arrivée du bateau en regardant l'activité des poules qui picorent autour du véhicule garé sur le bord du chemin... oui un chemin et pas une route... Ah tiens, il n'y a pas de jetty pour embarquer sur le bateau, dommage pour les pantalons que l'on essaye de relever avec dignité sous l'oeil goguenard des quelques locaux venus profiter de cette petite animation matinale. Une heure de navigation plus tard, poissons volants inclus, nous débarquons, trempés par les embruns, sur Cabilao Island, une petite île à l'ouest de Bohol. Le ciel est un peu gris, les fonds de culotte sont mouillés par les bancs du bateau, les yeux sont cernés mais les vacances viennent de commencer ! Il n'est que 7h30, la journée va être longue. Nous envisageons donc un programme ad hoc avec promenade au petit lac voisin et découverte du village sur le chemin, balade ponctuée, comme de bien entendu, par les jérémiades des pré-ados puis déjeuner puis... rien... puis ... pas grand-chose (= sieste sur les transats à côté de la piscine)... puis un peu de plage avec en special guest, notre ami Bernard, L'Ermite de son nom de famille et tous ses copains philippins qui jouent à celui qui aura la plus grosse.. coquille évidemment. Bref, une dure journée...

Jour 2 : histoire de ne pas finir grillés comme des crevettes en BBQ, nous investissons l'ombre du plus bel arbre de la petite plage un peu rocheuse du resort. Les enfants ont des jouets pour creuser dans le sable et sont tartinés de crème solaire sur tous les bouts qui dépassent du tee-shirt anti-UV, j'ai emmené mon mes livres (merci le K**dle) et mes lunettes de soleil, le récif est accessible à la nage depuis la plage.. La vie est belle.. De temps en temps, je lève le nez de mon bouquin et vois passer des couples d'Allemands ayant dépassé la date de péremption d'âge mûr, ahanant en coeur après leur sortie de scuba diving. Ils ont l'air épuisé (alors que c'est le staff de l'hotel qui porte les bouteilles) mais heureux et nous regardent un peu de haut, nous pauvres snorkelers cantonnés aux petites eaux peu profondes... Intérieurement je ricane car vraiment la combinaison de plongée, ça n'avantage pas tout le monde, surtout assortie du coup de soleil nasal... L'après-midi, on varie les plaisirs et les enfants décident de pourrir la sieste des Allemands en allant hurler jouer dans la piscine sur laquelle donne la chambre de nos amis teutons. Alors que le soleil se couche, les enfants du village passent sur le petit chemin qui longe le resort et animent le soleil couchant de leurs bavardages incompréhensibles et de leurs rires. 

Jour 3 : Petite sortie en bateau et là c'est la catastrophe, Fred se griffe le pied sur le corail, saigne et prétend être au bord de l'agonie... Pourtant il y a bien plus grave, je viens de m'écailler le vernis orange (absolument magnifique soit dit en passant) que je porte sur les doigts de pieds... Je pense un instant m'effondrer en pleurant mais finalement je me contente d'enlever la buée de détresse dans mon masque pour admirer les poissons sur le tombant impressionnant du récif. Même Eloi, du haut de ses presque 4 ans, tente l'aventure du snorkeling, certes avec ses lunettes de piscine mais snorkeling quand même. Après ces événements sportifs de haut niveau, nous déjeunons au resort avant de plier bagage, de vérifier qu'il y a pas de Bernard dans nos coquillages-souvenir et prenons le bateau (25 min) pour rejoindre Bohol, notre deuxième étape.

Détails pratiques avec des avis totalement subjectifs qui n'engagent que moi :
- Vol Singapour-Cebu avec Cebu Pacific, départ 00h20 - arrivée à 4h00 a.m.
- Transfert organisé par le resort jusqu'à Cabilao Island mais il est tout à fait possible (sans grande difficulté mais faut pas être des feignasses comme nous) de rendre le taxi jusqu'à l’embarcadère des ferrys de Cebu (attention, toutes les compagnies ne partent pas de même quai) de prendre le ferry  jusqu'à Bohol puis de reprendre un taxi/jeepney jusqu'à la jetty qui permet de reprendre le bateau jusqu'au resort.
- Polaris Dive Resort : un resort principalement tourné vers le scuba diving, tenu par un Allemand d'où la présence de nombre de nos voisins germains ainsi que de patates au petit déjeuner. Une plage un peu rocheuse et un récif accessible à la nage avec un tombant impressionnant mais qui ne livre pas beaucoup de secrets aux simples snorkelers. En revanche, le resort est très agréable, le personnel absolument charmant, le restaurant est bon, la piscine sympathique et les abords très joliment aménagés. 

mardi 5 mars 2013

Nos merveilleuses vacances

Madame l'Agence de Voyages,

Il y a un peu plus de 2 ans, nous avions eu quelques échanges n'ayant malheureusement pas abouti (). Le mois dernier, j'ai repris une correspondance avec vous et cette lettre a pour objet de vous remercier du fond du coeur du séjour merveilleux que nous avons passé grâce à la diligence et à l'efficacité de vos services. Afin que vous puissiez vous servir de ce document comme d'une éventuelle référence et/ou recommandation pour vos futurs clients, je me permets de vous retracer l'historique de notre aventure réussie. 

