jeudi 30 mai 2013

Y'a des jours comme ça...

Sans tomber dans la paranoia, je pense très sérieusement qu'une conspiration mondiale est en route contre ma petite et insignifiante personne. Ce jeudi avait pourtant bien commencé avec le retour d'un être cher (je vous en reparlerai un autre jour) et les petits aménagements associés. Un petit thé, un clavier d'ordinateur et mon après-midi s'annonçait non sous un jour passionnant (Cf ce billet) mais tout du moins studieux avec la perspective de la satisfaction du travail accompli en fin de journée. C'était sans compter l'action des malfaisants de la ligue JPFC ("Juste pour Faire C**"), une branche de la non moins connue TVEB ("Tu vas en baver, c'est pas fini"). Cela a commencé avec une compagnie aérienne qui a annulé le billet que je venais de prendre au prix de longues hésitations et surprenamment une très courte procrastination. Les raisons de l'annulation fournies par cette c*** d' l'opératrice ont évolué de la raison opérationnelle (WTF?) au problème de mode de paiement (ma CB serait toute pourrie tiens donc ?) en passant pas l'annulation pure et simple du vol, curieusement toujours présent sur le website. Heureusement Einstein, telle que j'ai affectueusement surnommé l'opératrice, m'a fourni une jolie solution : "No problem, you can pay in cash at the airport !" Mais bien sûr que je vais aller à Changi faire un booking que je peux normalement faire sur internet depuis mon bureau... Cela s'est poursuivi par l'appel d'une association à laquelle je proposais de donner des meubles. "So sorry Mam, these are furnitures so we can't take it, too big lah, not enough man power, cannot store, so sorry..." Donc, si je comprends bien, "Bulky items", comme écrit sur ton site, ça ne voudrait  donc pas dire "encombrant" ou alors les meubles ça rentre pas dans la catégorie "encombrants" ? Ce à quoi Musclor, tel que j'ai affectueusement surnommé mon interlocuteur, m'a répondu " Too big lah, not enough man power, cannot store, so sorry..." OK, OK, Cannot donc... Et puis après, c'est la société de gestion des service-apartments qui m'informe que la réservation faite la semaine dernière n'est pas maintenue, faute d'un papier pas reçu à temps alors que j'ai mis le branle-bas de combat en route pour que les school-bus récupèrent toute ma marmaille à cet endroit-là. Bon, tout ça en 3h de temps, avec l'heureuse perspective de remettre tout ça sur le tapis de souris demain... Vivement ce soir que je me couche...


