lundi 19 décembre 2011

Cher Père Noël

Il est plus que temps que je vous adresse ma missive pour que, sous le sapin, tout le monde trouve son bonheur. Je sais que notre climat ne se prête pas vraiment au traineau tiré par les rennes et je vous suggèrerais donc, au vu du temps d'aujourd'hui, plutôt une barque tirée par des mérous ou un pédalo qui vous permettront de circuler aisément en tout point de l'île. En ce qui concerne votre tenue, je ne saurais trop vous recommander de faire un beau cadeau à la Mère Noël pour qu'elle consente enfin à abandonner la houppelande en fourrure et vous confectionne enfin un magnifique combishort rouge et blanc. Elle n'aura qu'à utiliser les modèles pré-existants dans les magasins singapouriens pour créer son propre patron. Faites fi des moqueries de vos lutins et  troquez donc vos bottes en cuir pour de belles tongs en plastiques, vous y gagnerez en terme d'odeurs corporelles et de confort, c'est sûr ! Pour votre arrivée chez nous, ne cherchez pas la cheminée mais utilisez l'ascenseur, ce sera beaucoup plus pratique que les tuyaux de la clim' qui se sont révélés un peu étroits pour votre corpulence.
Cher Père Noël, venons-en à l'essentiel : les cadeaux. Pour les enfants, je me suis portée volontaire pour vous simplifier la tâche et ai déjà stocké de nombreux paquets vous évitant ainsi la fabrication et le transport de ces derniers. En compensation, vous pouvons donc me faire directement un virement bancaire pour les différents jouets, livres et autres babioles accumulés lors de ces dernières semaines dans un élan d'anticipation que je qualifierais (en toute modestie bien sûr) de remarquable. Je vous communiquerai le montant par e-mail mais, sil vous plaît, n'oubliez pas de me verser ces sous comme vous l'avez malencontreusement et curieusement omis de le faire ces dernières années. En ce qui me concerne, j'ai quelques requêtes à vous refaire. Elles ne sont certes pas toujours très concrètes mais si, le cas échéant, vous pouviez les communiquer à qui de droit, je vous en serais très reconnaissante. Tout d'abord, merci de faire en sorte que le chef du mâle n'ait pas d'idée farfelue pour notre prochaine destination du genre Moscou, le Congo ou Amiens, le mieux serait même qu'il nous oublie encore un peu à Singapour... Pas longtemps hein, juste 1 an, ce serait bien... Ensuite, si vous-même ou l'un de vos lutins avait une recette magique pour contrer les effets néfastes de la pré-adolescence -poudre à bonne humeur, potion de bonne volonté, machine à mots gentils,  etc.-, n'hésitez pas à prendre un paquet familial, nous en avons vraiment grande utilité. Enfin, sachez que je ne dis pas non à des trucs de filles, genre petit paquet avec un truc qui brille dedans... Ah, j'oubliais... Pour le mâle, il n'y a besoin de rien : et oui, il m'a MOI !
D'avance, merci pour tout.

PS : il y aura un morceau de bûche pour vous, à côté du sapin. Et oui, on tient à nos traditions même si la mague devrait avoir remplacé la crème de marron.

