jeudi 11 juillet 2013

J-1... Dernier bilan

Lorsque j'ai appris que nous partions à Singapour, je ne savais pas très bien le situer sur une carte et je n'étais pas non plus très sûre qu'il s'agissait d'un pays à part entière ou d'une petite extension de la péninsule malaise. J'avais par contre plein de préjugés complètement idiots comme quoi il n'y avait que de la ville et du béton alors que non, Singapour est verte, bien verte, si verte... Aujourd'hui, 3 ans d'Asie du Sud-Est et une formation de guide de musée plus tard, je peux vous parler des relations historiquement difficiles avec la Malaisie et parfois l'Indonésie (merci le haze de 2013 mais en 2010, il y en avait aussi !), les 2 gros voisins, des larmes de Lee Kuan Yew lorsque Singapour a quitté en 1965 la Fédération de Malaisie, abandonnant au passage le "SI" de Singapore à la Fédération qui de Malaya passa alors à Malaysia. Je peux expliquer le multiculturalisme par l'aspect transitoire de la population historique de Singapour et qui se manifeste tant dans la cuisine, le système politique par l'influence britannique, l'essor du port par la position stratégique de l'ile et la vision de certains et l'importance de la main d'oeuvre étrangère dans ce pays qui s'enorgueillit à juste titre d'une croissance exemplaire, même en temps de crise.  A notre arrivée, j'ai commencé avec beaucoup d'énergie et de sueur par le début du commencement de la découverte avec les activités touristiques de base : Merlion, zooLittle India ou Chinatown, je les ai explorées, Eloi en bandoulière, en bus et appareil photo au poing. A cette époque, Marina Bay Sands n'était pas terminé et ION venait de sortir de terre, autant dire que c'était la Préhistoire. Peu à peu, je suis devenue plus sélective et me suis appropriée des endroits un peu moins évidents, plus proches de la vie des vrais gens... Waterloo Street, Rochor Centre, Sungei Buloh, Mac Ritchie Reservoir, Bright Hill Complex, Bukit Brown Cemetery par exemple, je les ai pris pour moi, comme des lieux spéciaux qui me touchaient à chaque fois que j'y retournais. Ceux-là, j'en ai même fait un tour de 3 jours pour que, maintenant que je m'en vais, il y ait d'autres personnes qui aillent les aimer à ma place. J'ai essayé de comprendre et j'ai partagé avec vous mes découvertes sur la culture chinoise, indienne ou malaise. Je n'ai pas raté un seul Thaipusam pour être sûre de vibrer avec les croyants que la foi transcendent, j'ai expliqué tous les Chinese New Year... Je suis allée manger à tous les rateliers, ai découvert le poisson cru, me suis régalée de laksa et de mango sago... Bref, je me suis immergée avec bonheur et puis je me suis un peu essouflée dans ma découverte du nouveau qui ne l'était plus, si nouveau. Alors je vous ai concocté des petits circuits touristiques dans la ville car je pensais que cela pourrait vous aider, avec Tata Ginette et les enfants. Je vous ai raconté mes vacances pour vous faire rêver (ou pas) des rizières de Bali, les plages idylliques de Malaisie, des eaux boueuses du Mékong, des kangourous australiens, des tarsiers philippins ou de mon camping-car néo-zélandais. Peu à peu, j'ai commencé à vous parler davantage de moi et de ma vie, de mes pseudo-aventures qui ne faisaient rire que moi, de ma nullité en shopping, de mes accidents de tongs, de mes ratés de week-end et de mes relations avec les agences de voyage (une cause définitivement perdue), parfois aussi de mes petits coups de blues quand le départ est devenu une dure réalité. Je vous ai parlé du hasard qui fait de jolies choses et de gens généreux qui vous font partager leur culture sans contrepartie, fait part des belles rencontres que j'ai faites, de la découverte de la communauté des blogueurs qui m'ont appris plein de gros mots comme FTP ou flux RSS. Au fil des billets qui composent ce blog, c'est une tranche de ma vie que je vois défiler, un gros bout de gâteau même. J'y vois une vision de Singapour qui a évolué en même temps que moi je m'adaptais et prenais mes marques dans cette première expatriation. Singapour est aujourd'hui un endroit que je quitte avec tristesse, celle de ne pas être sûre d'y revenir, celle de ne pas être sûre de revoir ceux que j'ai connus et appréciés ici, celle de quitter mon "chez moi"...

mercredi 10 juillet 2013

Mon Singapour...Visiteurs #5

Singapour, en 3 jours, c'est un peu la piste noire du tourisme pour les courageux ou les inconscients (ici avec Brandon et Régine qui ne s'en sont pas encore remis). Evidemment les chanceux pourront rester plus longtemps et profiter plus largement des richesses (et je ne parle pas des pécunières à moins que vous remportiez la cagnotte dans l'un des 2 casinos) de Singapour en suivant le programme débutant, celui de tata Ginette ou initier les enfants au charme de la vie équatoriale...  Mais pour les autres, en 3 jours, on peut aussi choisir d'éviter les autoroutes touristiques et essayer de sentir et de percevoir cette île et ce pays.

