mardi 29 novembre 2011

Concept

Ce sont quelques gros ballons rouges qui se balancent au dessus des têtes des visiteurs. Attachés à des formes indéterminées au sol, ces silhouettes écarlates allègent l'entrée solennelle de cette vieille dame respectable qu'est le National Museum of Singapore (NMS pour les intimes) que je fréquente assidûment ces derniers temps. Moi, je les aime bien ces grosses baudruches si différentes du reste du musée qui n'est qu'Histoire et histoires. Ceci étant dit, mon inculture en installations conceptuelles n'ayant d'égale que ma méconaissance de l'art contemporain, je dois avouer que je n'ai absolument pas saisi le message sous-jacent de l'artiste. Comme je m'en voudrais de vous laisser dans une telle ignorance, j'ai donc cherché ce que Lim Shing Ee, l'artiste en question, a voulu nous dire au travers de A Dozen of Those... Well, well, well... Comment dire ? Pas évident de prime abord. Je vous le livre en traduction brute : "l'oeuvre décrit le sentiment de déplacement et de séparation qu'éprouvent  tous ceux qui sont déracinés de leur environnement familier". Pas sûr que ça vous aide beaucoup plus hein ? Poursuivons donc les explications : l'artiste est Singapourienne et vit au Japon avec son mari japonais et ses fils. Ce travail est une métaphore des différences forces, souvent conflictuelles et hors de son contrôle, qui habitent cette expatriée tels que les sentiments de loyauté, de nationalité, d'identité ou d'appartenance. Comme dans le reste de son oeuvre, elle utilise des objets et des formes simples pour créer des composition abstraites, considérées comme des "cartes mentales du quotidien"... Loin de moi l'idée de me moquer (ceux qui me connaissent savent que ce n'est pas du tout mon genre) mais, et ce malgré le fait que j'aime cette oeuvre, on est quand même dans de la trituration avancée de neurones !!!! Que les amoureux de l'art me pardonnent mais je suis sûre d'une chose : vous ne regarderez plus jamais un ballon d'anniversaire de la même manière...

PS : dépêchez-vous, l'installation sera démontée le 18/12/11. NMS : 93 Stamford Rd.

jeudi 24 novembre 2011

Gardens by the Bay

Le week-end dernier, c'était le dernier jour de la 20e World Orchid Conference. A Singapour dont la fleur emblème est l'orchidée, c'est de circonstance. Nous y avons donc rencontré des milliers d'orchidées plus jolies les unes que les autres, certaines aux noms célèbres - il était impossible de rater celle d'Elton John (si, si, je vous jure!) pourtant très quelconque - ou la miss Vanda Joaquim, THE one, la première créée ici. Il y avait un petit parcours éducatif pour comprendre leur reproduction et les enfants ont adoré les histoires d'étamines à pédales qui font retomber le pollen sur le dos de l'insecte ou les fleurs profondes qui permettent à leurs pollinisateurs de ressortir grâce à une petite marche judicieusement placée près de la sortie. Il y avait des milliers de Singapouriens, visiblement atteints de graves problèmes ophtalmologiques et qui avaient besoin d'un écran entre les fleurs et les yeux pour les distinguer ce qui faisait qu'au plus près des fleurs, on voyait plus de portables et d'appareils photos que de mirettes scrutatrices. Lee Kuan Yew, père des arbres de Singapour, est paraît-il, venu y faire un tour. Mais surtout, il y avait, avec le billet, la possibilité d'aller faire un tour dans le tout nouveau Gardens By the Bay (South) et l'une de ses serres, le Flower Dome. L'ouverture officielle est prévue pour juin mais, un peu encore au milieu des bulldozers et de la boue, nous avons visité ce jardin pas tout à fait fini. Pour être tout à fait honnête, nous l'avons visité très très très vite car le ciel n'a pas été avec nous, un déluge s'est abattu sur le parc à notre sortie de la serre et il a fallu se rabattre assez précipitamment à l'intérieur, concours de tee-shirts mouillés en prime.
C'est bien évidemment tout l'inverse de mon petit Bukit Brown Cemetery, tout est  léché, soigné, coupé au cordon avec des jardins thématiques pour chacune des communautés, des rizières au bord de l'eau, sous "l'ombrage" des Supertrees métalliques et bien d'autres choses encore. Le lieu sera certainement très plaisant, la petite promenade de bord de l'eau avec les papyrus pour voisins est absolument charmante et la dimension du jardin fera que l'on ne s'y sentira pas trop en surpopulation. En ce qui concerne les serres, je reste épatée de l'audace de conception :  le Flower Dome c'est 2 terrains de foot de long sans un seul poteau au milieu ! Je suis moins convaincue par la végétation, peut-être simplement parce qu'elle couvre les climats méditerranéen et aride (bien que la température de la serre soit inférieure à 25 degrés allez savoir pourquoi), qui ne sont pas vraiment des inconnus pour nous. Quelques oliviers, aussi vieux soient-ils et de la lavande ne m'amènent pas à m'extasier sur leur rareté... Par contre, il y a un parti-pris visuel qui est de mettre une grande partie des plantes, non pas au sol, mais à hauteur d'yeux ou presque. On circule sur des chemins qui serpentent entre de gigantesques bacs contenant le végétaux. On voit donc le sol, les racines, les petites plantes, la base des troncs : moi, j'aime bien ! Même pas besoin de se pencher, c'est bien pour les vieux comme moi !
Ce n'était qu'une preview, ouverture en juin des 2 serres et du jardin dans son intégralité, j'y retournerai, c'est sûr.

