jeudi 23 décembre 2010

Adaptation de Noël

Noël sous les cocotiers sous-entend quelques modifications quant à la composition du traditionnel repas de réveillon. Après quelques recherches et ajustements finaux liés à des considérations financières ou des problèmes de disponibilité, voire même à une légitime timidité, je vous livre notre menu pré-Père Noël :
- un millefeuille de saumon fumé pour remplacer un foie gras qui accessoirement coûte un bras et un rein voire même un oeil. Pas très local certes mais facile à trouver !
- une épaule d'agneau de  7 heures prendra la place du chapon car une gêne prémonitoire m'avait envahie à l'idée de devoir expliquer à mon boucher, dans un anglais châtié et compréhensible (ce qui à Singapour peut être antinomique), la caractéristique anatomique de cet animal par rapport à un bête poulet.
- des chocolats japonais (Royce, pour les connaisseurs) en lieu et place des papillotes mais avec un back-up Valrhona au cas où le cacao nippon ne remplisse pas les critères gustatifs de notre palais européen.
- un "cake log" pomme/marron c'est-à-dire une vraie bûche (curieusement non roulée) de 1 kg que nous n'arriverons jamais à manger à 4, le poids standard n'étant pas à la mesure de nos familles expatriées qui célèbrent souvent en petit comité, leurs parents et amis étant éloignés de plusieurs milliers de kilomètres.
Alors, évidemment, je regretterai ma tranche de foie gras et le bruit des papillotes que l'on froisse mais heureusement, certaines choses sont immuables, le Père Noël est attendu pour le lendemain et les rennes sont déjà sur Orchard Rd.
JOYEUX NOEL A TOUS

lundi 20 décembre 2010

Shopping




Ah Noël, l'heureuse période des cadeaux et de leur recherche effrénée. Singapour étant une capitale du shopping, les centres commerciaux sont rodés. Les magasins ont été décorés, la musique ad hoc résonne dans les étages et le  personnel a été renforcé... Et c'est là, de mon point de vue très personnel et hautement subjectif, que le problème commence. Raide comme une baguette qui attend son bol de riz, la vendeuse singapourienne-type scrute avec un professionnalisme supposé son secteur, attendant la cliente. Une fois celle-ci repérée, la vendeuse se met alors en chasse, la pistant dans tous les recoins, repliant ostensiblement tous les articles qu'elle aurait, dans sa grande maladresse, effleurés et en lui proposant, avec un discount, des objets ou des vêtements improbables évités en toute connaissance de cause par d'autres fashionistas. Si vous résistez à cette traque (ce qui n'est pas toujours mon cas), la prochaine étape consiste à demander à la vendeuse le vêtement/la paire de chaussures que vous convoitez dans une taille conforme  à votre corpulence/pointure. Face à cette demande d'une grande complexité, trois options sont envisageables :
1) la vendeuse ne comprend pas ce que vous lui dites car elle ne parle pas anglais. Vous lui répétez plusieurs fois la phrase avec votre plus bel accent français (si, si, ça aide) jusqu'à ce qu'elle se décide à aller chercher son superviseur pour qu'elle lui traduise la requête. Dans ce cas s'ensuit une discussion généralement en chinois dans laquelle mes maigres connaissances me permettent désormais de repérer  l'information-clé sous forme de 2 expressions : "keyi" (c'est bon, elle a l'objet) "meiyou" (non, il n'y a plus la taille).
2) la vendeuse comprend mais vous regarde d'un air étonné en se demandant pourquoi vous ne rentrez pas votre pied dans du 34 et disparaît pendant une période indéterminée dans l'arrière-boutique en disant invariablement " I check for you".
3) la vendeuse a visiblement compris un message mais vous renvoie une réponse incompréhensible. Serait-ce du singlish pur jus,  un accent terrible ou un défaut de prononciation, toujours est-il que votre demande reste inaboutie. L'appel d'une deuxième vendeuse ne résoud d'ailleurs pas toujours le problème, les problèmes linguistiques ayant une fâcheuse tendance à se superposer...
Au final, une emplette banale peut s'étirer en longueur comme un chewing-gum collé sur le MRT de Singapour et repartir avec son "carrier bag" est finalement plus un symbole d'une victoire sur les barrières de la langue qu'un outrage à la carte bleue.

