dimanche 24 février 2013

Portrait de Singapourien(s)

Il n'est pas très grand, les cheveux sombres laissent apercevoir à leurs racines une fine ligne blanche, preuve d'une tricherie capillaire car ici les hommes comme les femmes ont recours à des artifices chimiques pour garder la jeunesse de leur chevelure. Il marche vers l'arrêt de bus tout proche, se cachant dans l'ombre du poteau de feu de signalisation des ardeurs du soleil lorsqu'il s'agit d'attendre pour traverser le boulevard. Il lève la main pour arrêter le bus et valide sa EZ-link card. Deux arrêts plus loin, une nuée d'écolières monte dans le véhicule, l'animant de leurs rires et de leurs discussions. Sur leur uniforme pas très seyant on peut lire leur nom et chacune d'entre elles serre sur son coeur les livres qui ne rentrent pas dans le cartable déjà obèse, peut-être ceux du dernier cours ou bien alors ceux nécessaires aux cours particuliers que beaucoup d'entre elles suivent, volonté de réussite scolaire oblige. A côté de leurs téléphones modernes, une femme en sari consulte un vieux portable même pas tactile. Au front elle porte le tilak et un peu de cendres qui indiquent qu'elle a déjà prié ce matin. A ses poignets de nombreux bracelets en or scintillent. Lorsqu'elle se lève pour sortir, elle réajuste le grand morceau de tissu autour de ses épaules d'un geste gracieux et élégant. Elle s'éloigne dans la rue, croisant au passage un vieil uncle qui vend des mouchoirs sur le trottoir. La main tendue est ridée, le pas hésitant et le besoin financier réel et désespérant. Une jeune femme lui achète un paquet, certainement plus pour soulager sa conscience que par réelle nécessité. Les cheveux cachés par un voile, elle est coquette, les yeux joliment maquillés et se presse vers le food court. Après avoir choppé sa table avec le paquet de kleenex qu'elle vient d'acheter, elle choisit le stand du chicken rice car la queue y est longue, un gage certain de qualité.  Devant elle, un jeune couple attend son plat. De leur tenue vestimentaire, on peut déduire sans trop d'erreur leur appartenance professionnelle, la banque peut-être ou les assurances. A la rigueur de la tenue s'opposent la coupe de cheveux trendy du jeune homme et la manucure à paillettes de la jeune femme, comme les seuls moyens socialement acceptables de sortir un peu du rang des cols blancs du CBD. Téléphone en main, chacun consulte son écran, perdu dans son monde virtuel entre les obligations du boulot, les mails personnels, Twitter ou Facebook. Lorsqu'ils émergent du food-court, le soleil leur fait cligner les yeux mais peut-être sont-ce aussi les fumées d'encens du temple voisin dont les spirales brûlent en déroulant les voeux et les prières accrochées. Une dame d'un certain âge fait face à l'entrée, 3 bâtons d'encens à la main, yeux clos et mains jointes, pendentif en jade autour du cou. La prière ne dure que quelques secondes et réajustant son sac et son brushing, la dame repart en hâte vaquer à ses occupations, petite abeille pressée dans la ruche besogneuse de la ville...
Tous, tous ces Singapouriens, ont le temps d'un instant croisé mon chemin ou partagé un moment de temps, tous sont uniques, tous sont différents, je suis heureuse de les avoir rencontrés, tous, eux qui font le Singapour que j'aime.