lundi 21 novembre 2011

Je suis célèbre... ou presque

Louis, du blog Paris-Singapour, a réalisé une petite interview de môa, ma vie, mon oeuvre (ou ce qui en tient lieu). Vous pouvez la retrouver ici et aller visiter son blog qui vous donnera un point de vue nettement plus jeune de Singapour ! Et puis, juste pour le plaisir des yeux, une de mes rencontres de ce week-end...

vendredi 18 novembre 2011

Tous les moyens sont bons

Une grande préparation psychologique avait été faite en amont se basant :
- sur l'observation in situ du rejeton qui ne voulait plus aller au playground jouer avec les petits parce que lui est "..RRand".
- sur le contexte "regarde tes frère et soeur partent tous les matins à l'école, ils adoooorent ! Et toi, tu vas aller à l'école aussi ...."
- sur les écrits éducatifs de haute volée " alors là Tchoupi prépare son cartable pour aller voir la maîtresse avant d'aller se coucher, et puis là Tchoupi se lève et met ses chaussettes pour aller à l'école, et là..."
- sur le soudoiement les aspects bassement matériels : "tu vas avoir un magnifique cartable avec Winnie l'Ourson dessus, c'est pas chouette ça et Doudou ira se promener dedans avec toi".
Jour J : on sort le grand jeu, la chemise comme papa, le couple parental ému (enfin surtout la mère) qui accompagne le rejeton à l'école dans la voituuuuuure... Trop cool... Mais en fait non, non, c'est pas cool... Le rejeton change de tête : "comment ça, moi, la perle de la maison,le killer de puzzles, le dresseur de pandas, le tyran familial, on m'abandonne,  on me laisse dans un lieu inconnu avec plein de nains inconnus, on tente de m'amadouer en me faisant mater un pauvre poisson rouge ? J'y crois pas : ILS S'EN VONT !!!"
J+1 le rejeton est sceptique : il retourne à l'école et constate que "si, si, ils recommencent, ils m'abandonnent à nouveau !" Le rejeton sort le grand jeu : pleurs, agrippements musclés à sa mère, yeux de bambi, torrents de larmes. La mère sort bourrelée, entre autres, de remords et est obligée d'appeler ses copines à la rescousse pour un café remonte-moral pour multipare culpabilisante.
J+3 : ouf, le rejeton ne va pas à l'école car 3 matinées par semaine, ça suffit à son âge, on n'est pas des monstres quand même... Grave erreur !
J+4 : le rejeton se rend compte qu'on lui refait le coup de l'école dès le lever (le sac à dos dans l'entrée, ça ne trompe pas !). La mère, toujours bourrelée, entre autres, de culpabilité délègue au père. Lui, il assume, il part au travail, il va le déposer en route et hop, c'est simple... Mais non, le rejeton ne se laisse pas faire et sort l'arme ultime : le rendu de biberon sur bas de pantalon paternel en partance pour de grandes occupations professionnelles ! Qu'à cela ne tienne, une fois rejeton et pantalon redevenus présentables, le rejeton est ré-embarqué pour l'école, ah mais non mais !
J+5/6/7 : tout le monde souffle, pas d'école, le rejeton pense avoir gagné..
Que nenni, les parents ont d'autres armes, et les jours suivants, le rejeton retourne à l'école :
- contre les renvois intempestifs de lait, le petit-déjeûner devient solide... Grand succès, le rejeton est désormais manipulable sans crainte de débordement.
- contre la culpabilisation de la mère, on envoie le père ou la nounou déposer la bombe psychologique.
- pour introduire de la diversité, le trajet se fait en bus et le retour en taxi dont on peut essayer à l'avance de deviner la couleur...