mardi 28 mai 2013

A l'instant t

Chez moi, les objets ont pris le pouvoir et essaient de nous envahir mais je résiste. Je range, je trie, je jette. Mes placards sont les témoins d'interrogations sans fin : en activité, oublié, utile, inutile, et si ça pouvait être utile plus tard/un jour/peut-être et puis finalement trancher dans le vif en disant que ça n'a pas servi depuis 3 ans et que ça ne va pas commencer maintenant. Le Mâle pousse les hauts cris mais tant pis je passe outre ou pire je ne lui dis pas. De toute façon cette paire de chaussures qui fera le bonheur de quelqu'un d'autre, lui aussi l'avait oubliée.
Chez moi, il y a une wish-list des choses à faire : aller boire un verre dans le jardin du Raffles, visiter Kusu Island, jeter un oeil au Golden Mile Complex, déguster un high-tea dans les salons feutrés d'un hôtel, subir Universal Studios, jouer les mateurs à Bangkuok Kampong... Mais finalement je ne suis pas si sûre d'en avoir envie, se souvenir des belles choses plutôt que de risquer la désillusion ? Ou juste la flemme peut-être... 
Chez moi, il y a une paire de running shoes  bleues qui attendent leur prochaine course un peu inquiètes et pas seulement du fait qu'elles ne soient pas assorties au tee-shirt rose de la dite course. Heureusement il y a des coeurs multicolores sur les lacets pour me rappeler qu'il y a des gens qui m'aiment et m'en donner du coeur, justement, à l'ouvrage.
Chez moi, il y a une machine à coudre qui fabrique des petits cadeaux de retour, un moyen bien pratique de procrastiner les tâches d'un quotidien pas fôlichon dans ses tâches et devoirs.
Chez moi, il y a des to-do-lists sur un vieil agenda, dans une chemise en plastique sur le bureau, sur l'ordinateur et aussi sur mon téléphone. Je rajoute, je gribouille, je biffe, j'essaie d'optimiser... Au final mieux vaut que je compte sur ma mémoire...
Chez moi, les produits alimentaires dans la cuisine commencent à se croire sur les étalages polonais et voient régulièrement disparaître leurs congénères sans retour. Pour une fois, les dates de péremption sont disséquées et les fonds de placards liquidés avec efficacité quitte à manger du maïs en boîte tous les 2 jours, en alternance avec les gâteaux aux cerises (oui je sais, c'est bizarre mais je ne maîtrise pas tout le processus des courses). 
Chez moi, le changement rôde partout. Il se camoufle dans les sacs qui attendent leur dernier voyage vers la poubelle ou la relocalisation dans une nouvelle famille. Il s'affiche dans l'annonce d'un nouveau chez-nous temporaire pour la fin de l'année scolaire. Il se fait beaucoup trop remarquer dans les absences du Mâle qui accumule des miles pour des voyages ultérieurs. Il est léger dans l'organisation des petites fêtes à venir.  Il ricane devant ce parapluie orange acheté il y a 2 jours pour cause de pluie diluvienne et qui ne devrait plus servir dans un climat différent. Il se manifeste dans une atmosphère un peu grave, pas assez légère, mélange subtil d'excitation, d'inquiétude et de regret.
Tout recommencer encore une fois... En aussi bien on l'espère, en mieux ce serait idéal, qui sait...


jeudi 23 mai 2013

Orange...


Comme la mousse qui recouvre les statues de Bukit Brown Cemetery (encore et toujours),

Comme les bouées de sauvetage qui protègent les maladroits du board-walk de mac Ritchie Reservoir,
Comme les cages des concours d'oiseaux d'Ang Mo Kio,
Comme les bangles des boutiques de Little India, parfait cadeau de retour en France,
Comme les chaises en plastique des food-courts,
Comme les petits pots de lait de Thaipusam,
Comme les hibiscus qui fleurissent dans les Botanic Gardens et partout ailleurs,
Comme les pineapple tarts de Chinese New Year,
Comme les shop-houses deJoo Chiat Road....

Et encore tant d'autres choses....



lundi 20 mai 2013

Le confinement

Tradition encore très répandue, le confinement est une pratique réservée aux jeunes accouchées d'origine chinoise. À Singapour, comme en Chine, les jeunes mamans peuvent choisir pendant le mois qui suit la naissance de leur enfant de rester "confinées" chez elles livrées aux soins d'une confinment nanny et souvent de leur propre mère. Pas de sorties, le minimum de visites, pas de télé, pas de lecture, tout est fait pour optimiser le repos car ce mois est consacré à remettre en état l'organisme mis à rude épreuve par la grossesse puis par l'accouchement. Aucun effort ne doit être fait par la maman, y compris même en terme de soins au bébé dont s'occupent les femmes qui encadrent le confinement. La maman doit se reposer le plus possible, ne pas prendre froid ce qui se traduit par le port de vêtements adapté (chaussettes, manches longues, y compris à Singapour) et surtout par l'absence, pendant 1 mois complet, de douches ou de bains pour éviter tout risque de refroidissement ! Les négociations sont possibles pour accéder à un peu plus d'hygiène mais celle-ci reste néanmoins très contrôlée, tout comme l'alimentation, cuisinée exclusivement par la nanny, alimentation qui doit permettre à la jeune accouchée de régénérer son corps et de récupérer des forces. La maman a également droit à des bandages du ventre et des massages du ventre pour rendre à l'utérus son état antérieur... D'un point de vue occidental, cette quasi-réclusion volontaire semble bien étrange. Difficile de de concevoir de ne quasiment pas s'occuper (hors tétées) de ce bébé tout neuf que l'on attendu pendant 9 mois, difficile de s'imaginer s'abandonner complètement et sans réserve au savoir des anciennes (Nanny, mère ou belle-mère), difficile de ne pas se voir active après la naissance alors que le spectre de la reprise du travail s'agite sous le nez des mamans actives... Pourtant, à la lumière de la culture chinoise, il n'y a là que des illustrations de certaines des valeurs les plus fortes : le respect absolu des aînés et de leurs connaissances ou les principes de la  médecine Traditionnelle Chinoise avec la circulation des vents dans le corps et l'influence des différents types d'aliments sur la santé... J'ajouterais également une certaine philosophie car comme le disait cette jeune maman rencontrée il y a quelques mois : " Je serai maman toute ma vie, qu'est-ce donc qu'un mois pendant lequel je ne m'occupe pas de mon bébé ? Je répare mon corps, j'évite le baby-blues et j'apprends de ma mère... Rien que du bénéfice donc !"