["Portrait de Singapourien" comme sujet commun aux blogueurs francophones de Singapour, réinterprété par mes soins (car je ne sais pas suivre une recette...)].. Lire Gaëlle ici.


jeudi 21 février 2013

Kong Ba Bao

Photo issue du site du Westlake Restaurant
Non, le burger n'est pas l'apanage des Américains et d'un clown au regard idiot. Les Chinois revendiquent également, dans leur propre cuisine, le droit au bun ! Point de graine de sésame et de croûte dorée mais la pâle blancheur (oui c'est un pléonasme mais assumé !) d'un pao cuit à la vapeur. Point de couvercle mais un pliage judicieusement conçu qui permet de l'ouvrir sans déchirer la mie et évite par la suite les chutes intempestives de sauce sur le gourmand. Point de salade si ce n'est en déco, de tomates ou de cornichons, la cuisine chinoise n'est pas une grande amatrice de crudités. Point de steak hâché, aucun risque donc de se retrouver à manger de l'équidé de réforme mais une tranche de porc et plus précisément de pork belly. Point de ketchup mais un bain généreux de sauce au haricot noir qui masque habilement les couches de gras du pork belly car de ce point de vue, la tentation du light est bien loin de la préoccupation du cuisinier. Point de petites mains affairées pour confectionner le sandwich et l'emballer dans une boîte en plastique, ce Chinese Burger a de la classe, il se déguste au restaurant, certes dans des assiettes en plastique et avec les doigts mais au restaurant tout de même. Chacun se sert et fabrique son bun, coinçant entre 2 couches moelleuses la sombre tranche de porc. De loin comme de près rien de comparable avec nos amis yankees mais en tout cas savoureux  ce Kong Ba Bao !

PS : Westlake Restaurant, 2 Queen's Rd. En bas des HDBs, un petit restaurant très local et très prisé des Singapouriens. Ne pas manquer d'y goûter la hot and sour soup ou le dry chili chicken.


lundi 18 février 2013

Kids-Friendly Visite... Visiteurs#3

Vous l'attendiez, après votre premier visiteur puis Tata Ginette, c'est au tour de votre Cousine Julie (CJ pour les intimes) et de ses enfants, respectivement 12 ,8 et 5 ans de débarquer vous rendre visite à Singapour. CJ vous a laissé entendre que ses rejetons et les vôtres seraient bientôt amis pour la vie, ce qui en vrai langage signifie " Ça ne vous ennuie pas si on loge chez vous ? De toute façon, vous avez de la place hein ?". Bref, dans un moment de faiblesse, vous avez accepté et vous vous retrouvez à 12 dans votre appartement, les enfants campant sur des matelas de fortune empruntés aux copines et avec des tablées à faire trembler la truculente Maïté elle-même (seuls les plus de 35 ans peuvent savoir qui est Maïté, je sais...) !
Il est absolument indispensable d'occuper ce petit monde car 6 enfants qui se disputent (ne nous leurrons pas, la belle entente ne durera pas...) dans l'appart pendant 10 jours, cela ne va pas être possible, pas plus que la Wii à temps complet d'ailleurs, même si certains en rêvent... d'où un petit programme de 8 jours pour épuiser ce petit monde et envisager des soirées tranquilles réservées aux adultes à partir de 20h si vous êtes très persuasifs ou 21h si vous êtes juste normaux...
Un préalable essentiel reste avant toute tentative de sortie d'expliquer aux pré-ados qui est le chef et que, non, rester à la maison pour regarder des DVDs ou des vidéos sur YouTube n'est pas une conception acceptable du tourisme et encore moins la version polie d'une visite chez des hôtes (contraints certes mais néanmoins charmants). Ce préambule étant posé, après avoir mis de toute façon des boules quiès virtuelles pour ne pas entendre les soupirs  désespérés des pauvres teen-agers embarqués dans cette galère, le programme peut commencer.

Jour 1 : depuis l'aéroport, vos invités vont arriver suants dans leurs jeans et la seule alternative possible pour eux est la piscine. Dûment équipés des teee-shirts D*** rose, bleu ou vert (1 par enfant), tartinés à la truelle de crème solaire, les enfant vont profiter des joies du bassin jusqu'à épuisement total ou averse tropicale, option variable selon la saison. Le soir, tout le monde va au lit tôt après un petit laksa home made (vous ai-je dit que j'adorais le laksa ?) qui fait en général forte impression alors qu'en réalité vous avez juste acheté un set comme celui-ci (disponible dans tous les Fair Price ou Cold Storage). Pour les enfants, la version sans chili est cependant recommandée ! Et pour clouer le bec à CJ qui se la pète depuis 15 ans avec ses macarons, vous pouvez finir avec un mango sago.