jeudi 15 décembre 2011

Taxis

Une légende urbaine raconte qu'à Singapour les taxis sont bon marché... Faux ! Certes bien moins cher qu'en France mais leur coût est loin d'être négligeable en usage régulier. Je ne m'étendrai pas aujourd'hui sur les différentes catégories de tarif qui méritent un post à elles seules mais sachez qu'actuellement la colère gronde car les prix viennent d'augmenter. Alors petit retour sur mon expérience des taxis singapouriens.
Sur l'île, ce sont 25 000 taxis qui sillonnent le pays : rouge, bleu, jaune, blanc selon la compagnie, ils ont sur leur toit un petit affichage lumineux : vert, le chaland peut se mettre à agiter mollement sa main sur le bord de la route et le chauffeur envisager de s'arrêter ; rouge : le taxi est déjà utilisé ou réservé, inutile de se fatiguer, on peut garder sa main dans sa poche en scrutant l'horizon et le prochain signal vert. Mais attention, pas si simple que ça d'attraper un taxi car le chauffeur n'est pas toujours conciliant...
Exemple 1 : il est 16h00, vous partez chercher votre enfant à une quelconque activité sportive que, bêtement, vous n'avez pas choisi à distance piéton-compatible (car comme vous n'êtes pas une vrai tai-tai, vous n'avez pas de voiture) ; les signaux verts défilent mais ne s'arrêtent pas, malgré votre bras tendu dont l'agitation annonce une hystérie grandissante car le coach poireaute déjà, seul avec votre enfant au bord du terrain/de la piscine... Dommage, c'est l'heure du changement d'équipe ("shift"), mauvaise pioche, ils ne s'arrêteront pas, prenez le bus !
Exemple 2 : il est 22h00, vous devez retrouver des amis dans un bar et, pressentant une consommation de spiritueux et connaissant le peu de flexibilité des autorités singapouriennes quant au degré d'alcool dans le sang, vous décidez de faire appel à nos amis les taxis. Vous vous placez judicieusement à un endroit stratégique censés regorger de taxis, vous vérifiez qu'il n'y a pas quelqu'un 50 m en amont de vous qui pourrait vous piquer votre véhicule, vous agitez gracieusement votre jolie main... Echec total : on vous ignore superbement, y compris quand vous venez frapper à la vitre d'un taxi (signal vert) arrêté au feu. Les chauffeurs préfèrent à cette offre spontanée de course un parcours erratique dans les rues en attendant le toujours plus lucratif "phone booking" soient 2,50 ou 3,50$ qui s'ajoutent au prix de la course. Sachant que ce phone booking ne viendra peut-être pas avant 2h, la logique commerciale du chauffeur de taxi laisse perplexe... Dans ce cas, vous pouvez traiter de tous les noms d'oiseaux ces chauffeurs mal-aimables qui s'appliquent surtout à ne pas croiser votre regard courroucé et il ne vous reste plus qu'à prendre le MRT.
Exemple 3 : vous avez rendez-vous avec quelqu'un d'important, vous êtes joliment habillé(e) avec des chausssures qui ne sont pas des tongs en plastique. Vous aviez prévu d'y aller en taxi et même de le réserver 10 min avant votre départ (merci le SMS booking). Mais, mais, mais... il pleut ! Dans ce cas, pas un taxi libre en vue et l'opératrice finit en général par renvoyer un message du type : "there is no available taxi in your area, please try again in 10 min". Raaah, vous serez donc en retard, vous aurez tout cochonné votre joli pantalon avec l'eau des trottoirs, voire aurez subi un petit éclaboussement en règle de la part d'un chauffeur de bus indélicat (vous ai-je déjà parlé des chauffeurs de bus, ces êtres courtois et raffinés ?) et arriverez suant et soufflant, des auréoles de sueur sous les bras (car ce n'est pas parce qu'il pleut qu'il ne fait pas chaud), à votre rendez-vous qui lui considèrera d'un air un peu entendu votre tenue négligée...
Exemple 4 : après une folle soirée se terminant à une heure extrêmement tardive (genre 9h30-9h45), vous arrivez réussi à amadouer un taxi (cf ex 2) pour qu'il vous prenne alors qu'il rentre chez lui. Vous avez fait vos yeux de cocker, éventuellement mis en avant les attributs physiques dont vous disposez, et expliqué que vous habitez sur sa route, qu'il peut vous lacher très facilement sans se détourner : il cède dans son immense mansuétude et vous laisse monter dans son véhicule à l'odeur indéfinissable. Ah, vous êtes dedans, soulagée d'être enfin assise sur ces sièges en skaï qui ont connu des jours meilleurs et là, l'interrogatoire commence : Pourquoi êtes-vous toute seule ? Qui s'occupe des enfants (sous-entendu mère indigne) ? Vous travaillez ? Non ? et votre mari, il fait quoi ? Et vous avez des enfants ? Combien ? Ah, 2 garçons (la fille on s'en fout de toute façon), c'est bien.....  OK, n'en jetez plus, vous pouvez me droper là, je vais finir à pied...

Alors, les taxis, solution de facilité ???? A vous de juger...

lundi 12 décembre 2011

A ne pas prendre avec des baguettes

Novembre, c'était la Toussaint en France, les chrysanthèmes dans les cimetières, la goutte au nez, la pluie froide sur le trottoir parisien, les chataîgnes dans les forêts et les premiers feux dans la cheminée. Ici, pour nous, c'était le début de la "rainy season" et qui dit "rainy", dit "très très très mouillée". Depuis, décembre est arrivé avec ses décorations régulièrement douchée par des averses monstrueuses. Singapour est humide certes mais pendant la saison des pluies, nous évoluons quasiment en milieu sub-aquatique : le soleil perce rarement, il pleut à verse tous les jours, de préférence à l'heure de la leçon de tennis des enfants ou à chaque fois que j'ai besoin de prendre un taxi, véhicules systématiquement invisibles et injoignables dès la première goutte d'eau.  Dans ce cas, le problème du déplacement en taxi n'admet qu'une solution : prendre le bus ! Corollaire à la pluie, l'eau de la piscine est froide (oui, je sais la vie est dure) et il fait parfois presque frais, si frais que même parfois on frissonne en short et en tongs... Et là mon cerveau s'emballe : 30 et quelques années de vie dans un pays au climat contrasté et beaucoup trop rigoureux selon mes propres critères thermiques ont visiblement laissé des séquelles pavloviennes.  Frais et ciel gris = presque froid = hiver approximatif = nourriture revigorante  = pot au feu, raclette ou boeuf bourguignon !!! Je sais, c'est n'importe quoi mais visiblement toute la famille est dans le même cas. Alors hier, après une longue journée de grisaille, ce fut raclette avec quasi-évanouissement de la nounou de retour de son day-off  en raison de l'odeur mais épanouissement total des enfants et du mâle en manque de montagnes ! Nostalgie, quand tu nous tiens...