PS : Merci à Nicolas de m'avoir soufflé l'idée de ce post !


jeudi 16 mai 2013

Petits conseils, souvenirs de vacances et autres inutilités

Après l'analyse sociologique poussée d'un séjour au Club Med, je suis désormais à même de pouvoir vous livrer, heureux lecteurs et éventuels futurs GM, mon GS personnel ou Guide de survie Club Med-Proof, le compagnon incontournable de votre prochain séjour dans un hotel-club all-inclusive....

Comment être à la pointe de la beach-mode ?
Facile de rester tendance les tongs au pieds et le maillot de bain en bandoulière tant qu'au paréo soigneusement assorti, n'est pas ajouté un hideux tee-shirt anti-UV blanc ou noir Decathlon ou substitué une robe-bustier soigneusement élastiquée sous les bras, donnant au thorax de celle qui la porte une allure de saucisson corse bouffi. La pire faute de goût en la matière étant la combinaison short-bustier qui risquerait, non seulement de causer une attaque d'apoplexie à Lagerferld, mais aussi, et c'est plus grave, de pousser à l'attaque les placides varans qui croisent dans les environs. Un sac à paillettes peut éventuellement être utilisé comme sac de plage même si les spécialistes se posent la question de savoir si cela ne serait pas un peu trop 2012... Evidemment, il va sans dire que la pédicure est indispensable...

Comment ne pas rater un moment d'exception ?
Un seul remède : la montre, celle-là même qu'en général on préfère laisser sur la table de nuit. Si les Mâles peuvent se permettre la montre de plongée grosse comme une machine à laver, Madame se contentera en toute simplicité d'un modèle, certes étanche mais si possible pourvu de brillants. Le comble du raffinement sera bien  sûr de ne pas la retirer de tout le séjour, les traces de bronzage autour du poignet étant totalement inenvisageables en terme de dignité. Cet accessoire permettra ainsi de ne manquer aucun instant important depuis l'ouverture du mini-club jusqu'à l'heure de l'apéro en passant par le cours de zumba, la malheureuse heure de fermeture du mini-club, le show des enfants et le spectacle des GO.

Comment ne pas socialiser ?
Pour les asociaux existentiels, il est tout à fait possible d'évoluer sans congénères sous réserve de choisir une méthode appropriée. Les accros des IT s'accrocheront à leur smartphone pour, apparemment, y consulter avec application mails et autres SMS alors que, faute de 3G ou en raison d'un WiFi asthmatique, ils n'ont absolument pas accès à internet. Perdus impunément dans les arcanes de Angry Birds ou de Candy Crush, ils donneront l'illusion de se consacrer, corps et âme à leur travail, esclaves consentants de leur entreprise même en vacances...  Les intellos se muniront d'un livre (si possible pas Marc Lévy car dans ce cas la couverture intello est réduite à néant !) ou d'une tablette de lecture qui leur permettra de s'absorber dans leur histoire et le cas échéant de piquer un petit roupillon tranquille derrière leurs lunettes de soleil. Enfin, la solution extrême, certes efficace mais néanmoins discutable sur le plan de l'hygiène, consistera à ne pas changer de vêtements après la session de footing sur la plage ce qui devrait assurer un calme olympien au sportif odorant.

