Une fois le sol français atteint, la question du séjour, au sens littéral de "habiter transitoirement un lieu", se pose car les expatriés se divisent en 2 catégories lorsqu'ils rentrent en "vacances" : ceux qui ont un "chez-eux", appartement parisien ou maison provinciale, et ceux qui papillonnent de familles en amis en passant de-ci delà par une maison de location. Les sans-logis estivaux vivent dans un monde de valises et d'apéro. Ils sillonnent la France et s'enfilent des kilomètres d'autoroute au volant de leur voiture TT ou remplissent les caisses de la SNCF grâce à leurs trajets en TGV. Ils font et défont des valises qui, au fil des semaines, commencent à ressembler à des vaches ayant abusé de luzerne, les soldes, les tablettes de chocolat, la biafine et les cahiers très grand-format (oui, les 24x32' grands carreaux, ceux-là mêmes sur la liste des fournitures scolaires) faisant craindre, au jour du jugement dernier de l'ultime check-in une nette surcharge pondérale et les foudres financières de la compagnie aérienne choisie. Accueillis avec gentillesse dans des logis particulièrement attentionnés à leur égard, les expats suivent les lois de la maison, son rythme et ses habitudes, rêvant parfois d'un pique-nique impromptu, d'une petite salade au lieu du repas sophistiqué, d'une bonne séance de potato-couch ou tout simplement d'être, de façon totalement iraisonnée, asocial pour un moment. Ils regardent avec envie les expats ayant une résidence propre et qui peuvent envisager de passer leur villégiature selon leur propre mode de vie. Pour autant, tout n'est pas rose au pays des heureux expats sédentarisés qui, eux aussi, ont une vie sociale et celle-ci , contrairement à celle des sans-logis contrainte à leurs différents lieux d'hébergement, vient à eux. Tout à fait dans la lignée de la famille Ricorée, la maison se remplit de copains adolescents et d'amis adultes, le pastis coule à flots et les chips sont en free-flow. Tout ce petit monde est certes très sympathique mais mais il faut le recevoir et le nourrir avec ses corollaires, ménage, cuisine et courses (et ce n'est pas Orchard Rd mais plutôt le rayon saucisses de Carrefour). En complément, n'étant là que quelques semaines par an, c'est le moment pour l'expat' sédentaire de faire les petits travaux, depuis le ponçage du parquet en passant par la peinture des volets, sans oublier la fuite des toilettes la veille du départ (ou si vous êtes particulièrement chanceux, un bouchage de fosse septique)... Bref aucune solution idéale, itinérance (itin-errance?) ou propriété, 2 alternatives bien évidemment imparfaites et comme de toute façon, la vérité agricole se vérifie toujours, l'herbe sera toujours plus verte dans le champ du voisin. En conséquence, revenir à Singapour, après la parenthèse estivale et la mélancolie toujours renouvelée de quitter ses proches, c'est bien revenir à la maison, une maison qui n'est pas juste un interlude dans notre vie mais bien le foyer familial et un petit espace de liberté personnelle.
jeudi 19 juillet 2012
jeudi 5 juillet 2012
Exode - Part 2 - le vol
Une fois dans l'avion, la grande question est : vais-je pouvoir dormir ? Ne l'oubliez-pas, arrivés dans l'hexagone, le marathon apéros rosé-saucisson /tournée des copains et de la famille va commencer et il va être difficile de vous avachir sur le canapé vers 20h15, totalement jet-laggé, telle une pauvre loque dérécébrée. Vous allez devoir vous expliquer sur votre vie si exotique (et c'est bien compréhensible) qui, pour vous, ne l'est plus toujours autant... Aller au FairPrice n'est guère plus excitant qu'Auchan, l'odeur de durian et les tongs en plus...Pour être disert et intéressant le moment venu, il faut donc se reposer dans l'avion or plusieurs facteurs peuvent venir contrecarrer cette option :
1) vous êtes équipés d'enfants en bas-âge et ces derniers ont une tendance fâcheuse à pleurer la nuit/ à s'ennuyer de façon atroce et bruyante / à vouloir regarder le film à 3.30 am / à s'endormir quand il faut manger et donc d'être réveillés par la faim. A cette option 1, s'ajoute la 1bis) vos propres enfants sont grands et autonomes mais malheureusement, pas ceux de la rangée de derrière... Vous bénéficiez donc des mêmes avantages que l'option 1) à laquelle se rajoute la possibilité des coups de pieds intermittents dans votre siège.
2) le siège n'est pas très confortable et vos enfants n'ont cesse de vous enjamber pour aller aux toilettes.
