lundi 29 novembre 2010

Un samedi matin

Dans ma résidence, un samedi comme tous les autres, la journée commence par les chants flûtés des oiseaux au dessus de l'oeil impassible de la piscine. Aucune ride n'en altère l'iris et seul l'azur du ciel y a droit de cité aux premières heures du matin. Peu à peu, la vie s'empare de cet espace si paisible. D'abord, ce sont quelques aunties qui entretiennent leur forme avec des mouvements de tai-chi. Doux, amples et hypnotiques, leurs gestes sont une invitation à la relaxation. Puis ce sont les bébés, premiers levés, accompagnés d'un papa ou d'une maid qui investissent le playground et sa balançoire, encore à l'ombre. Le soleil commence à faire scintiller la surface de la piscine et celle-ci devient alors bassin d'entraînement pour nageurs courageux et espace ludique pour les enfants en combinaison anti-UV qui arrivent les bras chargés de bouées et de jouets insubmersibles. Les joggers, entourés de la muraille musicale de leur iPod, gravissent les marches vers la salle de gym et ses tapis de course alors que les plus courageux attaquent le bitume de la route, à la recherche qui de la performance, qui de l'ombre des bas-côtés. Côté eau, l'activité s'intensifie : les vaguelettes issues des efforts conjoints de propulsion aquatique agitent la piscine au bord de laquelle les parents s'installent sous les parasols pour suivre la leçon de natation de leurs rejetons. Les aunties, allongées sur les transats, se remettent quant à elles de leur intense activité physique à coup de dumplings et de café.
Tranche de vie dans mon condo... Il est 9h, je quitte ma fenêtre, ma journée commence... Piscine, playground, farniente ou footing ?

mercredi 24 novembre 2010

Roulez jeunesse !

Ca y est ! J'ai officiellement le droit de conduire à Singapour car j'ai passé et surtout réussi hier mon "Basic Theory Test", sésame indispensable à l'obtention du permis singapourien. Cependant, à voir comment les Singapouriens manoeuvrent leur véhicule au mépris des règles les plus élémentaires de sécurité (sans parler de celles de la courtoisie), je pense néanmoins qu'un certain nombre d'entre eux n'a même pas dû lire le manuel.
Bref, pour les étrangers comme nous, passé un an de séjour, notre permis international ne vaut plus rien et il faut repasser un examen théorique qui nous a rappelé nos jeunes années, les tests dispensés par l'auto-école et les questions tendancieuses. Aujourd'hui évidemment, la technologie a pris le dessus et le QCM aléatoire sur ordinateur à écran tactile a remplacé le feuillet à perforer. Cependant, l'habituelle efficacité singapourienne a montré ses limites dans l'étape suivante qui consiste en la délivrance, dans la foulée du test, d'un permis provisoire. Deux heures de patience pour un pauvre bout de papier arraché (salement) d'une feuille A4 et la promesse d'un envoi du permis définitif sous 30 jours... Fred ayant pris spécialement une journée de congé pour ce fameux permis, nous avons tenu bon sur nos chaises en plastique et maîtrisé notre mauvaise humeur, la ravalant au rang de grommellements intérieurs rageurs tout au long de notre attente. Nous avons enduré l'odeur d'ail qu'exsudait par tous les pores mon voisin chinois, à peine froncé un sourcil mécontent quand les préposées ont pris tranquillement leur pause déjeûner et même pas hurlé quand, enfin parvenus au Graal du comptoir, l'une des employées a fait mine de ne pas comprendre que le permis international était un document officiel traduisant notre permis français. Notre stoïcisme a payé et maintenant : "Can drive lah !"