Pour diverses raisons personnelles, je n'ai pas été d'anticiper de façon efficace les vacances de février et me suis donc penchée sur le problème à notre retour de Nouvelle-Zélande, c'est-à-dire en pleine digestion de la Galette des Rois et de nos aventures au pays des kiwis et des campervans. Je vous ai sollicitée à cette période pour organiser pour ma famille un voyage inoubliable en Birmanie. Après quelques échanges sur le circuit et les points d'étapes envisageables et/ou incontournables, nous sommes arrivés à un résultat que j'ai jugé satisfaisant nonobstant le fait que les enfants risquaient de faire des éruptions cutanées au simple mot de "bouddha" mais si on ne visite pas de temples en Birmanie, à quoi bon y aller ? Bref, du temple, du temple, du temple, un peu de villages, du lac et de la balade en barque... Le tout s'annonçait donc bien. Vous m'avez ensuite annoncé le prix du séjour (hors billets d'avions bien entendu), j'ai alors envisagé de me suicider avec le fil de ma souris (ou au chicken rice mais c'est plus long) avant de me raisonner et de considérer le fait que ce voyage j'en rêvais depuis 3 ans, temps qu'il m'avait fallu pour convaincre, de bonne ou mauvaise foi car tous les moyens sont bons pour arriver à ses fins, le Mâle que 1) non il ne fait pas chaud en Birmanie en février 2) il n'y a pas tant de temples que cela et que les enfants serait ravis 3) la nourriture birmane est très bonne... Il fallait donc battre la carte bleue le fer tant qu'il est encore chaud et je vous ai dit "Banco" sur le principe. J'étais tellement contente et me voyais déjà au milieu des temples de Bagan, mon appareil photo en main pour immortaliser des siècles d'architecture et de bouddhisme.  J'ai donc effectué une pré-réservation de mes billets d'avions pour Rangoon ce qui a accentué mon impression de banqueroute financière. Vous m'avez alors annoncé que le tour proposé incluait un certain nombre d'hébergements mais que, pression touristique oblige, certains d'entre eux pourraient ne plus être disponibles lorsque je verserai les acomptes pour booker le voyage définitif. À ce niveau de prix, j'ai fait la radine et demandé si le prix du tour serait dans ce cas inchangé. Vous m'avez alors répondu que, malheureusement et malgré tous les efforts que vous déploieriez pour nous fournir des hôtels de même gamme, vous ne pouviez pas non plus garantir le prix exorbitant initial et que vous feriez donc des ajustements une fois l'acompte versé en insistant sur le fait que plus je retardais ma décision, plus je m'exposais à une augmentation du coût de mon voyage. En clair, cela signifiait que de mon côté, je m'engageais à payer pour un tour ayant une valeur (V) à un temps donné et que, de votre côté, il était plus que probable que vos services me contraignent à payer au final une valeur (V+ x), x étant une variable totalement inconnue de vous. J'ai alors eu l'impression cocasse quoiqu'assez désagréable que j'étais en train de me faire prendre pour un pigeon, une bécasse ou même une galinette cendrée, tous volatiles relativement mal pourvus en terme de QI. J'ai alors pris une décision radicale : j'ai annulé mes vols, vous ai envoyé un mail hypocrite poli de refus de votre proposition et ai pris les choses en main, avec Tripadvisor et Google comme alliés dans mes recherches. Après quelques après-midis heures de travail, j'ai réservé, en low cost, 5 billets d'avion pour Cebu, booké 3 hôtels sur 3 îles des Visayas, laissé sa chance au hasard à la débrouillardise pour faire les transferts et attendu d'être sur place pour planifier les excursions et les visites. Au final, je tenais donc vraiment à vous remercier car, grâce à vous, vraiment notre séjour aux Philippines a été absolument parfait et sans aucune fausse note ! Qui plus est, avec l'argent économisé, nous aurons même la possibilité de refaire un autre voyage avant l'été.. Alors, merci, encore merci...

PS : récit de notre voyage à venir, évidemment... Un peu de teasing n'a jamais fait de mal !