Les jours désormais se suivent et se ressemblent : le rejeton, conscient de sa position de force déclinante, tente bien quelques approches lacrymales mais il n'y croit plus... Il rentre en pleurant mais ne se retourne même pas, filant directement déposer son cartable dans sa classe. De retour de l'école, il revient triomphant avec de petits dessins faits sur les mains ou les pieds par son nouvel amour (jalousie, sors de mon coeur) Teacher S. Quand on envisage le lendemain et le retour dans les murs de l'enceinte éducative, son visage s'éclaire en pensant qu'il va revoir "Lao She", la prof de chinois jolie comme un coeur... ça y est, on est sur la bonne voie, 2 mois de passés, plus que 18 ans d'école!

lundi 14 novembre 2011

Tai tai

Tai-tai : à l'origine, la tai tai était l'épouse qui avait le statut le plus élevé dans les mariages polygames des Chinois. Désormais, cela fait référence à une femme mariée, ne travaillant pas, disposant de beaucoup de temps libre et de revenus conséquents grâce à un époux au portefeuille bien garni.
La tai-tai est libre de son temps car elle n'est pas embarassée par plein d'enfants en bas-âge ou scolarisés qui la contraindraient à des horaires fixes de réveil, de bus scolaire ou de devoirs. Elle a de toute façon une helper qui s'occupe efficacement de museler toute velléité d'interférence avec l'emploi du temps loisir de la tai-tai que ce soit en terme de ménage, de nains ou de cuisine.
La tai-tai ne fait pas son âge, elle n'a pas de cheveux blancs ou les cache admirablement sous une colotation hors de prix. Son grain de peau est parfait, sublimé par un maquillage efficace qui ne coule pas car visiblement elle n'a pas de glandes sudoripares.
La tai-tai prend soin de son corps avec un personnal coach dans l'intimité d'une salle de sport, voire même de son appartement. Elle ne se compromet pas dans des activités où l'effort physique ne la ferait pas apparaître à son avantage. Elle ne ressemble jamais à un phoque essouflé pendant une leçon de natation ou à une loque asthmatique dégoulinante pendant un footing.
La tai-tai n'a jamais chaud car elle n'évolue qu'en milieu climatisé. Elle a toujours une petite étole en soie assortie à ses vêtements ou un pashmina d'une douceur incomparable acheté au fin fond de l'Inde et pas dans Arab Street à 10 SGD.
La tai-tai a d'énormes bagues qui brillent qu'elle change régulièrement pour décorer ses jolies mains parfaitement manucurées. Son alliance est en diamants, ce n'est pas un simple anneau qu'il faudrait urgemment polir pour lui redonner le brillant des premières années.
La tai-tai a au moins une voiture dans son garage. Elle ne se sert de ses jambes que pour prendre l'escalator et n'imagine même pas que l'on puisse courir avec pour attraper un bus, tout climatisé fut-il.
La tai-tai ne connaît du shopping que Takashima et Orchard Road (mais pas plus loin que le 313 Somerset). Elle a plein de cartes de crédit dans son portefeuille *uitton mais ne sait même pas à quoi ressemble la carte de fidélité au NTUC Fair Price ou que l'on colle des stickers pour avoir des cadeaux gratuits au Cold Storage.
La tai-tai prend toujours un petit-déjeûner très léger exclusivement composé de thé. Elle se nourrit d'un rien mais va prendre son lunch avec plein de tai-tai amies (elle en a beaucoup et son *-phone est toujours fully booked pour au moins 15 jours) dans un restaurant dans lequel les nappes ne sont pas en plastique. La tai-tai d'ailleurs n'a jamais de restes dans son frigo qu'elle pourrait manger dans la solitude devant le clavier de son ordinateur, voire partager avec un rejeton pas encore encaserné à l'école.
La tai-tai est une femme indépendante et elle n'hésite pas à abandonner enfants et/ou mari pour découvrir, au péril de la carte bancaire, les nouveaux centres commerciaux de Hong-Kong ou de Shanghai. Oui, la tai-tai part régulièrement à l'étranger pour souffler un peu car tant d'activités l'épuisent.

