mardi 28 mai 2013

A l'instant t

Chez moi, les objets ont pris le pouvoir et essaient de nous envahir mais je résiste. Je range, je trie, je jette. Mes placards sont les témoins d'interrogations sans fin : en activité, oublié, utile, inutile, et si ça pouvait être utile plus tard/un jour/peut-être et puis finalement trancher dans le vif en disant que ça n'a pas servi depuis 3 ans et que ça ne va pas commencer maintenant. Le Mâle pousse les hauts cris mais tant pis je passe outre ou pire je ne lui dis pas. De toute façon cette paire de chaussures qui fera le bonheur de quelqu'un d'autre, lui aussi l'avait oubliée.
Chez moi, il y a une wish-list des choses à faire : aller boire un verre dans le jardin du Raffles, visiter Kusu Island, jeter un oeil au Golden Mile Complex, déguster un high-tea dans les salons feutrés d'un hôtel, subir Universal Studios, jouer les mateurs à Bangkuok Kampong... Mais finalement je ne suis pas si sûre d'en avoir envie, se souvenir des belles choses plutôt que de risquer la désillusion ? Ou juste la flemme peut-être... 
Chez moi, il y a une paire de running shoes  bleues qui attendent leur prochaine course un peu inquiètes et pas seulement du fait qu'elles ne soient pas assorties au tee-shirt rose de la dite course. Heureusement il y a des coeurs multicolores sur les lacets pour me rappeler qu'il y a des gens qui m'aiment et m'en donner du coeur, justement, à l'ouvrage.
Chez moi, il y a une machine à coudre qui fabrique des petits cadeaux de retour, un moyen bien pratique de procrastiner les tâches d'un quotidien pas fôlichon dans ses tâches et devoirs.
Chez moi, il y a des to-do-lists sur un vieil agenda, dans une chemise en plastique sur le bureau, sur l'ordinateur et aussi sur mon téléphone. Je rajoute, je gribouille, je biffe, j'essaie d'optimiser... Au final mieux vaut que je compte sur ma mémoire...
Chez moi, les produits alimentaires dans la cuisine commencent à se croire sur les étalages polonais et voient régulièrement disparaître leurs congénères sans retour. Pour une fois, les dates de péremption sont disséquées et les fonds de placards liquidés avec efficacité quitte à manger du maïs en boîte tous les 2 jours, en alternance avec les gâteaux aux cerises (oui je sais, c'est bizarre mais je ne maîtrise pas tout le processus des courses). 
Chez moi, le changement rôde partout. Il se camoufle dans les sacs qui attendent leur dernier voyage vers la poubelle ou la relocalisation dans une nouvelle famille. Il s'affiche dans l'annonce d'un nouveau chez-nous temporaire pour la fin de l'année scolaire. Il se fait beaucoup trop remarquer dans les absences du Mâle qui accumule des miles pour des voyages ultérieurs. Il est léger dans l'organisation des petites fêtes à venir.  Il ricane devant ce parapluie orange acheté il y a 2 jours pour cause de pluie diluvienne et qui ne devrait plus servir dans un climat différent. Il se manifeste dans une atmosphère un peu grave, pas assez légère, mélange subtil d'excitation, d'inquiétude et de regret.
Tout recommencer encore une fois... En aussi bien on l'espère, en mieux ce serait idéal, qui sait...


2 commentaires:

  1. Je crois lire entre les lignes que vous quittez Singapour ? Pour quelle nouvelle destination, si ce n'est pas indiscret ?
    En tout cas, continuez à nous raconter vos aventures, je suis une lectrice fidèle !
    Cécile

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  2. En effet, ça sent « le nouveau départ », vers Dubaï peut-être ?
    En tout cas merci pour votre blog et pour les bons moments qu’il m’a apporté.
    Suivre vos aventures ainsi que celles de votre tribue chaque semaine était un vrai plaisir en plus d'être une mine d’informations utiles.

    Bon courage pour la suite de vos aventures.

    Fred (candidat à l’expat)

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