Les taoïstes commencent à célébrer en ce moment le 9 Gods-Emperors Festival (Rappelez-vous, je vous en avais déjà parlé là et je vous fais donc grâce de la petite histoire). Toujours grâce à mon petit monsieur du service de maintenance de la clim', j'ai cette fois été invitée à la cérémonie pendant laquelle les dieux sont censés arriver par la mer avant de rejoindre le temple. Là encore, j'étais la seule étrangère dans ce temple perdu de Defu Lane 12 et pourtant personne ne me regardait de travers. J'étais là avec juste mon petit appareil photo (au lieu de mon reflex habituel car à qui on dit "Merci d'avoir oublié la batterie de l'appareil qui fait les belles photos avec le télé-objectif qui va bien" ? On dit Merci le Mâle !) à déambuler au milieu de tous ces gens vêtus de blanc et jaune. Mon guide improvisé m'avait fait promettre de manger végétarien pendant la journée pour avoir droit le rentrer dans le temple et j'avais suivi dans la journée un excellent quoique très non bouddhiste régime à base de dhal, de palak paneer et de naans... Vers 20h30, la foule (moi y compris) a été embarquée dans des bus pour aller accueillir les Dieux arrivant de la mer : plus prosaïquement, nous sommes allés sur le parking 5 d'East Coast Park. Là-bas, une portion de plage avait été délimitée pour retenir les badauds et le sable était brillamment éclairé par un puissant projecteur. Admise dans le saint des saints (peut-être devrais-je dire dans le bouddha des bouddhas), j'étais au coeur de l'enceinte et pouvais faire des photos de très près (heureusement car je vous rappelle que je n'avais pas de téléobjectif... Merci le Mâle bis). Pour accueillir les Dieux, les membres du temple ont, au son du gong et dans les épaisses fumées des bâtons d'encens taille XXL, pratiqué, à un rythme effréné, un rituel dans lequel du paper money fut brûlé et des prières réalisées. Les Dieux étaient symboliquement représentés par une urne dans laquelle était plantés des bâtons d'encens. Quatre hommes portant cette urne sont entrés dans l'eau puis en sont ressortis, mimant ainsi l'arrivée des Dieux sur la plage. A la suite de cela, toujours symboliquement, les dieux ont été placés (en vrai, l'urne a dû repartir dans le camion dans lequel elle était arrivée, je suppose) dans des "sedan chairs", des sortes de chaises à porteurs. Ces porteurs ont alors imposés aux chaises une course effrénée et des oscillations terribles, signes visibles de la joie des Dieux d'être au milieu de leurs fidèles ! Cinq minutes après, nous avons rembarqué au pas de course dans les bus, rejoint le temple et attendu les "sedan chairs" qui ont repris leur course folle dans les dédales de la petite zone industrielle qui entoure le temple. Cette fois-ci, c'est la batterie de mon petit appareil qui a rendu l'âme (parce que le Mâle n'avait pas non plus chargé la batterie, Merci le Mâle ter !), m'empêchant, à mon grand soulagement, de rester pour photographier la séance d'opéra chinois qui s'annonçait... Cependant, blague à part, j'ai eu l'impression de passer une soirée exceptionnelle, grâce à la gentillesse d'un Singapourien qui a bien voulu partager avec moi ses traditions culturelles. Je me suis sentie immensément privilégiée d'être invitée à voir un spectacle unique dont la plupart des étrangers ne connaissent même pas l'existence.
Parenthèse de folie enfumée avant d'aller rechercher un taxi dans la quiétude de la nuit et de reprendre ma petite vie d'expat...
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