Comment avoir le meilleur transat sur la plage ? 
En mode "raclure", l'engin est réservé dès potron-minet avec la serviette de l'hotel et le vacancier retour n'y retournera que vers 15h, laissant les moins dégourdis errer en cherchant un emplacement libre. En mode "civilisé", la statégie consistera à se déplacer en suivant le mouvement de l'ombre sur la plage de manière à évoluer en sens inverse des amoureux du soleil et de la bronzette qui délaissent les sièges ne permettant pas l'acquisition d'une couleur propre à faire rager les collègues de bureau au retour des vacances.

Comment se débarasser efficacement des occuper les enfants ?
Le premier jour, il sera judicieux  de proposer aux enfants une virée à la plage à l'eau redoutablement chaude et d'attendre, bien que le succès ne soit pas garanti à tous les coups, qu'une méduse se manifeste. Le malheureux piqué devra ensuite être consolé avec toute la tendresse possible avant que ne soit rappelé judicieusement qu'au kids'club, non, non, on ne va pas pas se baigner à la mer mais juste à la piscine totalement dépourvue de l'aléa méduse ! Les enfants seront en général ensuite beaucoup plus demandeurs du kids' club et le temps de lecture ou de sieste des parents rallongé d'autant. Par ailleurs dans un souci constant d'éducation et d'accès à l'autonomie, les enfants peuvent également assumer des responsabilités importantes et par exemple être chargés d'aller chercher les mojitos boissons pour le compte des parents qui surveillent avec dévouement le petit frère depuis la chaise longue. Ce dernier peut également être mis à contribution pendant le spectacle nocturne en servant, sous prétexte de câlins post-diner, de bouclier humain aux tentatives des GO de vous faire monter sur scène...

Comment profiter de la solitude ?
Aller faire un footing sur la plage sous un soleil de plomb à l'heure où les grands fauves vont boire leur café en mangeant leur croissant. Regarder au matin l'eau de l'océan si lisse et les traces émouvantes des tortues venues pondre sur la plage. Observer sur le sable les petits crabes blancs qui s'enfuient au passage des humains. Se sentir observé, dans la jungle, par une famille de singes à lunettes. Lire, lire, lire...


lundi 13 mai 2013

Darladidada... Tout était vrai !

