C'est un temple dans le quartier de Paya Lebar. Le plafond est une mer de lanternes. Sous elles, des chaises rouges en plastique sont sagement alignées devant une scène masquée derrière un rideau rouge. Partout des gens, certains prient, d'autres achètent leur billet pour le spectacle, certains ne sont là que pour passer le temps. Derrière la scène, les acteurs mettent la dernière touche à leur maquillage. Impossible de discerner leurs traits, ils sont masqués par un épais fard blanc sur lequel du rouge a été ajouté avec habileté pour exagérer les lignes du visage. De vrais visages de poupées qui ne permettent même pas de reconnaître de quel sexe est le comédien. Heureusement le dessin l'indique : les personnages masculins ont les sourcils en diagonale alors que les personnages féminins ont le sourcil arqué et des coiffures élaborées. Les costumes sont magnifiques, richement brodés, et pèsent lourd : à la fin du spectacle, les acteurs seront épuisés, la sueur perlant par dessus l'épais maquillage. La robe jaune d'un comédien indique qu'il joue le rôle d'un empereur et la couleur rouge apposée sur le visage d'un autre, peint à la façon d'un masque, permet d'imaginer que le personnage est rude mais courageux. Pas d'anglais ici, les acteurs chinois ne parlent que leur dialecte et pour communiquer, le langage universel est celui des mains, des gestes et des sourires.
Sur scène, les acteurs miment plus qu'ils ne jouent et chantent. Leurs mains prennent la position gracieuse de l'orchidée pour exprimer les sentiments et les manches d'eau ondulent en une gestuelle inconnue des Occidentaux. Tout est symbole sur la scène quasi-nue : les chevaux sont représentés par des bâtons à frange, une table surmontée d'une chaise sera une montagne, la robe verte d'un acteur signifie qu'il est un spectre, des fanions carrés porteurs d'une roue indiquent qu'un chariot est en train de passer... Ce monde de clés et d'énigmes n'aide pas à la compréhension d'un spectacle qui se déroule dans une langue inconnue. Mais peu importe, il est si facile de se laisser emporter par la magie des fards, des lumières et des paillettes et de se fondre dans une tradition en train de s'éteindre doucement...
NB : Pour découvrir en douceur l'opéra chinois, le Chinese Theatre Circle (5 Smith St.) proposent une présentation de cet art les vendredis et samedi de 19h à 21h. Il est conseillé de réserver car la salle est petite ou si vous souhaitez venir en groupe. Un blog et un contact : M. Leslie Wong, 63234862.
NB2 : si vous passez à la vitesse supérieure et êtes prêt(e) à suivre la totalité d'un wayang, il y a des spectacles d'opéra chinois quasiment tous les soirs jusqu'au 15août au Sheng Hong Temple, 15 Arumugam Rd. Il est conseillé d'appeler pour connaître les jours de relâche et le calendrier. Le tarif d'entrée est de l'ordre de 5 à 10 SGD... Une ruine
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