lundi 30 mai 2011

Décibels

Ca y est : ce sont les vacances, celle des élèves singapouriens qui ont 2 grosses coupures dans l'année, l'une au mois de juin, l'autre au mois de décembre. Et avec ces vacances, c'en est fini de notre tranquillité ! Pour en connaître la date, nul besoin de consulter le site du MOE (Ministry Of Education), il suffit d'écouter... Oui car summer break = fêtes étudiantes = interactions entre adolescents en pleine montée hormonale = braillements bruyants autour des BBQ pits. Oui, il faut bien le dire, la jeunesse singapourienne glapit, glousse, ulule, hurle, piaille, brâme, bêle et ce, avec une endurance hors du commun et, il faut le noter, malgré l'absence totale d'alcool car ici on se shoote plutôt au Chrysanthemum tea. Des hordes de jeunes se déversent donc régulièrement et en pleine après-midi dans notre condo. Ils investissent les lieux en organisant d'abord en terrain sec des jeux aux règles variées mais qui finissent invariablement par faire crier les filles qui encouragent/gagnent/perdent la partie. Une fois, bien dégoulinants de sueur, les ados investissent la piscine mais curieusement jamais en maillot de bain... Ben oui, ce serait trop bête pour une fête au bord de la swimming pool d'amener son swimming suit... L'adolescent, en pleine acceptation/détestation de son corps en mutation, préfère donc se baigner en short et en tee-shirt car comme on le sait, le tee-shirt mouillé, ce n'est pas du tout révélateur. Bien évidemment, l'adolescent n'étant pas toujours un forcené de l'hygiène, la douche post-activité sportive n'est pas une option envisageable avant de sauter dans la piscine. Là, en général 2 activités principales se mettent en place. La première consiste pour la gent masculine à mettre à l'eau, avec force roulements de biceps, quelques donzelles effarouchées (et donc émettant des cris suraigus) faisant semblant de résister alors que les autres naïades, au mépris de toute solidarité féminine, encouragent les garçons par des piaillements vindicatifs. La seconde consiste à mettre en place des jeux sportifs pour montrer aux jeunes filles les sus-dits biceps et à faire entendre la mâle voix de l'homme en devenir par des brâmements dignes du cerf au fond des bois. Notre salut auditif ne vient que lorsque les adolescents, épuisés par toute cette activité physique, se rassemblent pour se sustenter. Une fois leur bouche pleine, le calme revient...Vivement la rentrée !
Posted by Picasa

jeudi 26 mai 2011

Marina Bay

Avec moins de 600 km2 de surface dans les années 60, c'est sur la mer que Singapour a dû gagner du terrain pour répondre à ses besoins croissants en terme de population et d'économie. Dans les années 70, c'est au sud de l'île que de nouvelles zones sont remblayées dans les eaux peu profondes (5-10 m) de la Mer de Chine, formant de nouveaux territoires autour de ce qui devenait la Marina Bay. Les eaux de la Singapore River s'y déversent désormais car elle est fermée depuis 2008 par le Marina Barrage. Autour de cette marina, hotels de grand standing, centres commerciaux, business buildings, salles de spectacle ou grande roue se font l'écrin d'un miroir aquatique. On peut en faire le tour complet (si on est courageux et pas assommé de chaleur) par la Waterfront Promenade. Dernier ajout en date, le Marina Bay Sands (MBS), l'un des 2 integrated resorts de Singapour : un hôtel grand luxe avec salles de conférence, théâtres, centres de congrès, casinos, restaurants fins, patinoire, gondoles, musée intégré et shopping mall pour porte-monnaies bien garnis. Bientôt, s'y ajouteront les Gardens By the Bay, un grand espace vert qui s'inscrit dans une politique de la ville intitulée "City of Gardens and Water". Parfois, le soir, le MBS fait son cinéma sur les eaux tranquilles de la marina, le lotus du musée s'irise alors des couleurs de l'arc-en-ciel et les vagues du shopping mall s'animent. Un exemple d'architecture urbaine réussie..