Jour 2 : il n'y a pas le choix car pour un succès assuré, une seule direction : le zoo, casquettes et anti-moustiques au poing pour éviter de soigner ceux qui auraient attrapé la dengue. Une journée de promenade, un food-court pour remplir les estomacs affamés et en fin d'après-midi une petite détente au water playground aquatique (n'oubliez pas d'emmener les maillots) devraient avoir raison des loustics les plus résistants. Une fois tout ce petit monde couché, direction le quartier arabe pour voir de nuit la mosquée et aller boire un verre au Bar Stories sur Haji Lane. Pas de carte mais un cocktail créé par Tom Cruise le barmaid en fonction de vos goûts et de vos envies, un must-do, sans enfants bien sûr !

Jour 3 : Il faut la jouer cool, les mouflets ont mal aux pattes alors on va faire dans le concentré géographique et une journée autour du thème de l'eau. Direction le Marina Barrage. On y visite la Sustainable Singapore Gallery avec arrêt spécial devant la maquette du barrage. Rafraîchis par la clim', on va ensuite se réchauffer sur le toit végétalisé, faire un petit cours sur les panneaux solaires (activité en option dans le programme) et jouer au cerf-volant pendant que les parents se régalent de la vue sur le MBS et la skyline. Une fois tout ce petit monde bien cuit, on repasse au frais pour jouer dans les fontaines du rez-de-chaussée. Après un retour à la maison, tout le monde ressort au food-court à choisir entre l'élégant Lau Pa Sat ou le très mignon de Newton Circus. Les plus grands des enfants seront équipés d'un billet de 5 ou 10 SGD, à charge pour eux de choisir leurs propres plats et ceux de leurs petits frères/soeurs... Vous venez ainsi de gagner 20 min de tranquillité et l'assurance de les voir revenir avec des noodles, du chicken rice ou des pratas si vos propres rejetons ont su les conseiller !

Jour 4 : Le matin, détente à la piscine, bien que des hurlements soient à prévoir, vous devriez pouvoir en parallèle papoter avec CJ, qui, malgré vos conseils, ne veut pas mettre de crème car elle va en Grèce en vacances et le soleil ça la connaît... Sans insister, vous conservez votre capital-soleil sous votre parasol et ne trempez même pas le doigt de pied dans l'eau, bien trop fraîche en fin de saison des pluies. L'après-midi, on emprunte les bateaux Singapore River Cruise pour une découverte du centre-ville et un coucou au Merlion avec la traditionnelle photo devant le bestiau. On finit ensuite au Pinnacle@Duxton pour profiter à bas prix (5 SGD ! Honte sur toi, MBS et tes 20 SGD pour le sky park !) pour profiter d'une très belle vue sur Singapour. Tiens, curieux, il y a une lumière rouge irradiante sur le skypark, une météorite russe ? Ah non erreur, il s'agit de CJ pleurant ses coups de soleil.

Jour 5 : Après l'eau et la ville, on mise tout sur les quartiers et les temples. Little India et les temples de Serangoon Road, la feuille de bananier de Banana Leaf Apolo. L'après-midi, ce sera au tour de Chinatown, de ses boutiques à touristes et du Thian Hock Keng Temple pour challenger Shiva avec Bouddha. Le soir, il faut se faire pardonner les temples et l'encens alors ce sera Night Safari pour tous. En prenant soin de ne pas prendre le train dès votre arrivée mais après un premier tour à pied, vous gagnerez, outre de l'espace, une tranquillité absolue due au sain épuisement des moins de 18 ans !