Toute similitude avec des personnes réelles ou bien ayant existé ne peut être que fortuite ou involontaire... Et vous, quelle tai-tai êtes-vous ? 

jeudi 10 novembre 2011

Triste disparition

C'est un endroit à part, un endroit qui, je crois, est celui que je préfère à Singapour. C'est tout l'inverse de cette ville agitée, juste une bulle de verdure et de sérénité. On y croise des singes et des passants. Une petite route goudronnée ombragée par des arbres certainement centenaires ondule autour de la colline. Les oiseaux se font entendre par de longs cris flûtés et le bruit des petites cigales est omniprésent, juste atténué lorsque l'on s'aventure un peu trop près d'elles. Lorsque le vent se lève, les frondaisons des arbres se mettent à chanter, masquant le léger vrombissement des routes alentours. Entre les herbes folles et les arbustes, preuves séculaires du repos des ancêtres, des milliers de tombes chinoises essaient de résister à la nature envahissante. Les lions ou les guerriers qui défendent les stèles attendent malheureusement leur dernière heure, eux qui croyaient pouvoir prétendre au repos éternel. Le cimetière de Bukit Brown (86 ha) existe depuis 1880 et a assuré sa fonction jusqu'en 1973. Cent mille personnes y seraient enterrées. Le nord du cimetière (24 ha) va bientôt être dévasté par une route, "nécessaire" au désengorgement de la 4-voies toute proche. En complément, quelques immeubles résidentiels pourraient bien pousser en plus dans les 10-15 ans qui suivent. Pour gagner quelques hectares, c'est tout un patrimoine naturel et historique qui est sacrifié sur l'autel du développement économique. Dans ce cimetière sont enterrés des pionniers de l'ère coloniale de Singapour, tel Tan Tock Seng, marchand et philantrope du 19e siècle qui a contribué à la construction de l'hôpital public qui porte aujourd'hui son nom. On y trouve Chew Boon Lay, businessman avisé qui s'est enrichi par la culture du gambier puis par celle des arbres à caoutchouc (une zone industrielle et une station de métro sont nommées d'après lui). Et un descendant de Confucius, et, et... et tant d'autres qui ont marqué l'histoire de la communauté chinoise. Les travaux vont commencer dès 2013 et avant la fin de l'année, 5 à 6000 tombes devraient être déplacées ou exhumées. Leur devenir ? Mystère. Seule nouvelle positive (on ne saurait la qualifier de bonne), les tombes affectées seront dûment répertoriées et documentées. La machine est en marche, il ne nous restera bientôt que les yeux pour pleurer. Précipitez-vous là-bas pour garder quelques souvenirs du passé.

