Des litres de sueur depuis 1 an, date de mes débuts sur le circuit et la désagréable sensation après chaque session de pouvoir challenger n'importe quel putois ou serpillière oubliée au fond d'un seau...
Des circuits tellement courus et recourus que le chrono ne sert plus à rien. Derrière chaque arbre savoir quelle montée se profile et râler contre les puissantes forces tectoniques de la région qui augmentent la pente un peu plus à chaque fois c'est sûr, seule explication au fait que ce soit si difficile jour après jour...
Des séances de fractionné où l'on se demande qui du cerveau ou des semelles va fondre en premier..
Des heures de jérémiades de ma part subies par les tortionnaires inconscientes qui m'ont entraînée dans cette galère...
Des dizaines de podcasts d'émission et Ruquier en boucle pour les courses en solitaire parce qu'il faut me parler pour me faire oublier que vraiment courir ce n'est agréable que lorsque cela s' arrête.
Des plannings hebdomadaires qui tournent autour des 3 séances à accomplir et toujours la perspective de finir la matinée post-entraînement rouge comme une lanterne chinoise, le doré en moins malheureusement...
Des petites frayeurs quand nous croisons des singes occupant la même aire de jeux ou des serpents qui s'échappent devant nos pas. Et aussi une belle bosse, souvenir d'une branche désolidarisée de son arbre par un macaque un peu trop énergique...
Des prières inombrables au Dieu de la pluie pour s'assurer un entraînement sous un ciel couvert, être exaucée parfois et trouver que 5 ou 8 degrés en moins, ça fait vraiment une sacrée différence et pas que pour la cuisson du foie gras...
Et puis flinguer un vendredi soir et laisser le Mâle tout seul devant sa valise à faire...
Et puis se retrouver sur le F1 pit sous la protection du Singapore Flyer avec 7000 autres copains et copines...
Et puis partir, déclencher son chrono et mettre en marche le métronome des jambes et essayer vicieusement de leur faire croire que ce ne sera pas long...
Et puis slalomer pire que sur une piste bleue des Alpes un jour de février, la descente en moins et la chaleur en plus...
Et puis se faufiler pour juste essayer de courir à son rythme, ronchonner contre ceux qui marchent au bout d'1 km...
Et puis attraper les gobelets d'eau et enfreindre tous les principes de la Cité en le jetant négligemment par terre quelques pas plus loin...
Et puis voir défiler les panneaux, 4 km.. 7 km... 11 km... et se dire que, tout compte fait, tout va plutôt bien...
Et puis entendre les souffles appliqués ou douloureux des coureurs et être sûre que derrière moi, il y avait Darth Vador mais sans sa cape, question de climat sûrement...
Et puis trouver que les grenouilles sont vraiment bruyantes de nuit et pas du tout impressionnées par la foule mobile qui envahit leur habitat...
Et puis commencer à compter les km et vers 16 km, se laisser hypnotiser par les eaux sombres du Marina Reservoir et la beauté des lumières de la City qui s' y reflètent.
Et puis s'imprégner de la vision des coquillages géants illuminés des serres de Gardens by the Bay, dominés par le MBS...
Et puis courir trempée au milieu des noctambules qui partent en discothèque sur les rives de la Marina...
Et puis voir passer les panneaux des 18 km et se rendre compte que pas une seule fois nous n'avons marché.
Et puis pester dans tous les goulots d'étranglement du circuit choisi par un concepteur un peu pessimiste sur le nombre de coureurs...
Et puis apercevoir le Graal en la personne du chiffre 20 et trouver que p*** qu'il est long ce dernier kilomètre...
Et puis encourager 1 petit jeune homme pour qu'il finisse en courant, pour sa fierté...
Et puis juste pour le fun, sprinter dans les 50 derniers mètres parce qu'il reste encore un peu de jus et que c'est bon pour le moral et les courbatures...
Et puis passer la ligne du Sundown semi-marathon, le sourire aux lèvres, mes amies à mes côtés, heureuse d'avoir atteint un objectif que je pensais inenvisageable quelques mois auparavant...
Alors oui, je m'la pète à mort : j'ai couru un semi-marathon !
PS : d'aucuns diront que ce n'est pas un exploit, certes... qu'un marathon serait plus ambitieux, certes encore... mais pour moi, petite chose sans endurance et sans réel goût pour le running, c'est déjà beaucoup donc je me la pète si je veux ! ;-)