Même sans Mâle, il fallait que ce soit bien. Exit donc les vacances avec 4 hôtels en 6 jours et 5 transferts en bateau/avion/train/voiture/charrette à boeufs et place à l'hôtel-all inclusive, le paradis du kid's club et la tentation du buffet gourmand. Par atavisme familial, ce ne pouvait être que le Club Med, le bien connu dans lequel sévissait, il y a quelques années,  en tant que GO une certaine lectrice qui se reconnaîtra... Premier séjour avec boulets enfants pour moi au Club Med de Cherating, le plus grand d'Asie paraît-il et accessoirement le plus proche de Singapour si l'on exclut celui de Bintan. Celui-là, je l'avais rayé arbitrairement de ma liste parce que Bintan, c'est trop proche d'ici - ce serait comme partir à Dreux quand on habite à Paris -  trop près des porte-containers, trop LFS-risky avec risques importants de socialisation de convenance non recherchée, trop cher aussi donc, pour plein d'excellentes raisons, absolument non envisageable. Alors évidemment, il faut, sinon adhérer, au moins accepter le concept et faire semblant de croire que tout le monde, il est beau, tout le monde il est gentil, que les GO sont tes meilleurs potes et que tu vas parler plus français qu'anglais pendant ton séjour. Moi j'ai entraperçu Gigi qui, dans toute sa blondeur, a réussi l'exploit de ne pas quitter son chignon banane pendant 6 jours, son teint passant progressivement du lavabo parisien au homard ébouillanté, traces de lunettes incluses. Bernard sévissait à l'heure de l'apéro et, sans vraiment tenir compte de sa compagne Nathalie, draguait sans finesse la jolie prof de yoga au nom prometteur de Love. Jean-Claude Dusse avait évidemment un coup de soleil sur le nez et un tee-shirt anti-UV Décathlon qu'il ne quittait pas, même pendant le déjeuner et à l'intérieur du restaurant. Christiane était venue par le biais d'un séjour organisé par le CE de son entreprise et déambulait, l'air de rien, sociable et attentive à toutes les rencontres. Bourseault était maitre-nageur, 1,90 de muscles et de virilité, et se travestissait, pour le show du soir, en bimbo hilarante montée sur talons-aiguilles avec barbe de 3 jours sous le maquillage.  Popeye avait les yeux en amande des Thaïlandais, un physique de mannequin et faisait craquer toutes les petites midinettes (et leurs mamans aussi, j'avoue, j'avoue). Jérôme avait du poil sur le dos, les sourcils fournis et une épouse soumise avec laquelle il faisait des photos à contre-jour sur fond de plage. Le second de la Chef de village trimbalait son talkie-walkie toute la journé et chantait le soir de la K-pop en exortant tous les GM  à faire la chorégraphie appropriée... Bref , Patrice Leconte n'avait rien inventé, juste très bien observé !

Au cas où vous auriez oublié (mais est-ce possible ?), les Bronzés.








lundi 29 avril 2013

J'aime...#2

- le vol du martin-pêcheur au dessus des tombes de Bukit Brown Cemetery (eh oui, encore et toujours), l'éclat bleu de ses ailes sur le vert sombre des feuillages et son grand bec, disproportionné par rapport à sa taille. J'aime moins quand je vois les camions s'amasser sur les chemins et les ouvriers entasser les pierres qui constituaient les tombes en un petit monticule sali de terre jaune, prémisces des avanies que va subir ce lieu.
- l'aigle qui un jour a décidé d'observer du haut de son arbre, situé en face de l'entrée de la résidence l'arrivée du bus scolaire d'Éloi, me laissant m'approcher et le regarder sous toutes les coutures. J'aime moins quand les perruches vertes des arbres de mon condo décident pour moi à grand renfort de croassements (oui les perruches croassent ici) que l'heure du réveil a sonné pour les braves.
- le singe chapardeur qui vient terroriser les clientes du PS Café de Dempsey, surtout quand je ne suis qu'une spectatrice intouchable. J'aime moins quand c'est moi la cible et je passe toujours en crabe au milieu des singes du Mac Ritchie Reservoir, espérant qu'ils ne sentiront pas la peur qui me suinte, en même temps que la sueur, par tous les pores.
- les varans des Singapore Botanic Gardens qui traversent devant mes pas, se dépêchant de regagner l'ombre rassurante des fourrés. J'aime moins quand je vois se faufiler entre les feuilles un serpent vert électrique qui me rappelle qu'à Singapour il n'y a pas que des sympathiques bestioles.
- le petit écureuil qui m'a fait sursauter en bondissant sur le tronc d'un arbre juste à côté de ma voiture, l'air affairé. J'aime moins les chats domestiques qui ici, particularité génétique peut-être, ont la queue coupée, pitoyable moignon en lieu et place d'un véritable appendice ornant leur postérieur.
- les libellules aux ailes rouges qui volettent au dessus des mares de Sungei Buloh, les fines nervures des membranes et le fait que leur régime alimentaire se compose de larves de moustiques. J'aime moins, dans la catégorie insectes, les cafards qui parfois, tentent de visiter ma cuisine mais en général n'ont pas la possibilité de reproduire leur exploit héroïque.
- les fleurs de frangipanier qui jonchent certains trottoirs et parfois ornent les cheveux de Solène, leur parfum suave qui me ramène des années en arrière sur les terres coralliennes de la Nouvelle-Calédonie. J'aime moins quand leurs pétales veloutés  perdent leurs jolies couleurs au profit d'une vilaine oxydation rouillée, signe de leur caratère éphémère.
- les sensitives délicates qui referment leurs feuilles au contact des doigts de mes fils, agenouillés tête contre tête pour mieux appréhender les capacités motrices des plantes. J'aime moins quand ces mêmes enfants décident de faire de la "soupe", épluchant avec une grande minutie tous les parterres de la résidence.
- les racines imposantes des kapokiers et leur tronc rectiligne qui s'élève dans le ciel. J'aime moins quand les arbres s'abattent, victime de l'orage de trop, et que les branches se décrochent pendant le coup de vent qui précède l'averse.