jeudi 8 décembre 2011

Noël aux balcons

Cela fait déjà des semaines que Noël se prépare. Depuis novembre, les décorations ont envahi Orchard Road pour un Christmas blooms, un événement décrit sans emphase aucune comme "une transformation magique d'Orchard Road en un jardin de lumières scintillantes, [...] immergeant les visiteurs dans un monde enchanté de beauté légère" (sic). Tout cela ne serait pas bien grave, si, parallèlement à ce plaisir des yeux, ne s'ajoutait pas une peste auditive récurrente : les chansons de Noël ! Hier, une urgence shopping m'a fait me déplacer dans les malls... Entre les fanfreluches à la Singapourienne qui sont des championnes du porté de frou-frou, de noeud-noeud, de pois, de rubans et de paillettes (tout cela pouvant être sur le même vêtement), les remarques perfides des vendeuses ("bigger size for you, better huh!") et la scie des "we wish you a merry christmas", impossible de se concentrer sur une quelconque recherche, aussi précise-soit-elle. Je ne sais si Jingle Bells passé en boucle a un effet constricteur sur la carte bleue mais toujours est-il que je suis revenue bredouille et me suis rabattue sur la petite robe noire, vous savez, celle du fond du placard qu'on a toutes mais qui est selon les cas trop courte/trop habillée/pas assez classe. Bilan des courses, un après-midi de perdu  et une tenue pour la soirée un peu approximative... Vraiment je suis trop nulle en shopping... Vous croyez que je vais arriver à conserver mon statut de femme d'expat avec de telles carences professionnelles ?

dimanche 4 décembre 2011

Face de Bouc

Je dois avouer quelque chose, quelque chose de quasiment honteux à notre époque du tout-numérique : malgré le fait que je tienne un blog, malgré le fait que je me débrouille plutôt honnêtement sur un ordinateur, malgré le fait que je sache utiliser les mots streaming ou podcast à bon escient, je n'ai pas de compte Facebook, encore moins de Twitter et je n'ai même pas jeté un oeil à Google+You. Je n'ai ni "amis", ni "followers", je n'ai pas gadget "thumb high" sur mon blog... Je sais, je sais, certains me diront que je suis arriérée pour ne pas avoir un mur Facebook avec des tas de photos floues de gens qui n'ont pour la plupart pas demandé à être dessus, quasiment lobotomisée du cervelet pour ne pas informer tous mes amis de tous mes faits et gestes et de mon menu au food-court... A tous ceux-là, je répondrais que je revendique haut et fort mon réactionnisme face aux réseaux sociaux, mon refus de la prise virtuelle d'otages aux données personnelles soit disant non divulguées, ma méfiance extrême à l'égard du flicage internet et des pratiques de "marketing" sauvage que cela génère, mon indignation face à l'impossibilité pratique de supprimer un compte, mes craintes quant à l'exposition et le danger subséquent que cela génère pour les adultes et encore plus pour des jeunes. J'estime que mon blog est déjà une exposition amplement suffisante, je n'y mets dessus que des photos choisies en toute conscience et je pense plus intéressant de vous raconter de façon anecdotique, amusante ou didactique ma petite vie ici que de vous montrer la photo de ma dumpling soup de ce midi. Je le sais, mes heures d'anonymat sont comptées, je suis certainement en photo quelque part sur un mur ; d'ici peu, je serais certainement amenée à me dévoiler un peu plus sur la toile ne serait-ce que pour pouvoir jeter un oeil sur les pratiques internet de mes enfants qui s'avancent vers l'adolescence. En attendant, je résiste et je m'associe totalement à la définition donnée dans le petit "teaser" ci-dessous. Alors à quoi bon se connecter quand on a des vrais amis ?



PS : Merci Aline pour cette petite perle.

vendredi 2 décembre 2011

Tiong Bahru

Tiong Bahru, c'est le quartier des premiers lotissements publics. Ils ont été construits avant la 2e guerre mondiale et donnent à ce quartier un petit air vieillot, pas commun à Singapour. Si l'on trouve quelques classiques shophouses le long de Tion Bahru Rd, ce sont surtout celles mâtinées d'Art Déco  qui surprennent. Datant des années 40, le long d'Outram Rd, elles se caractérisent par des balcons arrondis, des toits plats, des escaliers en spirale ou des puits de lumière. Elles forment un contraste assez frappant avec les HDBs au look basiquement utilitaire des années 50 et 60.
Au départ, habiter Tiong Barhu était le privilège des classes aisées et aussi l'endroit dans lequel les riches et puissants de l'époque gardaient leurs maîtresses. Peu à peu, le quartier a perdu de son aura pour devenir beaucoup plus populaire. Aujourd'hui, à la manière de nos bobos français, de jeunes couples argentés et sophistiqués  réinvestissent les lieux pour lui insuffler un "nouveau souffle". Savent-ils qu'ils habitent un lieu qui autrefois fut planté de taros pour nourrir les cochons ou que Tiong Bahru signifie "nouveau cimetière" dans un mélange de hokkien et de malais ?... Branchitude, quand tu nous tiens...