lundi 23 mai 2011

La barre est haute

On s'australianise.. Si, si, c'est avéré. Dixit un gentleman britannique rencontré récemment, mon accent de Sidney ne peut qu'induire en erreur mes interlocuteurs qui ne peuvent se douter que je suis française (je vous jure que c'est vrai !). Plus de dîner pour recevoir amis et connaissances mais, à la bonne franquette et comme c'est l'usage au pays des kangourous, des BBQs autour de la piscine. On y fait griller de la viande que telle une lionne carnassière nourrissant sa tribu je vais chercher dans les endroits les plus réputés de la ville, on laisse à nos hommes les piques de cuisson, on boit du vin, on discute beaucoup, on rigole (toujours) et on finit immanquablement par avoir la visite du gardien rameuté par un voisin singapourien pas content. Les enfants passent une excellente soirée, nourris à la saucisse et aux chips, entre un plouf dans le bassin et une chasse-poursuite dans le condo. C'est l'option de base, pas compliquée et sans prise de tête mais pour d'autres de nos voisins, le BBQ c'est sérieux, ça ne devrait pas être laissé à de petits amateurs qui mangent en shorts et en tongs et même parfois dans des assiettes en carton ! Les Singapouriens eux sont organisés et efficaces : cuisson de la viande dès 17h00, dégustation des plats pendant les 3-4 h qui suivent, pas d'alcool, fin vers 21h30, retour à la maison 22h00. Nos Norvégiens y fêtent leur "national day", habillés comme pour un cocktail : robes fleuries, talons, chemise et pantalons. Les nappes sont décorées de drapeaux nationaux, il y a des fleurs sur les tables. Pour d'autres habitants du condo de nationalité non identifiée, le BBQ peut même être un lieu d'expression artistique. Tels ce samedi, alors que nous étions plongés dans une activité hautement intellectuelle (OK, j'avoue, on regardait une série américaine), des brâmes ont retenti dans la résidence. Les lois de propagation des ondes sonores étant ce qu'elles sont, le bruit est arrivé directement dans notre appartement, bloquant toute possibilité de compréhension des dialogues de nos héros préférés. Il s'agissait en fait d'un concert improvisé (ou pas) avec gospels, chants classiques, choeurs, enfin tout un tas de choses que je connais bien mal. Surprenant pour le moins !
Au vu de tous ces exemples, une question me taraude : mais lors de notre prochain BBQ, que vais-je bien pouvoir faire ? Cuisiner des recettes à la Pierre Gagnaire et autre Hermé pour divertir les papilles, sortir la nappe cadeau de mariage et la vaisselle en porcelaine pour le raffinement à la française, organiser une course de geckos pour électriser l'ambiance, mettre en place une table de mah-jong pour la caution culturelle, faire une démonstration de zumba pour faire rigoler tout le monde ? Euh... en fait je ne crois pas. Brochettes et taboulé pour tout le monde, ça va ?

jeudi 19 mai 2011

De natura rerum...


Vocation, j'ai raté ma vocation ! J'aurais dû devenir biologiste, mais attention pas ceux en blouse blanche qui étudient des lames de verre, les yeux rivés au microscope ou qui passent la majeure partie de la journée le pipetman dans une main et la boîte de Pétri dans l'autre. Non, une pure, un vraie, une de celles qui mouillent leurs chemises dans l'étude de leur animal, de leur champignon ou de leur plante de prédilection. Mais attention, je n'aurais pas choisi l'étude de l'évolution de l'épaisseur de graisse sous-cutanée du maquereau en liaison avec le réchauffement de la Mer du Nord, de la confusion sexuelle du castor et de la marmotte ou de la relation mère/cabri du mouflon. Moi j'aurais exercé dans des régions plus accueillantes climatiquement et aurais axé mes recherches sur la palette des couleurs des écailles du poisson perroquet, le comportement social du poisson-ange ou les capacités de "sprint" de la raie pastenague à points bleus, la répartition des anémones de mer en zone littorale ou les biotopes propices à la reproduction du poisson-chirurgien... Je serais alors peut-être aujourd'hui basée à temps complet sur une île tropicale au sable doré et aux eaux cristallines, avec à mon programme quotidien marches dans la jungle et plongées sur le récif. J'enseignerais à des jeunes Qataris les méthodes de comptage des holothuries à marée basse et j'apprendrais à des enfants venus en voyage scolaire de Singapour comment distinguer un black giant squirrel d'un collugo. Le week-end, j'irais recharger les batteries sur le continent pour faire le plein de bitume et de crème solaire... Ah, je pourrais habiter Tioman...ou pas...

Tioman :
- Melina Beach Resort (chambres propres et simples avec A/C, restaurant assez cher), sur sa propre plage.
- 3h30 de voiture entre Singapour et Mersing
- 1h30 de ferry (Bluewater Ferries (+60 77994811)

