- le vol du martin-pêcheur au dessus des tombes de Bukit Brown Cemetery (eh oui, encore et toujours), l'éclat bleu de ses ailes sur le vert sombre des feuillages et son grand bec, disproportionné par rapport à sa taille. J'aime moins quand je vois les camions s'amasser sur les chemins et les ouvriers entasser les pierres qui constituaient les tombes en un petit monticule sali de terre jaune, prémisces des avanies que va subir ce lieu.
- l'aigle qui un jour a décidé d'observer du haut de son arbre, situé en face de l'entrée de la résidence l'arrivée du bus scolaire d'Éloi, me laissant m'approcher et le regarder sous toutes les coutures. J'aime moins quand les perruches vertes des arbres de mon condo décident pour moi à grand renfort de croassements (oui les perruches croassent ici) que l'heure du réveil a sonné pour les braves.
- le singe chapardeur qui vient terroriser les clientes du PS Café de Dempsey, surtout quand je ne suis qu'une spectatrice intouchable. J'aime moins quand c'est moi la cible et je passe toujours en crabe au milieu des singes du Mac Ritchie Reservoir, espérant qu'ils ne sentiront pas la peur qui me suinte, en même temps que la sueur, par tous les pores.
- les varans des Singapore Botanic Gardens qui traversent devant mes pas, se dépêchant de regagner l'ombre rassurante des fourrés. J'aime moins quand je vois se faufiler entre les feuilles un serpent vert électrique qui me rappelle qu'à Singapour il n'y a pas que des sympathiques bestioles.
- le petit écureuil qui m'a fait sursauter en bondissant sur le tronc d'un arbre juste à côté de ma voiture, l'air affairé. J'aime moins les chats domestiques qui ici, particularité génétique peut-être, ont la queue coupée, pitoyable moignon en lieu et place d'un véritable appendice ornant leur postérieur.
- les libellules aux ailes rouges qui volettent au dessus des mares de Sungei Buloh, les fines nervures des membranes et le fait que leur régime alimentaire se compose de larves de moustiques. J'aime moins, dans la catégorie insectes, les cafards qui parfois, tentent de visiter ma cuisine mais en général n'ont pas la possibilité de reproduire leur exploit héroïque.
- les fleurs de frangipanier qui jonchent certains trottoirs et parfois ornent les cheveux de Solène, leur parfum suave qui me ramène des années en arrière sur les terres coralliennes de la Nouvelle-Calédonie. J'aime moins quand leurs pétales veloutés perdent leurs jolies couleurs au profit d'une vilaine oxydation rouillée, signe de leur caratère éphémère.
- les sensitives délicates qui referment leurs feuilles au contact des doigts de mes fils, agenouillés tête contre tête pour mieux appréhender les capacités motrices des plantes. J'aime moins quand ces mêmes enfants décident de faire de la "soupe", épluchant avec une grande minutie tous les parterres de la résidence.
- les racines imposantes des kapokiers et leur tronc rectiligne qui s'élève dans le ciel. J'aime moins quand les arbres s'abattent, victime de l'orage de trop, et que les branches se décrochent pendant le coup de vent qui précède l'averse.
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