jeudi 30 juin 2011

Ce n'est qu'un au revoir

Un dommage collatéral de l'expatriation c'est la pratique récurrente de l'abandon subi ou mis en oeuvre. On arrive dans un pays inconnu, plein d'enthousiasme, avide d'expérience, laissant à regret derrière soi famille et amis, mais gonflé à bloc par la perspective de toute cette nouveauté qui est pour moi un moteur de l'existence. Ne pas se répéter, ne pas sombrer trop longuement dans la routine d'une vie trop bien huilée, découvrir de nouvelles personnes, d'autres modes de vie, tout cela est si excitant... Alors on s'implique, on se reconstruit doucement une vie sociale, on fait évoluer ses centres d'intérêts, on se fond dans un nouveau moule de vie. Cela prend du temps de recréer des liens, cela se fait à petits pas, dans le formalisme d'un travail à accomplir, la convivialité d'un repas ou la futilité d'une après-midi. On découvre doucement les gens, on essuie quelques déceptions puis on se rend compte que de nouvelles amitiés sont nées, que certaines de ces personnes pourraient devenir des proches ou sont en train de le devenir. Mais malheureusement, le lot des expats c'est le départ... Noël et Juin sont des périodes-clés. Les contrats se font et se défont et certaines familles s'envolent pour des destinations exotiques ou pour la mère-patrie. Partir est alors presque plus facile que rester. Avec les vacances qui arrivent, l'excitation de revoir les siens est tempérée par la déception de voir s'éloigner certains de ceux qui charpentaient un peu notre vie ici. On échange des promesses de relations skypesques, d'e-mails réguliers et de visites réciproques mais l'on sait in petto que la distance n'est pas le meilleur facilitateur de l'entretien de l'amitié. Alors on espère juste que l'on sera assez résistant au temps pour conserver ces liens, que l'on continuera à faire l'effort d'aller virtuellement ou physiquement vers ceux qui nous quittent... A tous ceux qui partent, je suis heureuse de vous avoir rencontrés, fière d'avoir été de vos amis. Bon vent et surtout n'oubliez-pas de nous donner vos coordonnées !

lundi 27 juin 2011

Bulletin scolaire

Année scolaire '2010/2011'
Classe : débutant confirmé

Domaines
Observations
Français
Votre pratique régulière de la rédaction sur le net vous a permis d'acquérir une certaine aisance. Ne négligez pas pour autant le fond et la qualité des sujets traités. Comment espérez conserver vos lecteurs si vous n'insérez pas dans vos compositions humour/ironie/distanciation/sexe ? Persévérez.
Mathématiques
Il faut travailler les conversions entre système métrique et britannique, indispensable pour connaître la surface d'un appartement, mesurer les ingrédients pour un gâteau ou trouver sa pointure de chaussure ! Il est à noter une nette amélioration dans le repérage spatial en 2D grâce au GPS. Celui-ci vous a ouvert de nouveaux horizons géométriques dans la ville.
Histoire-Géographie
De gros progrès ont été observés dans la connaissance et l'organisation spatiale du Sud-Est asiatique. Ne laissez pas de côté la partie Océanie-Pacifique ! Continuez ainsi…
Sciences économiques et sociales
A peine connaissez-vous la valeur du GDP, le taux de croissance du pays ou la balance commerciale à laquelle vous contribuez pourtant régulièrement… Un peu d'ouverture d'esprit, que diable, la lecture de "The Economist" vous ferait le plus grand bien.
Sciences expérimentales et technologies
L'étude de la faune et de la flore ne peut se limiter à l'étude de la vie du gecko ou du régime alimentaire du cafard. Un peu d'anti-moustique et une casquette, voilà tout ce qu'il vous faut pour partir à la rencontre de la vie sauvage de l'île (et non, je ne parle pas d'une expédition sur Orchard Road !).
Anglais
Ne cédez pas à la tentation du singlish de l'anglais facile et pratiquez davantage. Les anglophones prennent aussi des cafés entre copines !
EPS
Bel effort entre la natation, le footing et le tennis… Quant au roller, ne désespérez pas, vous avez une très grande marge de progression.
Alimentation et diététique
Non, les dims sums et le chicken rice ne peuvent être considérés comme les aliments des sportifs. Pourquoi ne pas oser plutôt les haricots verts et le riz blanc (et sans oyster sauce) ? Tout le programme est à revoir...
Mandarin
Pourquoi avoir abandonné en cours d'année ? Vous auriez enfin pu réussir à converser avec les chauffeurs de taxi et avec les vendeuses des shopping malls…
Pratiques artistiques
Laissez tomber le dessin, concentrez-vous sur la photo…
Autonomie et initiative
De l'enthousiasme, c'est certain… Continuez votre intégration.