samedi 14 mai 2011

Le supplice de la quotation

Mon cher mari et moi avions un marché. Les meubles qui nous avaient accompagnés, jeune couple puis famille grandissante, avaient eu le droit de venir jusqu'à Singapour mais il était hors de question qu'ils en repartent. Question de goût, de mode et de lassitude. En conséquence, il fallait programmer leur remplacement après (ou malgré) 15 ans de bons et loyaux services. Cela avait commencé par une table et un buffet. Les affres du choix avaient ouvert un gouffre devant nos pieds. Des questions nous taraudaient : quelle matière, quelle couleur, quelle longueur, quelle largeur, quel style, quelle réutilisation éventuelle dans une autre contrée moins favorable en terme de surface habitable... Cela nous avait pris des semaines, des semaines à l'inefficacité flagrante pendant lesquelles nos avis changeaient au fur et à mesure des magasins visités, au bout desquelles le WE ne servait qu'à traîner des enfants ronchons dans des entrepôts poussiéreux. Finalement, décision fut prise. Table et buffet livrés, cela sentait bon le bois frais, le mélaminé noir était en train de sortir de notre vue. Notre chez-nous prenait forme et nous étions tranquilles pour quelques mois. Oui, mais voilà, il a fallu remettre ça pour cause de crise du logement dans la bibliothèque. J'avais beau avoir laissé, à mon corps défendant la grande majorité de mes livres en France, les condamnant à la poussière et, plus terrible encore, peut-être même à la moisissure, les chanceux étaient malgré tout obligés de s'empiler de façon très inélégante et peu pratique sur des étagères qui pliaient sous leur poids... Nous sommes donc repartis à la recherche du meuble idéal. Aguerris par nos premiers essais, nous étions optimistes mais quelques visites de magasins plus tard, il a bien fallu se rendre à l'évidence : la bibliothèque serait sur-mesure ou ne serait pas. Les lecteurs prompts à la décision me diront que c'est d'autant plus facile car on peut enfin avoir ce que l'on veut... Et bien je m'insurge contre cette affirmation péremptoire, ce mensonge éhonté, cette contrevérité avérée : trop de choix tue le choix ! Dans la bouche de nos commerçants chinois, tout est toujours possible mais il faut se dépêcher car le prochain "shipment" va partir (toujours dans 3 jours). Heureusement nous ne sommes pas pressés, nous croulons sous les devis (ou "quotations"), n'avons toujours pas réussi à nous mettre d'accord sur la couleur, discutons encore pour la hauteur totale de l'ensemble et repoussons la décision finale en espérant une illumination comme celle de Bouddha. Y'a de l'espoir, Vesak Day c'est dans 5 jours...

lundi 9 mai 2011

Elections

Samedi, c'était jour d'élections pour renouveler les députés du Parlement. Plus de 2 millions de Singapouriens devaient (obligatoirement) voter. Depuis 10 jours, durée officielle de la campagne, les déclarations politiques habillaient les pages des journaux. Déclarations assassines, belles promesses et attaques en règle par voie de presse interposée fournissaient la base des conversations des futurs électeurs. Les panneaux des candidats tous identiquement habillés de blanc fleurissaient dans les différentes circonscriptions, les GRC (Group Representation Constituencies).
Consitutionnellement, le multipartisme existe mais, dans les faits, le PAP, People's Action Party, principal acteur de la création de Singapour, domine la vie politique depuis l'indépendance. Les partis de l'opposition peinent à faire entendre leurs voix. Pourtant, le 7 mai marque un jour historique car pour la première fois, le PAP bien que victorieux, enregistre son score le plus bas (60,14% des voix) à ce jour et a perdu une circonscription au profit du Worker's Party. Parallèlement, le PAP perd également 2 de ses ministres qui n'ont pas été réélus dans les GRC, l'élection au Parlement étant une condition sine qua non de la fonction de ministre. C'est en particulier George Yeo, ministre des Affaires Etrangères qui devra quitter le gouvernement.
La répartition des sièges à la Chambre des Députés est donc désormais de 81 sièges pour le PAP et de 6 pour le Worker's Party auxquels pourraient s'ajouter 2 sièges NMCPs (= sièges attribués d'office à l'opposition).

Petit décryptage du fonctionnement politique du pays :  Singapour est une république démocratique au régime parlementaire à une seule chambre. Celle-ci détient le pouvoir législatif. Ses membres sont élus dans les GRC, circonscriptions électorales.  Le président de la République est le chef d'Etat et le 1er Ministre, le chef du gouvernement. Le poste de Mentor Minister, sans équivalent dans d'autres pays, est occupé par le père fondateur de Singapour, Lee Kuan Yew et également père de l'actuel Premier Ministre.

mercredi 4 mai 2011

Fait chaud....