PS : l'API (Asia Paranormal Investigations : oui, je sais, la scientifique que je suis peut être sceptique sur certaines de leurs théories mais ils oeuvrent pour la sauvegarde de leur patrimoine et c'est déjà bien  !) a identifié les tombes marquantes et publié une carte pour les retrouver dans le cimetière. Elles sont signalées par des petits panneaux artisanaux.

dimanche 6 novembre 2011

D'la loose, j'vous dis

Le mâle : Tu as vérifié l'horaire du bateau ?
Moi : Oui, 11h parce que 9h un dimanche matin, c'est juste pas possible !
Le mâle : Et on fait comment pour manger sur place ?
Moi : Euh... Attends, je vérifie... Ah, ben non, il faut apporter son pique-nique (1ère étape de la loose).
Le mâle : On a des trucs au frigo ?
Moi  : On n'a pas de pain de mie, pas de jambon. (Sur un ton optimiste) il suffit de passer faire des courses avant de partir !
Le mâle (sceptique) : il est déjà 9h. Les enfants sont en pyjama et j'ai pas pris ma douche. Va falloir speeder !
Moi  : Je vais appeler le bâteau pour voir s'il est nécessaire de réserver ou s'il est plein.
 [Appel à la compagnie]
Le mâle finissant son café : Alors ?
Moi  : La bonne nouvelle, c'est qu'il ne faut pas réserver, la mauvaise c'est qu'il faut y être 30 min avant (2ème étape de la loose, il est 9h15, pas de pique-nique, enfants en pyjama, monsieur pas habillé, je vous le rappelle).
Le mâle de bonne volonté : OK, j'habille le petit et je saute dans la douche.
Moi  : Moi, je vais préparer les affaires et la glacière pour transporter le pique-nique.
Le mâle récuré : Allez, on y va, on y va !!! (le ton n'est pas jovial, il est 10h12).
[petit passage au Cold Storage où je tombe sur le coupeur le plus lent du monde de tranches de jambon. Dans mon immense mansuétude dominicale, je ne lui fais même pas recommencer ses tranches qui relèvent davantage du steack que de la chiffonnade].
Moi  rangeant les achats dans la glacière : Ah ?! J'ai oublié de prendre les "ice-packs" pour conserver jambon et fromage !!! (3ème étape de la loose, il est 10h36).
Le mâle condescendant : Cela ne servait donc à rien de prendre la glacière...
Moi  , résolument positive : Certes... On mangera tôt alors ! Hein les enfants, vous avez faim bientôt, non ?
[Le mâle conduit le bolide et nous arrivons à bon port, il est 10h44)
Le mâle : On se gare où ?
Moi  : Ben, là !
Le mâle qui s'agace : Le parking à gauche est plein (4ème étape de la loose).
Moi  : On va aller voir à droite.
Le mâle tendu : Il est plein aussi mais on va essayer quand même (il est 10h49)... Bon ça marche pas, on peut pas se garer ! On laisse tomber ! (5ème étape de la loose).
Moi  : On avait promis de la plage, on va pique-niquer ailleurs, c'est pas grave !
Le mâle : Du côté de Changi Beach ?
Moi  : Bonne idée !
Le mâle quelques instants plus tard : Ah m..., j'ai pris l'AYE dans le mauvais sens (6ème étape de la loose).
Moi , sans me marrer sur le sens de l'orientation du mâle : On va à Sentosa alors ?
Le mâle pas emballé : Ouais, on pique-nique sur la plage et on rentre.
[Le mâle, pas confiant, branche le GPS alors que la carte est déjà ouverte sur mes genoux. Evidemment, il se trompe avant de trouver la plage... Je ne me marre même pas ! Le mâle mène le bolide à bon port (bis) grâce à MES explications. Je fais tout de même remarquer mon remarquable sens de l'orientation].
Le mâle : On prend le plaid pour poser sur le sable ?
Moi : Non, pas la peine, j'ai des serviettes...
[Recherche sur la plage du spot idéal].
Moi : Ahh, tous les shelters sont pris ! (7ème étape de la loose).
 Le mâle : Ahh, mais le sable est tout mouillé (8ème étape de la loose).
Moi : il faut que tu retournes chercher le plaid !!!