Jour 1 : avant que celui-ci ne disparaisse et puisque c'est une fixette chez moi, une promenade au Bukit Brown Cemetery s'impose, l'idéal étant de le faire, si cela est encore possible, pendant la période du Hungry Ghost Festival (en avril, dates mobiles) pour profiter de l'animation et rencontrer des familles venues pique-niquer avec les défunts.  124 photos de gardiens de tombes plus tard, il est temps d'aller déguster un Pekin Duck au Min Jiang at One-North de Rochester Park pour apprécier le calme et la volupté d'une maison Black and White nichée dans la verdure. À défaut remplacer Bukit Brown par les bonsais, les lotus et le stupa du Shuang Lin Monastery de Toa Payoh par les HDBs le long de la PIE. Pour changer d'atmosphère, rendez-vous à Little India et flâner dans les rues qui bordent le Tekka Market, suivez les jolies femmes en sari dans les petites épiceries, copiez-les quand elles achètent des épices et demandez-leur comment s'en servir, nul doute que vous aurez une longue réponse.... Si le coeur vous en dit et le bruit vous l'indique, entrez dans l'un des temples de Serangoon Road (Sri Vadapathira Kailiamman Temple, Sri Srinivasa Perumal Temple ou Sri Veeramakaliamman Temple) et observez les cérémonies qui s'y déroulent régulièrement.  Si les gambettes vous démangent, allongez le pas jusqu'à Arab Street et rentrez dans les boutiques de tissus pour admirer les soies, les paillettes ou acheter un sarong en batik. Le soir, une seule option, les satays de Boon Tat Street le WE ou Lau Pa Sat Food Court pour les autres jours de la semaine.

Jour 2 : Singapour, jungle urbaine, que nenni, jungle tout court et le meilleur endroit pour le découvrir, c'est bien sûr la verte Sungei Buloh, son crocodile si vous êtes chanceux, ses loutres si vous êtes TRÈS chanceux (jamais vues ces coquines), ses mudskippers, ses crabes de vase, sa mangrove et ses varans léthargiques qui traversent devant les pas des promeneurs. Pas trop le choix pour le dejeuner, ce sera Bollywood Veggies et Poison Ivy, la patronne, un personnage haut en couleurs au crâne rasé. Après les arbres et les animaux, il est temps de revenir dans la vraie vie, celle des gens du coin en se rendant à Rochor. Perdez-vous dans ces blocs de HDBs multicolores, cherchez le play-ground qui domine Bukit Timah Road, ombragé par quelques arbres et gardés par les perches sur lesquelles sèchent le linge des familles qui vivent là. Simple, calme, so real... Redescendez ensuite prendre un café au lait à côté des uncles et des aunties venus prendre l'air sur les chaises en plastique orange des petits coffee-shop. Écoutez-les parler, perdez le sens des phrases en mandarin ou hokien, glanez quelques immanquables comme le célèbre "lah" ou "makan" pour "manger"... Ne pas comprendre, juste se laisser immerger avant de reprendre pied dans la foule de Waterloo Street où les gens se pressent qui, pour aller au Kwa Im hhi Hood Cho Temple s'adonner à la divination, qui au temple hindou juste à côté devant lequel les bouddhistes brûlent aussi de l'encens car, après tout, pourquoi pas, hein ? E puis se laisser subjuguer par les étals des marchandes d'offrandes et leur lotus voluptueux, écouter le bruit des baguettes de divination agitées par les croyants.... Finir la journée du côté du Marina Bay Golf Course en buvant une bière au Canopy Café en admirant la ville qui s'allume au loin au delà du green. Lorsque la nuit s'est installée, il faut se promener le long de Gardens By the Bay East et admirer en face les coquillages lumineux des serres, les Super Trees qui s'illuminent et les silhouettes de MBS et du Flyer... Magique...