jeudi 25 avril 2013

Rooftops mais pas que...

Après le bus de l'école, le plouf dans la piscine et le dîner avec les kids, il peut y avoir une vie autre que familiale pour les parents et en l'occurrence, sortir aller boire un verre en amoureux fait partie de l'éventail des possibles. Si la petite terrage d'un café ombragée par de la glycine et parfumée de l'odeur des figuiers n'est désormais plus qu'un doux fantasme, Singapour possède néanmoins de jolis endroits souvent moins buccoliques mais à l'attrait réel. Force est de constater que nous avons dû développer une sorte de TOC car l'un des critères majeurs de choix du lieu de perdition est la présence d'un rooftop, si possible avec une vue.
Donc petite sélection de nos spots de prédilection fréquentés en général en semaine car blindés le week-end et généralement pourvus d'une musique assourdissante (et telle une mamie je n'aime pas ne pas m'entendre discuter avec le Mâle) :
- Orgo : mon dernier coup de coeur. En haut de l'Esplanade Theater, une vaste terrasse qui regarde la Marina, le Merlion, les immeubles de la City et MBS. Des martinis à tomber : je recommande le pamplemousse/basilic que James Bond aurait adoré, c'est certain ! Les versions mocktails existent pour les conducteurs raisonnables !
-Bar Stories : ni rooftop, ni vue depuis cette shophouse de Haji Lane mais un concept que j'adore, moi qui ne suis pas une grande fan de cocktails : pas de carte, un serveur qui vient vous demander quelles sont vos envies pour votre verre (acidulé, amer, piquant, épicé etc...). Quelques minutes plus tard, la créativité du barman porte ses fruits et un cocktail original apparaît sur la table...  Le problème du choix est réglé et la boisson excellente !
- le Loof, dans le quartier de Bras Basah, parfait pour un verre post-spectacle à la National Library juste à côté.
- Le New Asia (Swisshotel Stamford) : un cadre feutré, musique audible, magnifique vue à travers les baies vitrées. 
- Le Canopy Cafe (Marina Golf Course) : rien de particulier en terme de boisson mais les lumières de la ville derrière le green. Magique.
-  dans le quartier de Chinatown, sur la mignonne Ann Siang Rd, The Screening Room qui fait aussi office de cinéma ou le Ying Yang en haut du Club Hotel. Les shophouses comme décor extérieur, un ensemble charmant.
- sur la Marina, face au MBS, le Lantern du Fullerton Bay Hotel, c'est l'assurance de profiter des lumières de MBS, lovés dans des fauteuils bien cosy. Plutôt chic mais magnifique.
- enfin, dans la série des incontournables de la vue, Kudéta en haut de MBS ou le One-Altitude en haut de la tour UOB mais dans les 2 cas, je n'en aime pas l'atmosphère, très impersonnelle. Certes c'est beau mais j'ai mal aux pieds à rester debout à siroter mon verre et les hurlements de la musique sont peu propices à une quelconque socialisation , dans une attitude très mami-esque de ma part, je le reconnais.