3) votre voisin a ramené le mycoplasme et tousse comme un perdu. Non content de ne pouvoir vous reposer, vous repartez en ayant adopté un nouveau compagnon, votre propre virus ou bactérie, soigneusement chouchouté par 11h de clim' en circuit fermé.
4) vous parvenez à vous endormir... 5 min... Bien entendu l'heure du snack/dîner/déjeuner/breakfast vient de retentir et la valse des chariots assortie de petits coups dans tous les membres qui dépassent dans l'allée sonne le glas de votre sommeil réparateur...
Force est de contaster que malgré tous vos efforts pour assommer vos enfants/ceux de votre voisin/votre voisin/l'hôtesse dormir, vous arriverez fatigués, il ne vous restera alors plus qu'à utiliser les cure-dents de l'apéro pour soutenir vos paupières le lendemain soir ! Vous êtes désormais en France mais sont-ce vraiment des vacances ? Pour le savoir, il ne vous restera plus qu'à lire le 3e et dernier volet de ce billet à rallonge : Exode - Part 3 - Le Saint Graal , vraiment ?
lundi 2 juillet 2012
Exode - Part 1 - le départ
La grande transhumance vient de commencer. Dès la fin de l'école et parfois même bien avant (le prétexte des examens et de la pseudo-absence de travail du mois est une excuse, certes fallacieuse, mais si tu, expat', es un peu de mauvaise foi et/ou près de tes sous, tu peux l'utiliser), les avions en direction de la France se remplissent. Les gens organisés s'y sont pris dès le mois de février ou mars, ceux qui ne le sont pas ou ont un conjoint au planning ultra-chargé qui travaille dans la BWU s'y sont pris plus tard, voire carrément à l'arrache au mois de juin, sous la pression des proches restés en France qui demandent à intervalles réguliers quelles seront les dates de séjour, fournissant obligeamment les informations qui ne feront que compliquer l'affaire : "Mamie Fernande fait sa cure en juillet, l'oncle Marcel part à l'île de Ré en août, le cousin Jonathan ne sera là que le 27 juillet de 10h34 à 12h22 et après le 4 août, il y a Simone qui vient avec ses 3 enfants, on n'a donc pas de place pour vous loger". Bref, autant vous dire qu'entre le 30 juin et le 8 juillet, il y a de fortes chances que vous soyiez assis dans l'A380 (moyen de déplacement qui ressemble à s'y méprendre à un avion mais plus gros et qui, en général, fait soupirer d'envie n'importe quel Mâle) à proximité d'une connaissance francophone. Je ne saurais donc trop vous recommander de vous abstenir de commenter le comportement maniaco-obsessionnel de manucurite aigüe d'une vrai taï-taï de votre entourage (oui, oui, les ongles bleu et rouge avec des pois blancs et des noeuds collés sur les extrémités, c'est possible, je l'ai vu de mes yeux vu...) car bien évidemment quelqu'un va comprendre vos médisances. Depuis quelques mois, les conversations vont donc bon train sur le choix de la compagnie, les pro-SIA ricanant aujourd'hui sur les Air-François qui regardent avec inquiétude les grèves annoncées dans les aéroports français. Les provinciaux sont ceux qui ont la tâche la plus difficile car il faut rallier depuis la capitale l'aéroport le plus proche de leur lieu de séjour et c'est là que les choses se compliquent... Des valises qui baguenaudent en chemin ou, traversée la frontière française, deviennent subitement beaucoup trop lourdes pour le vol intérieur, des voyageurs qui arrivent après le départ de leur correspondancce... Bref, de terribles récits circulent sur ces familles françaises traumatisées par leur voyage aérien et il est donc de mise pour Madame Expat' (en charge de l'organisation, comme d'habitude) de rechercher THE compagnie, celle qui assurera sans prise de tête le transfert de Singapour jusqu'à Paris, Lyon, Toulouse ou Marseille, quitte à faire un stop dans une capitale européenne ou moyen-orientale. KLM, British Airways, Turkish Airways ou Emirates, les alternatives aux omnipotents AF et SIA tirent leur épingle du jeu et en particulier pour ceux qui travaillent pour une BWU qui ne les envoient pas aux 4 coins du monde et ne possèdent donc pas la carte de fidélité plaquée or, sésame d'ouverture des lounges dans les aéroports et augmentant significativement la perspective d'upgrade pour la famille qui voyage en classe économie. Une fois les billets pris, le check on-line fait, le taxi pour l'aéroport commandé, c'est le vrai départ et la toujours présente petite angoisse des 11h de vol qui précèderont l'arrivée à CDG, antithèse de Changi Airport... Et dans l'avion, ça se passe comment ??? La suite, dans Exode - Part 2 !!!
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