lundi 22 novembre 2010

Danse indienne

Après plusieurs mois de désert culturel, j'ai enfin franchi le seuil d'une salle de spectacle , en l'occurence, le "Esplanade Theatres on The Bay", le fameux bâtiment dont le toit ressemble à un durian. L'affiche était tentante, les photos alléchantes et le programme prometteur. Celui-ci vantait les mérites d'un show conjuguant danse traditionnelle indienne et contemporaine pour une interprétation moderne du conte traditionnel Ramayana au travers de 3 personnages féminins clés. La danseuse-chorégraphe-créatrice du projet entendait ainsi donner, par une approche centrée sur les femmes et non sur les hommes, une vision radicalement nouvelle de ce conte analysant, dans un parallèle audacieux entre tradition et modernité, les relations homme-femme et le poids de la société sur le sexe dit faible.
Dans la petite salle, la communauté indienne avait largement investi les rangées de sièges inconfortables et, certainement seules expatriées caucasiennes de l'auditoire, nous faisions pâle figure dans nos habits européens face aux paillettes des saris. Singapour oblige, le spectacle a commencé à 20h pétantes, comme annoncé sur le programme. Musique traditionnelle et chants joués par des musiciens présents sur scène accompagnaient la danseuse. Malheureusement et pour être tout à fait honnête, mon enthousiasme de spectatrice novice de danse indienne m'a rapidement abandonnée. Au bout de 45 min, je n'ai rapidement plus eu aucune pitié pour la scénogaphie indigente qui consistait, entre deux performances chorégraphiques (ou ce qui en tenait lieu) à projeter de façon répétitive de pauvres images crayonnées accompagnées de voix off dont celle d'un enfant au rôle convenu de Candide. La danse, initialement constituée de mouvements gracieux et sonores, s'est rapidement tranformée en un mélange (très) approximatif de mime et de roulements d'yeux, censé représenter les différentes séquences du conte ! Initialement prévu pour durer 1h15, nous avons eu la malchance de profiter du spectacle pendant 2h... Au moment du salut final, les applaudissements ont retenti de façon modérée, signe tangible que nous n'étions visiblement pas les seules à émettre des signaux de retenue quant à la qualité du show.
Au final, le bilan mitigé de la soirée fut le suivant :
- une meilleure connaissance du conte Ramayana,
- un postérieur endolori par des sièges à l'assise effroyablement dure,
- une très forte frustration quand je me suis aperçue que je devrai me passer d'une glace réconfortante, la boutique étant fermée eu égard à l'heure tardive de fin du spectacle !

jeudi 18 novembre 2010

Hari Raja Haji

Après les Chinois et les Indiens, au tour des Musulmans de faire profiter la communauté d'un jour férié : Hari Raya Haji !
Prêt à sacrifier son fils pour lui prouver sa foi, Abraham fut arrêté dans son geste par l’intervention divine et l’enfant remplacé par un mouton, animal désormais traditionnellement égorgé à cette occasion. Hari Raya Haji commémore donc l’acte de soumission du prophète Abraham à Dieu. Cette fête est également la célébration du pèlerinage à la Mecque, le hajj, que tout musulman qui en a les moyens doit effectuer au moins une fois dans sa vie. C’est devant les principales mosquées de Singapour que se déroulent les sacrifices de moutons et d’agneaux offerts par les familles les plus aisées. La viande est ensuite distribuée aux membres nécessiteux de la communauté.

En ce qui nous concerne, le spectacle de l'égorgement des moutons ne nous ayant pas vraiment tentés et la pluie nous ayant freinés dans toute autre tentative de sortie, nous nous repliés sur les jeux et un gâteau à l'heure du goûter... A 25 degrés près, un vrai dimanche de novembre !!!

lundi 15 novembre 2010

Natation

Une horde de lutins blancs a envahi ce samedi notre piscine. Huit petits Chinois sont arrivés au bord du bassin vêtus de pyjamas, maillots de bain en dessous et lunettes vissées sur le sommet du crâne. Les parents les accompagnaient, appareil photo en main à la recherche du meilleur lieu pour profiter du spectacle. Au milieu de cette subtile variation sur le thème du pyjama blanc à motifs, le coach affichait un air martial, lunettes noires sur le nez et portable vissé à l'oreille. Visiblement, il s'agissait d'une leçon de natation mais, et, ce depuis quelques mois, une question me turlupinait : pourquoi le pyjama ?
Peur d'avoir froid ? Pudeur extrême ? Protection solaire ? Nouvelle méthode de lavage de linge sale ? Team spirit ?... Mes interrogations ne m'avaient pas permis d'élucider le mystère vestimentaire aquatique. Finalement, Eloi ayant charmé une maman photographe, j'ai eu le fin mot de l'histoire. Il ne s'agissait pas de la dernière mode chinoise balnéaire mais d'un très sérieux examen, le NASSA ou National Survival Swimming Award ! Et là, quand les gamins ont attaqué le test, preuve fut faite qu'on ne rigole pas avec les tests à Singapour. Le coach aboyait des ordres que les petits nageurs s'appliquaient à suivre d'abord concentrés, puis, au fur et à mesure du déroulement, de plus en plus épuisés. Et le pyjama, me demanderez-vous ? Eh bien, il fallait savoir nager avec, le retirer dans l'eau et surtout en faire, grâce à l'air insufflé dans le pantalon convenablement noué, une sorte de coussin flottant !!!! Loin d'être facile visiblement mais tous les élèves y sont parvenus, manifestement heureux de pouvoir se reposer quelques secondes sur leur boudin de sauvetage "hand-made" !