Sur ce, le mâle ne s'est même pas énervé, il est reparti chercher le plaid dans la voiture. J'ai trouvé un cocotier ascétique pour nous protéger du soleil qui a le bon goût de rester caché derrière les nuages pour nous éviter de cramer. Au bout de 10 min, eu égard à l'absence de "ice-packs" et à mon estomac qui criait famine, on a attaqué le jambon tiède et les chips. Ayant eu la prévoyance d'emmener mon livre, j'ai bouquiné, au sec, sur le sus-nommé plaid alors que les enfants trempaient dans l'eau salée sur fond de porte-containers et sous l'oeil avisé du mâle... Et au final ??? ... C'était une bonne journée !!!

mercredi 2 novembre 2011

Hong Kong

Ce n'était pas forcément gagné d'avance. Nous nous étions dits : "pourquoi pas ?" Juste une impulsion, une envie d'aller là où un ami habitait sans vraiment savoir ce qui nous attendait dans cette toute petite partie d'Asie. Direction donc Hong Kong, une des portes d'entrée pour la Chine, quelques îles anciennement britanniques au statut particulier de région administrative, chinoise sans l'être pour autant tout à fait. Les Français n'ont même pas besoin de visa pour y entrer pour une courte durée en tant que touriste ; pas comme en Chine continentale pour laquelle il faut montrer patte blanche pour obtenir un droit d'entrée, relevés bancaires et attestation d'assurance-rapatriement à l'appui. A Hong Kong, c'est plus simple. Pas de formalités, juste la difficulté toute relative de trouver un hôtel qui ne soit pas hors de prix car l'espace est encore plus rare qu'à Singapour et se monnaye cher ! Le réseau de transport en commun est très développé, il ya des taxis partout et, pas vraiment de barrière de la langue, car les gens se débrouillent suffisamment en anglais. Heureusement pour nous car mon peu de mandarin ne risquait pas de nous servir à grand-chose dans une zone dans laquelle on parle le cantonais, un dialecte assez différent de la langue officielle.
Première impression : Hong Kong est une île hérissée de buildings, ça pointe de partout, un vrai porc-épic de béton, de verre et d'acier. Partout, des gens, encore des gens, des trottoirs bondés, des passages piétons qui se recouvrent au signal vert d'une marée humaine. Dans les rues, les panneaux des magasins envahissent les façades et l'espace au-dessus des voitures, l'oeil ne se repose jamais sur rien, toujours en mouvement, comme la trépidante activité qui se dégage de la ville.
Deuxième impression : de magnifiques gratte-ciels ornent le coeur névralgique de la city, réminiscence pour nous du CBD de Singapour et symbole de la réussite financière et commerciale de HK. Pourtant, juste quelques rues plus loin, des façades décrépites montrent la noirceur de leurs fenêtres et la misère de climatiseurs hors d'âge, les enseignes des boutiques sont rouillées et du linge tente péniblement de sécher en échappant à la pollution ambiante. Dans un square aux arbres étiolés, coincé entre 4 immeubles tristes, vieux et jeunes tentent de prendre une bouffée de chlorophylle. Des étals et des échoppes minuscules se partagent l'espace commercial, bien loin des malls de luxe.
Troisième impression : à quelques kilomètres ou quelques encablures de bateau, le paysage change : la nature reprend le dessus, grimpe à l'assaut des collines ou petites montagnes. Un faux air de Méditerranée, la mer omniprésente, la côte découpée comme un timbre poste, l'odeur du poisson séché dans les ruelles, le bruit des tuiles de mahjong derrière les portes entrouvertes des bicoques des pêcheurs...Un autre monde.