Jour 3 : Si d'aventure, c'est dimanche, une seule possibilité : aller découvrir les concours de chants d'oiseaux au coeur des HDBs ! Oubliez la grasse matinée, il faut y être aux alentours de 8 ou 9h car ensuite il fait trop chaud...Admirez les cages, les oiseaux, engagez la conversation avec les propriétaires, observez les juges capables de reconnaitre le chant de chaque oiseau. Une vraie plongée dans l'âme singapourienne à ne pas manquer ( Serangoon North Ave 1, Blk 151/154 ; Ang Mo Kio Av. 4, Blk 159, Kebun Baru Singing Club; Sur les rives du Bedok Reservoir). Vous pouvez ensuite enchaîner par ce qui suit car la journée a commencé tôt !
Sinon, ce sera Chinatown du côté de South Bridge Road qu'il faut aller, oublier les boutiques à souvenirs, naviguer entre les boutiques odorantes de Médecine Traditionnelle Chinoise, les petits magasins de patisseries, s'offrir un massage de pieds dans un boui-boui dont les filles ne parlent pas anglais et se laisser tenter par un feuilleté à la pâte de haricot ou de châtaigne d'eau. N'oubliez pas d'aller voir, au pied du Buddha Tooth Relic Temple les petits vieux jouer aux Chinese Chess. Un temple ? Thian Hock Keng Temple, son porte-encens imposant, ses gardiens dorés sur les portes. Remontez ensuite Telok Ayer Street en direction de la City assister au défilé des cols blancs et des petits tailleurs qui viennent déjeuner bon marché dans les échoppes du Nord de Chinatown. Joignez-vous à eux, retenez votre table en y déposant un paquet de kleenex et allez choisir votre plat au stall qui a la file d'attente la plus longue.... Et puis, changez radicalement d'air pour aller voir les couleurs acidulées des shophouses de Koon Seng Road et Joo Chiat Road. Rose, vert, violet, rose, toute l'âme peranakane est là et pour rester dans l'ambiance, il sera plus que judicieux que de goûter la délicieuse cuisine de cette culture en retournant diner au Blue Ginger dans une vraie shophouse (demander à être à l'étage) dans le quartier de Tanjong Pagar aux shophouses (encore) dominées par le majestueux Pinnacle@Duxton (que vous pouvez aussi visiter mais c'est une autre histoire)....

Si d'aventure, ce petit programme vous tentait, sachez qu'il n'est pas spectaculaire, ni grandiose, ni majestueux, il est juste le reflet, selon ma sensibilité toute subjective, de ce que j'aime à Singapour...

Bonne visite et just... ENJOY...

mardi 9 juillet 2013

Shrek, Marty, la Momie, Transformer et les autres

À J-4 du grand départ, il était plus que temps de
remédier à cette omission soigneusement mise en oeuvre depuis 3 ans. J'ai pensé à mes enfants qui auraient eu honte d'admettre qu'ils n'y étaient pas allés, à tous ceux qui ont l'air de trouver cela follement amusant et j'ai embarqué la marmaille pour Universal Studios ! Yeah, joie, bonheur et Kung Fu Panda pour tous.... J'avais assuré le coup en visant un jour de semaine, après la reprise des écoles locales, j'avais booké mes billets online en essayant de ne pas regarder vraiment le prix afin d'éviter la queue pour l'achat des Pass. Une fois sur place, nous étions dêjà beaucoup trop et même avec les billets online, il faut refaire la queue pour qu'on te redonne un vrai billet... Positive, me dis-je positive. Nous rentrons avec des tas de copains dans l'univers enchanté et de carton-pâte. Ça court dans tous les sens, il y a de la musique partout, des queues pour faire la photo avec la pharaonne, une queue pour la première attraction, une queue pour la 2e attraction et puis aussi celle d'après et encore celle d'après. Nous nous faisons une raison et attaquons par le bateau de Madagascar. Nous nous rendons vite compte qu'il va falloir opérer une scission dans le groupe : les grands veulent faire les trucs de grands (mais quand même pas les roller coasters rouge et bleu, les spécialistes sauront) et Eloi lui est trop petit pour la majorité des attractions un peu funky... Exit donc la revanche de la Momie ou Transformer 4D... Pour nous 2, ce sera carrousels en tout genre avec forte préférence pour le dinosaure orange, balade sur rivière ou Shrek en 4D.... 6h plus tard, 2 check-points réussis  avec les grands pour vérifier l'état des troupes, 18 files d'attente effacées, une peluche achetée, un hot dog et une glace avalés (je suis très stricte sur le régime alimentaire de mes enfants comme vous pouvez le constater), devant le spectacle des pirates façon Mad Max, les enfants déclarent enfin forfait et acceptent de rentrer. Ouf, mon calvaire s'achève... Un dernier petit tour dans la fusée d'Elmo de Sesame Street, Eloi a le sourire jusqu'aux oreilles, des étoiles plein les yeux et serre sur son cœur son nouveau lion, Solène et Malo se regardent en complices et n'échangent même pas une pique, tout au plaisir de leur autonomie partagée le temps d'un après-midi... Finalement, hormis pour le porte-monnaie, elle était chouette cette journée....