Voilà avec cette petite liste, largement non exhaustive des possibilités de Singapour, quelques belles soirées en perspective, avec modération bien sûr !

lundi 22 avril 2013

N'est pas taï-taï qui veut

Il faisait beau, le ciel était bleu, j'avais décidé de prendre soin de moi
2 petites heures. En arrivant dans le havre de paix de l'institut, un canapé moelleux me tend ses coussins pour que je m'y installe et remplisse le formulaire nécessaire à mon introduction dans le sanctuaire. J'aurais bien pris un petit thé en même temps que le stylo mais visiblement, ce n'est pas à l'ordre du jour. Je fais taire mon addiction à la théine en m'auto-promettant relaxation et volupté... Je remplis le formulaire, omets soigneusement les cases e-mail et adresse postale, à la question race, je fais semblant de comprendre "nationalité" et me voila apte à chausser les habits de lumière du salon, c'est-à-dire une espèce d'informe robe bustier large en éponge, tout le contraire du glamour donc...
La sempiternelle douce musique d'ambiance propre à ce genre d'endroit enrobe la chambre dans un petit cocon auditif. J'ai visiblement échappé aux chants d'oiseaux et aux glou-glous des fontaines mais on est loin de la playlist du Buddha Bar. L'esthéticienne arrive pour me gratifier du traitement choisi, à savoir un "facial", petit nom doux et abrégé pour un soin du visage, soin que j'avais choisi car offert pour un prix dérisoire grâce aux offres promotionnelles de ma banque en taï-taï professionnelle.
Le verdict tombe avec la délicatesse usuelle des asiatiques : ma peau est déshydratée, ridée et manque de fermeté, autant d'affirmations qui mettent à mal mon optimisme de quarantenaire, jeune de partout mais surtout dans son esprit... D'un air dubitatif, elle demande où je fais habituellement mes "facials"... Euuhh, ben, j'en fais pas parce que je m'occupe de moi moi-même et  surtout  parce que si c'est pour s'entendre dire qu'on a une tête de déterrée pas la peine de payer, mieux vaut se regarder dans le miroir après une nuit un peu courte. Après réflexion,  je n'ai finalement fait qu'un envoi télépathique de la 2e partie de la réponse,car nous n'avions pas encore commencé et j'ai eu peur qu'elle ne se venge en me massant les joues au  gant de crin. 
Elle rentre dans le vif du sujet par un massage de la tête et des épaules plutot agréable et me laisse ensuite sous un petit jet de vapeur, histoire, poésie quand tu nous tiens, de dilater les pores de ma peau avant la phase suivante. "I do the extraction for you " m'annonce-t-elle froidement, un instrument de torture à la main avant de s'acharner sur mon épiderme avec violence. Purée, ça  fait un mal de chien mais j'imagine ma peau débarassée de toutes ses imperfections et irradiant de beauté à la sortie et je serre les dents... Faut souffrir pour être belle paraît-il... Sûrement un homme à l'origine de cette phrase, pensè-je... 
Une fois son sadisme assouvi, le diagnostic de départ -peau vieille, moche et molle- étant rappelé une fois de plus, elle "scrub" puis m'enduit d'un masque censé remédier à tous mes problèmes. Il a déjà du s'écouler 45 min, je n'en peux plus et attend la fin avec impatience. La crème sent divinement bon mais après application, le visage soigneusement recouvert d'un tissu pour permettre aux produits actifs de faire le boulot, je suis abandonnée à mon sort avec l'injonction "you can rest now !"... Ben, ça fait 45 min que je ne fais rien, je suis déjà pas mal reposée là... "Détends-toi", me dis-je, "détends-toi", calme, relaxation, "profite de ce temps qui t'es offert" essayé-je de me persuader... Moment de concentration... Ah non ça ne marche pas, je m'ennuie atrocement, je ne peux pas ouvrir les yeux (rapport au tissu sur mon visage) pour jeter un oeil à un magazine ou mon téléphone, j'ai froid dans la robe de bure en éponge... Je commence à en avoir marre de cette expérience de vraie tai-tai... Après un temps infini, on vient enfin me dé-oindre de la crème grasse, je suis autorisée à me rhabiller et on m'offre enfin un thé. Ah je revis mais en realité, le thé c'est juste pour me tenir assise à  la petite table où une charmante demoiselle qui n'est pas la perfide extractrice de comédons me propose un avantageux package de 10 séances pour un prix battant toute concurrence (enfin selon ses critères). Déclinant l'offre, je me sers à son insu du Mâle pour dire que je dois absolument lui en parler avant ce genre de décisions financières importantes, bla-bla-bla etc. Elle comprend le message à demi-mot et  me propose un package revu à la baisse tant au niveau du prix que du nombre de séances mais je sais aussi faire la règle de 3 et repousse l'offre toujours pas plus alléchante que la précédente. Face à mon refus assez ferme, elle quitte les lieux plutot contrariée ce qui n'est pas sans me plaire, me laissant tranquillement déguster mon thé bien mérité apres toutes les avanies pratiquées à mon encontre... Dans le miroir de mon rétroviseur, ma peau luit comme du saucisson oublié sur une table d'apéro (Cf la crème grasse), mon coiffeur ferait une syncope à la vue de mon arrangement capillaire (Cf massage du crâne) et mes imperfections me semblent toujours être là (Cf extraction)... Dont acte, je sais désormais sur quel plan je peux faire des économies...Je ne vous donne pas l'adresse, je crois que ce n'est pas la peine !