Observations :
Admise à réaliser une année de plus dans la cité du Lion !

jeudi 23 juin 2011

Van Gogh, couleurs et musique

En même temps que Dali, se déroule tout en bas du Art Science Museum une exposition Van Gogh. Les puristes pourront lui jeter, à juste titre, la première pierre : pas une seule toile du maître, juste des reproductions et des explications/interprétations sur l'oeuvre et son auteur. Et pourtant, c'est une véritable réussite. La salle est en fait un grand espace dans lequel s'emboîtent plusieurs sous-espaces tous communiquants. Pas de fenêtres, juste un parquet clair, quelques bancs d'immenses projections des tableaux sur les panneaux qui entourent la salle. Au son de magnifiques de morceaux de musique classique, les tableaux sont projetés en 4x3m mais, et c'est là la vraie force de l'expo, pas forcément dans leur intégralité. On plonge ses yeux dans la réalité tangible du travail de la couleur de Van Gogh : épaisseur, coups de pinceaux, construction géométrique des tableaux, effets de lumières, tout apparaît avec beaucoup d'évidence. Les enfants, Eloi compris, sont restés plus de 30 min, à regarder ce défilement coloré et à jouer dans les projections au sol, mouchetés des couleurs de ce peintre à la vie brisée par la folie, un peintre qui peignait la nuit mais sans utiliser de noir, préférant voir dans la voûte céleste des violets profonds et du rose dans les étoiles.

Expo Van Gogh, Art Science Museum, jusqu'au 06/11/11.


lundi 20 juin 2011

Nos amies les bêtes

Les cuisses de grenouille, les escargots à l'ail, les tripes à la mode de Caen, la langue de boeuf, les rognons blancs ou la tête de veau... La cuisine française ne comporte pas que des plats appétissants de prime abord. De son côté, la gastronomie chinoise n'est pas en reste : les oeufs de 100 ans macérés dans l'urine de jument, les holothuries, la méduse, les nids d'hirondelle, les huîtres frites, poissons cuits et dégustés dans l'huile ou bien les intestins de porc en soupe ne font pas toujours l'unanimité pour nos palais européens. Malgré certaines réticences, j'ai goûté depuis notre arrivée beaucoup de choses et en particulier tout ce qui ne heurtait pas :
- mes convictions : non, la soupe de tortue et l'aileron de requins ne passeront pas par moi,
- mon porte-monnaie car 70 $ pour quelques grammes de bave d'hirondelle, ça n'est juste pas possible,
- mon estomac : la courge amère ne peut être considérée comme un aliment mais uniquement comme un instrument de torture machiavélique.
Mais là, ça y est, je viens de trouver THE truc bizarre, l'ultime plat, celui que je n'aurais jamais osé imaginer : le hashima. Sur la photo de l'excellent restaurant taiwanais dans lequel nous dînions, ce dessert avait une allure de soupe gélatineuse orangée parsemée de quelques prunes. Rien d'extraordinaire jusqu'ici car les douceurs chinoises mélangent souvent les textures avec une forte prédilection pour toutes les "jellys". Copine chinoise et serveur étant incapables de nous expliquer en quoi cela consistait, il a fallu se résoudre à faire appel à Google, le meilleur ami des ignorants curieux. Et là, à notre grande surprise, nous avons ainsi appris que le hashima est en fait une préparation à base de trompes de Fallope de grenouille déshydratées puis réhydratées avant d'être cuites dans du sucre... Unanimement, nous avons décidé de commander une glace à la mangue, laissant à des palais plus aventureux la dégustation des oviductes de batraciens ! Pourtant, il paraît que c'est très bon pour la santé....

jeudi 16 juin 2011

Electronic music

Parfois, c'est lorsque l'on s'y attend le moins qu'on se retrouve confronté à sa réalité. Une flânerie sur internet, une séance youtube musicale, quelques clics de souris et nous voilà en train de regarder le clip hilarant de Martin Solveig intitulé SMASH, tourné en plein (vrai) Roland-Garros avec plein de guest-stars tennistiques. Juste après, il y avait le trailer ci-dessous, suite de SMASH et sobrement intitulé SMASH2. Et là, sur cette musique électronique que j'adore, le Marina Bay Sands nous a tout à coup fait de l'oeil, la surface lisse de sa grande piscine sous le ciel gris voilé de l'Equateur... Ça y est, c'est sûr, Singapour est "the place to be" ! Même les musiciens hype viennent s'y produire et y tourner des clips ! Quant à SMASH3, c'est au (vrai) Stade de France qu'il a été tourné... Allez, enjoy...