lundi 1 juillet 2013

TV5 Monde...Ou pas

Garder le lien avec la vie publique France, c'est lire le monde.fr pour les gens sérieux, version abonné pour les très sérieux, s'abonner à relay.com ou le kiosk.fr pour lire ELLE en version tai-tai ou Réponses Photos en version je me la joue je sais faire des photos... Bref Internet est bien évidemment LE lien privilégié mais ce n'est pas le seul car les expatriés de tous les pays ont l'immense privilège de pouvoir suivre TV5 Monde. Pour les newbies à Singapour, TV5 Monde est la prérogative de Starhub ce qui fut notre seul critère de choix quant à notre service télé... Ah oui le Mâle et moi on sait être exigeants parfois... Alors TV5 Monde, c'est quoi ? Pour les voyageurs non-expats, c'est le truc que l'on trouve dans toutes les chambres d’hôtel du monde alors que l'on traîne en peignoir sur le lit avec les chaussons en éponge (oui, ceux découpés au bout avec les orteils qui dépassent). Mais pour nous, c'est la tête de Playmobil de Pujadas sur les coups de 8h du matin qui donne les  nouvelles de la veille en France et les avis de tempête de neige avec des reporters au nez rougi, les pieds dans la gadoue sur le bord de l'A13. C'est malheureusement aussi Julien Lepers et Questions pour un Champion aux abords de l'heure du dîner alors qu'on aimerait un bon vieux Tom et Jerry à la place, histoire d'occuper les mouflets. C'est l'air suffisant et ennuyé de Georges Pernoud dans Thalassa qui nous rafraîchit à grands coups d'embruns et/ou de banquises. C'est la beaufitude à l’état pur de Sébastien et son léchage de pompes sa promotion permanente...Ce sont des films tout à fait improbables qui n'ont visiblement jamais eu le droit d’être diffusés dans une salle de cinéma avec des gens qui jouent la comédie comme moi je chante de l’opéra, des téléfilms pour lesquels tu te demandes comment un producteur (un inconscient ou un débutant) a osé allonger des sous pour produire un navet pareil (la gentille beurette qui n'en veut et qui s'en sort malgré les très méchants autour d'elle, 18 versions minimum). Attention, de la qualité il y en a mais de la vieille, de celle qui a déjà bien servi, des classiques, des "bons" films de référence, c'est-à-dire au minimum 30 ans d'âge, en noir et blanc c'est mieux et avec le son pourri siouplait et Jean Gabin qui fait la moue. Trop d'la chance comme dirait ma fille... Parfois heureusement c'est De Funes et la folie des Grandeurs pour la 228e fois mais au moins on peut les enregistrer pour rigoler avec les enfants... N'allez pas croire que je médis car je reconnais que, par inadvertance peut-être, des films récents passent mais dans ce cas, visiblement le critère de choix des directeurs de programmation c'est l'incitation forte à la tendance dépressive de l'objet cinématographique comme par exemple "entre les Murs" ou comment te dégoûter à jamais au choix en fonction de ta position de l’école publique / du métier de prof ou "la Journée de la Jupe" sur le même thème avec pétage de plombs version botox en direct live... C'est varié malgré tout car à la fiction s'ajoutent des documentaires qui soit te plombent bien l'ambiance genre "le sort des immigrés illégaux dans les pays européens" avec plein de jolis quotas inside et de reconduite à la frontière (parce que comme tu viens de regarder "Entre les Murs", tu as bien la patate) ou alors sont censés te faire rêver avec des hôtels de luxe que tu ne pourras jamais t'offrir à moins de devenir par hasard Bill Gate, de vendre un rein ou un enfant... Ce qui nous sauve cependant, c'est l'humour, si, si, beaucoup d'humour... En effet, TV5 Monde, il y a "Monde" dedans et c'est francophone donc comme la France ne doit pas suffisamment fournir en débilités, les programmes piochent aussi chez nos amis Suisses, Belges ou Canadiens, pas meilleurs, ni pires que nous Français d'ailleurs... So lucky nouzotres de pouvoir bénéficier des guerres intestines entre cantons de Vaud et de Berne avec l'accent traînant de nos voisins ou de suivre un concours animé de cuisine sur les mérites des herbes du jardin, façon Céline Dion s'extasiant sur les performances de René... Tout ça pour vous dire que TV5 Monde dans notre prochaine demeure, c'est pas gagné !