jeudi 6 septembre 2012

Kranji War Cemetery

Un cimetière de guerre. Des stèles blanches alignées sur le tapis vert d'un gazon coupé au cordeau. Toutes les confessions sont présentes et comme toujours, la simplicité du lieu donne la mesure du désastre qui s'est déroulé ici voilà 70 ans. Près de 4500 soldats sont enterrés là et un Mémorial porte les noms des 25000 soldats qui ont péri pendant la campagne de Malaisie ou dans les camps de prisonniers à Singapour ou en Thaïlande. Ce pan de l'Histoire en Asie m'était quasiment inconnu ou, en tout cas, avait été effacé de ma mémoire. La 2e Guerre Mondiale représentait, pour moi, avant tout l'Europe et leurs alliés américains, Hitler, la Shoah ou Vichy. De mondiale, je n'avais en tête que les évènements de Pearl Harbour ou d'Hiroshima. La WWII a pourtant laissé des cicatrices dans la mémoire des habitants de Singapour qui eurent à souffrir, comme de nombreux pays d'Asie, des projets d'expansionnisme du Japon qui se considérait alors, selon certaines théories politiques, comme une nation supérieure, au droit légitime de régner sur l'Asie. Après la Mandchourie en 1931, le Japon attaque la Chine en 1937, devient un allié de l'Allemagne, occupe l'Indochine en 1940 et s'associe avec la Thailande pour protéger ses intérêts. Inquiets de la progression du Japon en Asie, les USA et la Grande-Bretagne décrètent un embargo sur les produits pétroliers dont le Japon a cruellement besoin pour son effort de guerre et son expansion économique. Les représailles arrivent en décembre 1941 avec la destruction de la flotte américaine à Pearl Harbour et le débarquement nippon en Malaisie. Soixante-dix jours plus tard, le 15 février 1942, Singapour se rend aux Japonais. Dans la foulée, des milliers de Chinois sont assassinés, soupçonnés à tort ou à raison d'être anti-japonais : c'est le massacre du Sook Ching, version expéditive et à la mitraillette d'une shoah anti-chinoise. Les soldats alliés sont quant eux immédiatement emprisonnés notamment dans le camp de Kranji . Nombre de POWs (Prisoners of War) furent envoyés construire, dans des conditions épouvantables et au prix de lourdes pertes humaines, la Death Railway, cette voie ferrée reliant la Thaïlande à la Birmanie et au pont le plus célèbre de l'histoire du cinéma, le pont de la rivière Kwai. L'occupation de Singapour durera jusqu'en août 1945, date de la reddition du Japon suite aux bombardement atomiques d'Hiroshima et Nagasaki par les Américains.
Dans le Kranji War Cemetery, initialement le petit cimetière créé pour les prisonniers du camp, furent par la suite transférées les tombes du camp de Changi, le principal camp de prisonniers de l'île, celles du camp de Buena Vista ou bien encore celles du cimetière militaire de Saigon.

PS : Kranji War Cemetery, 9 Woodlands Rd.



2 commentaires:

  1. Merci pour l'article ( bon perso je SAIS que j'y mettrais pas les pieds... Hiroshima m'a vacciné à tout jamais des mémoriaux de la seconde guerre mondiale... mais ça m'empêche pas de lire et apprécier les articles ;-) )

    C'est qu'à venir en Asie on découvre qu'on nous a trop peu parlé de la seconde guerre mondiale dans nos cours d'histoire...

    On nous parle de ce qui est arrivé chez nous, en Europe, mais du front asiatique on a que quelques snapshots, dont une bonne partie sont teintés par le fait que le Japon a payé avec 2 bombes atomiques son engagement - bombes atomiques lancées sur une population civile à bout de souffle qui crevait littéralement de faim, encore que ça aussi c'est un pan de l'histoire qu'on nous cache tout comme le fait que Hirohito était moins marionnette passive dans ce qui s'est passé que ce qu'on a voulu nous le faire croire... merci les américains pour l'opération PR - et que quelque part pour le reste du monde c'est devenu une rédemption quasi instantanée dans l'expiation...

    Les guerres sino-japonaises etc. les détails de ce qui est arrivé en Asie nous échappe...

    Fascinant aussi de voir l'histoire par les yeux des japonais...

    Comment ils en sont arrivés là... forcés de s'ouvrir au monde, ils ont vu les asiatiques en général envahis par les européens, ont étudié cliniquement tout le phénomène et ont décidé que pour se sauver eux et leur culture...

    il fallait tout simplement se comporter à la manière de leurs envahisseurs, prouver aux caucasiens qu'ils étaient aussi bons qu'eux à coloniser des tiers pour piller les richesses pour améliorer leur propre niveau de vie

    ( le japon est passé d'un pays médiéval littéralement à un pays industrialisé en un temps record )

    bref, être de tellement bons élèves qu'on les respecterait et qu'on les détruirait pas ( à la manière dont on détruisait la chine etc. à cette période)

    D'ailleurs jusqu'à ce que le Japon dépasse les bornes... les japonais étaient loués par les américains comme les seuls jaunes qui n'en étaient pas et semblaient avoir une intelligence de caucasien...

    Bref... je m'étale je m'étale...

    Page de l'histoire passionnante... triste et morbide mais passionnnate et beaucoup plus complexe que ce qu'on nous en a appris à l'école dans notre jeunesse...

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  2. Merci de ce long commentaire Merichan !! Effectivement, à voyager et à vivre à l'étranger, on découvre l'Histoire (entre autres sujets) sous un un tout autre angle et c'est passionnant !

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