mardi 14 juin 2011

Dali et compagnie

En ce moment, lorsque l'on arrive au pied de Marina Bay Sands, on est accueillis par la sculpture d'une montre molle nonchalamment alanguie au pied du tout nouveau Art Science Museum en forme de lotus. Inspiré par la vue d'une tranche de fromage se laissant aller en plein mois d'août, Dali avait fait de cet objet un des symboles récurrents de son oeuvre, à la fois éternité et caractère éphémère du temps. Femmes sans visage à la beauté ambiguë, corps à tiroirs exprimant le secret, papillons comme représentation de l'âme, fourmis comme signe de mort ou encore béquilles comme substitut sexuel, l'expo du 3e etage donne avec beaucoup de simplicité quelques clés pour comprendre l'oeuvre de cet artiste surréaliste. La belle Lady Godiva nue drapée dans sa chevelure cotoie sur son fier destrier le fameux canapé-bouche  ou un éléphant-girafe. Comme souvent dans les musées à Singapour, les enfants ne sont pas oubliés et le passage dans le couloir des glaces déformantes est bienvenue après la visite, déformant les visiteurs comme le faisait Dali de ses fameuses montres. A ne pas rater.

Expo Dali : Art Science Museum - Jusqu'au 30 octobre 2011.

samedi 11 juin 2011

Réinterprétation

Dans notre chez-nous, tout n'est que paix et harmonie... En effet, un petit Bouddha debout, en Abbhaya mudra (le nom de la position de ses main), soit la main droite levée vers le ciel, paume ouverte et doigts unis, la main gauche pointant vers le sol, surveille notre salon apportant protection, apaisement et bienveillance. Visiblement l'aura de Bouddha ne s'applique pas aux disputes enfantines, ni aux excès caractériels de la pré-adolescence mais  à défaut d'efficacité, il a le mérite d'embellir la pièce. Un périmètre de protection virtuel a été élevé autour de lui, pauvre petite chose ayant passé les épreuves du couteau du sculpteur, du marchandage au night-market de Siem Reap et du retour en budget airlines jusqu'à sa nouvelle maison. Aspirateur et enfants sont bannis de sa proximité immédiate. Une tentative d'approche de la part d'Eloi a eu pour conséquence collatérale une communication véhémente de ma part avec élévation importante de volume sonore . Mon petit garçon s'est alors retourné, extrêmement surpris, avant de m'expliquer très gentiment : "High Five, maman".... 

lundi 6 juin 2011

Floods


Photo de Hanspeter Baserga,  issue du site StraitsTime
Presque 1 an jour pour jour après les grosses inondations sur Orchard Road, les cieux se sont déchaînés hier. Eclairs, tonnerre et surtout trombes d'eaux (65 mm en 30 min et un total de 124 mm en 5 h!) qui se sont déversées sur certaines zones de Singapour transformant très rapidement certaines routes, voire certains shopping-malls en piscine improvisée. Le gouvernement avait invoqué l'année dernière des problèmes d'engorgement des canaux de drainage par des ordures, enjoignant les Singapouriens à ne pas jeter de détritus sur la voie publique. Cette année, pour l'instant, la faute est mise sur le compte des fortes chutes de pluie... M'est avis qu'en cette année d'élections générales (celles des députés le mois dernier) et d'élection présidentielle (au mois d'août), des mesures devraient bientôt être promises, voire même mises en oeuvre... Eh oui, rendez vous compte, des centres commerciaux inondés en pleine saison des soldes... Il faut faire quelque chose !!!! 
 



mercredi 1 juin 2011

Calendar confusion

On ne peut plus leur faire confiance. En France, on ne risquait pas d'oublier. Immuable et constants, les enseignants se fendaient d'un petit objet ou d'une belle pensée que les enfants rapportaient pour embellir un dimanche matin. Généralement le père était dûment averti et fournissait également un petit quelque chose à sa moitié pour son rôle maternel dans la famille. Oui, mais voilà, ici il y a le Mother's Day un peu avant. Comme ce n'est "pas d'chez nous", on ne le fête pas. Pour être tout à fait honnête, moi, tout à mon sacerdoce d'intégration dans mon pays d'accueil, j'ai réclamé une petite récompense... Eh bien, j'ai bien fait car pour la fête des Mères, je n'ai rien eu ! Pas un poème, pas une chanson, pas un cadeau, pas un mot de mes enfants, pas un baiser de mon mari... Nada, niente, nothing, nichts, meiyou ! Tout le monde avait oublié, moi y compris... J'ai finalement eu, après vérification internet de la date (29/05), une rose de mon fils hier soir, un regard honteux de mon cher époux et un léger haussement d'épaule de ma fille. Pas très glorieux... Et le pire dans tout ça ? J'ai oublié de la souhaiter, cette fameuse fête des mères, à ma maman et ma belle-maman !!! Pardon, pardon... C'est promis, je ne recommencerai plus : j'ai déjà rentré la date 2012 dans mon agenda. Ce sera le 3 juin...