samedi 18 décembre 2010

Etoile des neiges

Il en est, à cette période, à qui manquent la grisaille, le froid et la neige des régions tempérées de l'hémisphère Nord. Ceux-là pensent également que le sapin, sous 35 degrés et en tee-shirt, n'a pas tout à fait le même goût que celui qui perd ses aiguilles au coin du feu. Heureusement, Singapour et ses centres commerciaux fournissent un remède à ce spleen hivernal, non pas seulement en mettant la climatisation à 18 degrés mais en proposant de la "neige" en libre-service.
Histoire d'amuser les enfants, décision unilatérale paternelle fut prise d'assister au snow-show du Tanglin Mall. Avec quelques serviettes et des tongs en plastique (et moi traînant les pieds), nous sommes arrivés sur le petit parvis du mall où nous avait déjà précédé une marée humaine constituée d'enfants surexcités et de parents armés d'appareils photos, de caméras et de smartphones, voire des 3 à la fois. A ceux-là, se rajoutaient quelques paparazzis locaux armés d'objectifs longs comme le bras pour capter la jolie frimousse ou le détail frappant car ici le shoot photographique est un sport national.
Aux alentours de 19h30, l'arrivée de la "neige" a été saluée par un hurlement collectif et les flashs ont commencé à crépiter. Après avoir joué des coudes pendant  5 min pour traverser la barrière vivante et extrêmement compacte des parents photographes, nos enfants ont enfin atteint le Graal et joué dans la mousse, participant ainsi au concours de tee-shirts mouillés le plus innocent qui soit. Le summum a été atteint quand les bouches à air ont propulsé haut dans le ciel des flocons savonneux, créant un doux blizzard  aux tièdes particules, plutôt amusant il est vrai, s'il n'avait pas été partagé avec 200 ou 300 personnes sur 30 m2.... A 20h, mon calvaire a pris fin et nous avons ramené des grands enfants enchantés, le bébé n'ayant lui ni apprécié la texture de la "neige", ni la foule.... Tout sa mère, cet enfant...

PS : Tanglin Mall, 163 Tanglin Road. Shows vers 19h30, tous les jours.

mercredi 15 décembre 2010

Amis de tout poil

Il est 7h30, l'heure du bus scolaire. Dans le condo, seuls les chants des oiseaux amoureux et les vaguelettes des nageurs motivés se font entendre dans le silence du petit matin. Il fait encore frais et le soleil n'a pas encore gagné sur l'ombre des bâtiments. Assis sur les marches qui gardent l'entrée principale de la résidence, les enfants, cartables à leurs pieds, rêvent à leur sommeil évanoui, à leur journée d'école ou aux jeux à venir. Devant eux, les minivans et les bus défilent en une ronde motorisée, avalant successivement petits bouts de chou aux cheveux emmêlés et grands dadais aux yeux cernés par une pratique intensive de F...Book. C'est d'abord le Kindergarten de la rue d'à coté, puis l'école internationale des norvégiens au bus tout pourri qui font leur collecte d'élèves en uniformes.  Soudain, un mini-van inconnu s'arrête. Bizarre, il n'y a pas de siège... Le chauffeur ouvre sa portière puis attend. S'y engouffre alors un énorme chien jusque là tenu en laisse par une maid. Il rejoint à l'intérieur du véhicule d'autres compagnons canins dont je remarque alors la présence... Sur le côté du bus, l'inscription K9culture aurait du me mettre la puce à l'oreille ! Grand moment culturel : je viens de découvrir le transport scolaire pour chien qui va tout seul à l'école... Au programme de cette dernière, comment se comporter en société humaine ou canine, sport et fitness, socialisation ou piscine... Il y a même une fête de Noël prévue avec des jeux, un échange de cadeaux entre "furkids" et un dîner. Le menu n'est pas indiqué... Ne faisons pas la fine gueule. Encore une croquette au foie gras ?

mercredi 8 décembre 2010

Bientôt le Père Noël...

