Jusqu'à présent je n'ai que peu pratiqué le shopping qui est, dit-on, le sport national de Singapour, l'autre étant la bouffe bien que les deux soient un peu antinomiques, fried rice et taille 36 ne faisant pas vraiment bon ménage. A peine avais-je traîné dans les malls d'Orchard pour trouver le minimum vital indispensable à ma nouvelle vie urbaine équatoriale, à savoir :
- une paire de tongs confortables car ici 1) il fait chaud, 2) on se déchausse sans arrêt que ce soit dans les temples, dans les maisons ou les appartements, dans les cabines d'essayage etc.
- un parapluie pour essayer de protéger les dites-tongs quand il pleut (mais en général mieux vaut les enlever puisque de toute façon vous êtes mouillée au moins jusqu'aux genoux),
- du mascara water-proof pour essayer d'éviter les panda-eyes post-transpiration, post-piscine ou post-averse.
Depuis quasi-rien...
Cette après-midi, profitant de la présence du père et d'enfants fatigués
supposés tous se reposer, j'ai discrètement pris mon sac et ma carte EZ-link (mon sésame personnel pour me déplacer en bus et en métro) pour me rendre à Takashimaya, le Printemps local.
Mais attention, rien que de l'utile... Je ne suis évidemment pas du genre à acheter des trucs qui ne servent à rien, des vêtements que je ne mettrai jamais ou des escarpins qui font mal aux pieds. J'avais donc un programme d'achat très précis :
- un maillot de bain, les miens commençant à donner des signes de faiblesse. Les pauvres, ils ne sont pas habitués à être plus utilisés en 15 jours à Singapour qu'en 2 ans en France;
-une paire de nu-pieds avec un cahier des charges simplissime et tout à fait irréalisable : des chaussures jolies, confortables, qui vont avec tout et pas trop chères...
Mais là, au rayon "Shoes" de Takashimaya, impossible d'échapper à la dure réalité du fossé culturel entre Paris et Singapour ! La chaussure rutile de faux diamants, étincelle de strass, luit de vernis, frétille de franges, rugit sous l'imprimé léopard, porte de la moumoute rose ou blanche, voire même une mini-tête de vison en fourrure avec yeux en strass. En plus de ces discrets attributs, le soulier peut être doré, argenté, rose fuschia, vert sapin ou bleu turquoise. N'oublions pas les éventuels pompons, fleurs en cuirs ou perles qui peuvent se surajouter à tout le reste. Le confort n'étant visiblement pas l'objectif recherché, tout cela se décline en général en hyper-plat, en talons de 10 cm, éventuellement compensés et/ou en mules.
Si le spectacle était fort intéressant sur le plan esthétique, je suis néanmoins repartie sans ma paire de chaussures idéale que j'irai rechercher dans quelque temps, quand, suffisamment acclimatée, je trouverai que, sans diamant, une tong ne vaut pas la peine d'être portée.
Bon je n'ai quand même pas perdu mon après-midi . Au final, j'ai trouvé, non sans peine, un maillot de bain, inévitablement rembourré, qui a passé l'épreuve de la cabine d'essayage à l'éclairage qui fait ressortir, conte toute attente commerciale, cellulite et teint de lavabo. Et puis, pour faire la jolie dans les soirées à l'arrêt de bus, je n'ai pu résister à l'appel d'une une petite robe (presque donnée) chez Uniqlo. Enfin, merveille de la mondialisation, j'ai même trouvé un magasin Aesop qui me permettra de fournir à ma blanche peau toutes les crèmes hydratantes et anti-rides dont elle a besoin.
Et puis, comme je sens que ça vous inquiète, après mes pérégrinations de shoppeuse amatrice, la carte bleue se porte bien et j'ai même pu annoncer le prix du maillot de bain sans que Fred s'étrangle....
Takashimaya S.C., Ngee Ann City, 391 Orchard Road.Aesop, Ngee Ann City, # B1-50.