jeudi 18 avril 2013

Très mâle, très bien !

Je n'avais au départ pas particulièrement l'intention d'y aller mais une proposition amicale de sortie entre amis m'a rapidement convaincue que oui, j'avais finalement bien envie de découvrir la pièce d'Oscar Wilde "The Importance of Being Earnest". Honte sur moi qui me pique d'être une assez grande lectrice, je n'avais jamais lu, ni même vu sur scène cette œuvre qui, a priori, ne fait pas partie du répertoire que j'aime le plus : marivaudage, quiproquos et autres critiques sociales basées sur les relations hommes-femmes. À part le fait que la pièce est proposée par la compagnie W!ld Rice, dont les directeurs artistiques sont les brillantissimes Glen Goei et Ivan Heng, je ne savais rien ! Autant dire que je dois avoir l'esprit ailleurs en ce moment pour ne pas avoir remarqué un petit détail qui a pourtant son importance sur les affiches qui fleurissent la ville ! Le casting est 100% mâles alors que l'histoire présente les rebondissements des histoires d'amour et de mariage de deux jeunes hommes pour 2 jouvencelles, dame de compagnie et mère acariâtre incluses ! Glen Goei, metteur en scène de nombreuses pièces et du film "the Blue Mansion", a eu l'excellente idée de faire jouer les rôles féminins par des hommes sans pour autant modifier le texte. On ne tombe cependant pas dans un remake de la Cage aux Folles (d'ailleurs repris par W!ld Rice en 2012) même si ce ressort comique est bien évidemment exploité avec un talent incroyable par Hossan Leong en gouvernante indigne et Ivan Heng (l'acteur fabuleux de Emily of Emerald Hill) en mère très désagréable et très intéressée ! Gwendolyne et Cecily ont la voix grave et des pantalons mais sont bien des jeunes filles idéalistes et amoureuses des roméos que sont Algenon et Jack.  Accent british, humour et rebondissements, casting de rêve, très beau décor en noir et blanc dont la simplicité sert le jeu des acteurs... Bref, un petit bijou de pièce qui, en ces moments où le mariage pour tous est au cœur de l'actualité, de la France aux antipodes néozélandais, donne une interprétation inattendue au texte d'Oscar Wilde...

La pièce se joue jusqu'au 4 mai au Drama Centre Theatre (National Library Building).
Foncez acheter vos places (Sistic), vous ne le regretterez pas !