En France, comme je l'imagine dans beaucoup de pays au climat changeant, la météo est un sujet récurrent. Parler de la pluie et du beau temps, c'est quasiment une obligation sociale. On en discute avec son voisin par dessus la haie qui sépare les potagers. On en dit un petit mot, emmitouflé dans son écharpe avec un(e) parfait(e) inconnu(e) dans la file d'attente du cinéma. On échange ses considérations météorologiques et leurs effets sur les virus avec les autres mères chez le médecin. C'est aussi un moyen de mettre en avant ses convictions écologiques en reliant toutes les catrastrophes naturelles avec le réchauffement climatique. Enfin, c'est le recours ultime pour rallumer le flambeau d'une conversation qui s'éteint. Bref la météo, nous avions l'habitude de la manger à toutes les sauces mais depuis que nous sommes arrivés à Singapour, la donne a changé. Evidemment, sur l'équateur (ou presque), les jours se suivent et se ressemblent avec le schéma de base suivant : il fait chaud (tout le temps), il pleut violemment (souvent) et il fait à peu près beau le reste du temps.
L'avantage c'est que le webmaster du site de la météo locale (weathercity.singapore) n'a pas besoin de se creuser la tête pour trouver des icônes météo. Il n'y en a qu'une qui sert, celle du "nuageux avec risques d'orages"!!!
Le vrai truc qui change et qui rend, pour certains, la vie difficile, c'est le taux d'humidité de l'air qui varie en moyenne entre 70% et 85% environ et influe fortement sur la température ressentie par le corps. Des canadiens ont travaillé sur cette température qui peut être calculée grâce à une formule et appelée HUMIDEX. Par exemple, aujourd'hui pour une valeur de 26 degrés et 88.8% d'humidité, la température ressentie est 37 degrés et il est recommandé de boire si l'on travaille.... Allez donc calculer pour voir comment c'est chez vous (il faut quand même un minimum de 40% d'humidité).
Du coup on comprend bien mieux pourquoi la moindre promenade hors circuits climatisés conduit à la production de litres de sueur et pourquoi passer l'aspirateur s'apparente davantage à une épreuve du décathlon qu'à une activité ménagère. Malgré tout, beau (ou presque) et chaud, moi ça me va (surtout que je ne travaille ni en extérieur, ni dans le bâtiment !). J'ai laissé pour quelques mois ou années le froid et la grisaille et je ne boude pas mon plaisir. Je passe donc sous silence les tongs qui moisissent et les placards odorants de la cuisine pour me concentrer sur ce climat qui me permet d'être en tee-shirt tous les jours et d'économiser sur la crème hydratante !

lundi 2 mai 2011

Perhentians (3)

Côté terre :
A l'aube, le toit de notre bungalow se met à résonner de bruits étranges, de cris et de chocs sourds. Vers 7h, je n'y tiens plus et ma curiosité me pousse dehors. Le nez en l'air, un singe aux jolies lunettes blanches, un Dusky Langur, visiblement très satisfait de lui, est assis sur le faîte et grignote quelque fruit ou graine, certainement gagné(e) de haute lutte quelques instants auparavant. Derrière lui, un éclair brun passe d'un arbre à l'autre. Collé à son tronc, cette fois-ci c'est un colugo, un lémurien volant, très léthargique dans la journée mais visiblement beaucoup plus actif au petit matin. Je baisse alors les yeux et c'est un petit écureuil gris qui me regarde d'un air curieux. Plus tard au déjeuner, quelques gros lézards feront leur show au restaurant, repartant victorieusement avec quelques frites.

Côté mer :
Dans l'eau turquoise, les coraux font des tâches sombres sur le sable blanc. A leur base, des poissons perroquet grignotent le corail avec un petit bruit de râpe caractéristique. Les bénitiers multicolores frémissent à notre passage. De loin en loin, les silhouettes d'énormes napoléons apparaissent dans l'horizon aquatique bleuté. De petites raies se faufilent sous les rochers, une murène s'esquive à notre approche et un banc de poissons à bande jaune enrobe les rochers comme une couverture brillante infinie. Si les petits requins à pointe noire se sont montrés brièvement, une tortue verte a quant à elle accepté ma compagnie pendant une dizaine de minutes, me permettant de la suivre dans sa nage nonchalante le temps de quelques respirations. Ses yeux doux, les écailles parfaites de ses nageoires,  les algues sur sa carapace m'étaient si proches que j'aurais pu les toucher. Un moment de grâce...
 
Perhentians, notre mode d'emploi pour vacances familiales:
- Train de nuit de Singapour à Tanah Merah (compagnie ktmb) puis taxi de Tanah Merah à Kuela Besut.
- Speedboat jusqu'à Perhentian Pulau Besar (réservé par l'hotel).
- Hotel : Coral View Island Resort (propre, confort simple avec A/C).
- Petits restaurants le long de la plage,  généralement ceux des petits resorts.
- Snorkelling depuis la plage ou depuis des spots accessibles en bateau.