Je ne sais si tous les enfants ont passé haut la main leur examen mais en tout cas, les parents avaient, eux, d'ores et déjà gagné la tranquillité pour leur soirée, assurés de coucher sans encombre leurs rejetons fatigués.

mercredi 10 novembre 2010

Tip, tap, top

Si la modernité d'une ville pouvait se mesurer de façon objective, l'un des indicateurs pourrait être le nombre de cartes de paiement possédées par chaque habitant. Au delà du cordon ombilical qui relie chaque individu à la société de consommation, elles permettent une automatisation de certaines fonctions du quotidien plus ou moins essentielles et, sous réserve d'accepter la perte de liberté individuelle qu'elles impliquent, elles sont très pratiques.
Quelques tips sur les cartes qui occupent désormais (avec quelques petites autres choses) mon sac à main singapourien :
- une carte de crédit : classique mais attention, il s'agit bien d'une carte de crédit ! Il ne faut donc pas oublier de payer la note à la banque en fin de mois et ne pas tirer de liquide avec sous peine d'avoir une grosse commission qui s'ajoute au retrait. Et pour tirer des sous, comment fait-on alors ? Et bien, on se sert de la suivante :
- la NETS CashCard : ce serait un peu l'équivalent de notre très inefficace "Moneo". On l'utilise pour retirer du cash, pour payer pratiquement tous ses achats et son débit est immédiat. Va savoir pourquoi, elle n'est souvent pas acceptée dans les restaurants.
- la CashCard : à ne pas confondre avec la précédente, elle ne sert à payer que l'autoroute ou les parkings. Elle est censée être à demeure dans la voiture et gentiment insérée dans la IU (In-vehicle Unit). L'expérience étant le meilleur moyen d'apprentissage, je peux vous dire que depuis mon amende pour non-paiement de l'autoroute, je ne l'oublie plus !
- la EZ-link : c'est ma meilleure amie, celle qui m'ouvre les portes des bus, des métros et même de certains taxis. Elle paie mes trajets au km parcouru et pas selon un forfait comme mon ex-copine, la carte orange parisienne. On s'applique à faire soigneusement, comme le rappellent les affiches dans les bus, "tap in" et "tap out" sur le détecteur sous peine de payer le parcours entier ou de se faire réprimander par un éventuel contrôleur.
Les deux dernières cartes doivent être créditées et comme tout est affaire d'équipe, la NETS CashCard devient alors votre alliée pour tranquillement procéder au "top up" via les distributeurs automatiques répondant ici au doux nom d'ATM (Automatic Teller Machine).

Si l'on a peur des excédents de bagage dans son portefeuille, tout cela peut être intégré dans la seule carte de crédit ! Efficace non ?... Bon, évidemment, si on la perd...

lundi 8 novembre 2010

Sur la plage abandonnée, ....