Depuis octobre, l'événement était annoncé. Dès les citrouilles d'Halloween remisées au placard avec les sorcières, les sapins ont commencé à pousser tels des champignons dans les centres commerciaux, accompagnés dans leur développement par les insupportables Jingle Bells et consorts du même acabit. Décembre s'étant installé, nous avons décidé de faire entrer Noël à la maison et qui dit premier Noël à l'étranger, dit quelques inédits dans la mise en oeuvre de l'opération.
Première fois donc que :
- j'observe une ségrégation si nette entre partisans du sapin en plastique (alibi écologique et pragmatisme) et ceux plébiscitant le "vrai" arbre de Noël (la tradition avec l'odeur, la résine, les aiguilles qui tombent et l'empreinte Carbone qui va avec).
- je dégouline de transpiration en choisissant l'épineux de mes rêves,
- je dois arroser mon sapin coupé pour qu'il n'ait pas l'air d'un balai alopécique en une semaine,
- je pars me baigner à la piscine après avoir décoré le végétal avec les enfants,
- j'ai droit aux chants de Noël interprétés par un ensemble de trombones à coulisse au bord de la pataugeoire du condo (si, si, je vous jure et en plus à l'heure de la sieste !),
- je ne vois pas de faux Pères Noël à la porte des centres commerciaux, terrorisant les bébés avec leur barbe synthétique et le jean qui dépasse de l'habit....
La faute au climat peut-être ?

lundi 6 décembre 2010

Les aventures de Nono

Vous rappelez-vous de Nono, notre gekko ? Petit habitant de notre cuisine, il nous laisse régulièrement de petits cadeaux sur le plan de travail et se fait entendre par de sonores claquements de langues quand nous avons le malheur de réaliser une intrusion dans sa propriété privée au delà de 21h. Son camp de base est le dessous du lave-vaisselle et celui-ci doit encore se souvenir des ébats de Nono et Nana qui ont consommé leur union voilà déjà quelques mois. Depuis, des petits Nini et Nunu ont investi la cuisine et, insidieusement, les autres pièces de l'appartement. Nous déplorons malheureusement quelques pertes comme un petit retrouvé tout désséché derrière la prise de l'ordinateur, une chute malencontreuse dans l'évier ayant abouti à une immédiate reconduite à la frontière du territoire (= le palier) ou un saut de l'ange effectué depuis la fenêtre de notre chambre. Malgré cela, la famille va bien et Nono (ou ses congénères) poursuit son petit bonhomme de chemin. Quelques exemples ?


Nono prend l'ascenseur.

Nono fait de la décoration.
Nono surveille la porte d'entrée.
A suivre...

vendredi 3 décembre 2010

Spectacle impromptu

Ce jour-là, blotti entre les immeubles modernes du CBD, le Yueh Hai Ching Temple, le "temple de la mer calme" (aussi appelé Wak Hai Cheng Bio) disparaissait sous les volutes des fumées d'encens. Il s'agit de l'un des plus anciens temples taoïstes de Singapour, fondé en 1850 par la communauté Teochew. Dans les 2 halls, les tables débordaient de victuailles : fruits, gâteaux, poulets cuits et canards grillés rendaient leurs hommages à la déesse de la mer, Tian Hou (partie gauche) et à Xuan Tian Shang Di, le dieu du Ciel (partie droite). C'était une journée de remerciements et les croyants arrivaient en un flux léger mais constant pour prier et faire des offrandes, qui en brûlant du "paper-money", qui en achetant des spirales géantes d'encens ("pagoda" joss sticks). Celles-ci, suspendues dans la cour, se consumaient au gré du vent, l'étiquette rouge portant le nom du donateur se balançant sous la brise. Une troupe d'opéra chinois s'était installée en face de l'entrée du temple. Un peu de bric et de broc, la structure avait dû connaître des jours meilleurs. Des acteurs, pour la plupart plus tout jeunes et nettement ventripotents, se maquillaient dans un backstage ouvert à tous les vents et leurs enfants s'amusaient à se poursuivre malgré leurs costumes encombrants. Des hamacs étaient tendus sous le plancher et l'escalier pour parvenir aux "loges" n'était qu'une pauvre échelle posée de guingois. Après une scéance de maquillage interminable (eu égard certainement au poids des années des comédiens) et un supplice d'au moins 20 min de gong, nous avons pu assister à un mini-show. Je ne résiste pas à l'envie de vous faire partager notre expérience mais en la synthétisant : 1 min d'opéra chinois avec la BO captée sur place. Pour que l'imprénation soit parfaire, imaginez-vous piétinant depuis une heure, frits par le soleil, moites sous 32 degrés et 80% d'humidité et respirant un air quasi-solide tant il était épaissi par l'encens ... Enjoy !
Yueh Hai Ching ou Wak Hai Cheng Temple, 30B Phillip Street.