Nous continuons sans relâche à enrichir notre culture et après les fructueuses expériences scientifiques de Krabi, nous avons, sans hésitation et, il faut bien le dire, pour occuper les enfants un dimanche, attaqué Singapour sous l'angle historique. Direction, poussette dans une main, gourde dans l'autre et appareil photo dans la dermière, le Labrador Nature Reserve pour un retour sur le passé de port et de base navale de l'île.
Située à l'extrême Sud de la cité, cette (petite) réserve naturelle se situe à l'entrée de ce qui fut au 19e siecle le port principal, Keppel Harbour. Il est difficile d'imaginer que cette zone, agréablement aérée par les vents marins, était prisée pendant la période coloniale pour sa plage et ses pavillons privés. Aujourd'hui, le spectacle n'est plus dans les élégantes à ombrelles mais dans les porte-containers qui croisent à quelques encablures d'un rivage toujours aussi curieusement dépourvu de l'odeur iodée que je croyais associée à toute mer ou océan digne de ce nom. La vocation balnéaire de ce qui s'appelait "Long Beach" fut mise à mal à la fin des années 1930 quand les Britanniques en firent un endroit stratégique pour la défense de Singapour avec canons, réserves de munitions et tunnels secrets. Autant d'aubaines récréatives pour des enfants en goguette 80 ans après, mais, en 1942, cette stratégie se révéla être un fiasco complet. Singapour fut prise en une semaine par les Japonais qui l'attaquèrent par le Nord (et non par le Sud comme escompté) puis l'occupèrent pendant 3 ans, période sombre et douloureuse dans l'histoire de la cité. Pour les Britanniques et Churchill, ce fut un cuisant échec et une humiliation militaire sans précédent.
Le feu des BBQ pits a désormais, heureusement, remplacé celui des canons et les seules batailles que l'on y livre sont celles contre les moustiques. Là encore, l'Histoire n'étant qu'une vaste répétition, les voraces bestioles indigènes ont remporté, haut leurs 6 pattes, le combat sur l'Européenne visiblement très appétente que je suis.

samedi 6 novembre 2010

Dipawali

Un roi démoniaque appelé Narakusara maltraitait les cieux et la terre. Les dieux demandèrent à Vishnu, le protecteur de l’Univers de les délivrer de ce tyran. C’est sous la forme de son avatar Krishna monté sur l’aigle Garuda qu’il lutta contre le terrible Narakusara et finit par le tuer. A son retour, en pleine nuit, le peuple célébra sa victoire en illuminant le chemin par des lampes. Preuve fut ainsi faite que la force du Dieu est plus forte que celle du Mal, que la lumière l’emporte sur l’obscurité. Deepavali signifie rangée de lumières et, à cette occasion, les rues de Little India sont illuminées et accessoirement totalement bondées. La musique bollywoodienne vrille les tympans et comme toujours les saris rivalisent de scintillements que ce soit dans les temples ou dans le night bazar de Serangoon Road.
Après Dipawali (ou Diwali selon certains), ce sera enfin le calme plat jusqu'à Noël... Un peu de foie gras pour remplacer le curry ?

mardi 2 novembre 2010

Multilinguisme à Krabi


Des plages de sable blanc, de l'eau turquoise, de la mangrove et des îles désertes... Vous pensez bien qu'on s'est pas gênés pour aller vérifier si Krabi tenait ses promesses face à Phuket dont la cote de popularité est en baisse. Ne croyez cependant pas qu'on y est allés dans un unique but récréatif. Nous avons suivi sur place un programme scientifique de haut niveau :
- géologie : observation des karsts à tourelle immergés disséminés dans la baie d'Ao Phang Nga (pitons calcaires issus des restes fossilisés de coquillages et de récifs coralliens).
- botanique : analyse comparative des racines pneumatophores des arbres du genre Rhizophora des mangroves présentes en eau douce, salée et saumâtre.

- zoologie : recensement de diverses espèces d'Ostéichtyens (au sens classique bien entendu) (les célèbres Scaridae, Zebrasoma flavescens ou bien encore le fameux Zanclus cornutus). Nous avons même eu la chance d'apercevoir, cherry on the cake, l'effrayant et mortel Laticauda colubrina.
- entomologie : étude du régime alimentaire des Aedes et autres diptères de type piqueur-suceur résultant de la modification de la biocénose par intrusion d'individus caucasiens.
- chimie : expérimentation in situ de la solubilité du lait du fruit du Cocos nucifera dans une boisson issue de la fermentation de Saccharum officinarum.

Heureusement, nous avons tout de même profité de nos quelques instants de loisir pour prendre des long-boats, faire du snorkeling, du kayaking et du beach-walking... Des chouettes vacances qui ont un goût de not enough et sont une promesse de futur come-back.

สวัสดีค่ะ /sawatdii kha (au revoir, bien sûr!)

PS : on était logés (très chaleureusement) au resort
Le Passe-Temps.