Jour 6 : Tout le monde est crevé et après la sortie de l'état larvaire des plus atteints, on file déguster les rotis pratas de Roti Prata House avant d'aller visiter Gardens by the Bay, la serre dédiée à la Cloud Forest (Cool-Moist Conservatory) et les Super Trees. Le soir, on met lâchement les enfants devant un DVD et on va dîner au Long Beach Sea Food pour manger très salement (mais à l'abri des regards des enfants) un chili crab ou un pepper Crab.

Jour 7 : il est fort possible que vos enfants, malheureusement plus à jour que vous sur la pratique d'internet, aient connaissance de l'existence d'Universal Studios. Si vos convictions ou votre porte-monnaie ne l'empêchent pas, soyez sûrs que la visite de ce piège parc d'attraction vous fera gagner des points auprès des enfants obligés de se plier à votre volonté tout le reste du séjour. Sinon, dans une version beaucoup plus roots mais beaucoup plus écolo, la visite de Sungei Buloh Wetland Reserve pourra leur faire découvrir que les varans et les crocodiles n'existent pas que derrière des cages. Après les mudskippers et les crabes, on rentre traîner au bord de la piscine après avoir commandé des pizzas pour contrer la saturation montante des enfants envers la Asian Food.

Jour 8 : ça va bouger avec une journée sportive. On met tout le monde sur roulettes en louant vélo ou rollers à East Coast Park avant de choisir l'un des petits restaurants du bord de mer. Attention à éviter ceux qui proposent en devanture des palourdes royales, vous risqueriez de vous retrouver avec des questions embarrassantes des plus petits.... L'après-midi on enchaîne sur place avec un peu de wakeboard (Ski360)  sur le bassin de East Coast Park ou si vous êtes plus aventureux, Waketime au Marina Country Club en réservant un bateau et un instructeur. On finit par un pique-nique dans les Botanic Gardens au son du chant des grenouilles et qui sait, peut-être croisera-t-on un varan égaré ?

Après tout cela, il est fort probable que vos invités ne veuillent plus partir... Flûte, vous avez raté votre objectif !!!

Adresses et renseignements pratiques :
Bar Stories, 55-57 Haji Lane.
Marina Barrage, 8 Marina Gardens Drive. Attention la Sustainable Singapore Gallery est fermée le mardi.
 Banana Leaf Apolo, 54 Race Course Rd  ou 48 Serangoon Rd, #01-32 Little India Arcade.
Thian Hock Keng Temple, 158 Telok Ayer St.
Zoo et Night Safari, 80 Mandai Lake Rd . Il existe des billets couplés avec la visite du Zoo (voir ici)
Roti Prata House, 246 Upper Thomson Road.
Gardens By the Bay, 18 Marina Gardens Drive.
Long Beach Sea Food, plusieurs outlets (je n'ai testé que celui de Dempsey mais compte bien aller visiter celui de East Coast !).
 Sungei Buloh Wetland Reserve, 301 Neo Tiew Crescent.
Ski360, 1206A East Coast Parkway. 
Waketime, Marina Country Club, 600 Punggol 17th Av.


jeudi 14 février 2013

Stéréotype

Une route, 2 files, 1 rangée de voitures sur chacune d'entre elles. L'une souhaite changer de file, souhait bien légitime pour envisager avec sérénité et clignotants en appui l'emprunt d'une rue transversale. Voilà une situation pour le moins courante dans nos contrées civilisées où les moteurs ont remplacé la traction animale et où la vitesse nécessite un certain nombres de règles au nom on ne peut plus approprié de "conduite"... Un étrange phénomène se met alors en place : le véhicule situé à la même hauteur sur l'autre file, comme mû par un réflexe conditionné, accélère de manière à empêcher toute intrusion automobile dans son territoire (SA file) et à passer devant le conducteur malotru qui, le fou inconscient, aurait pu le précéder. Félicitations, vous venez de faire connaissance avec Monsieur Kiasu (ou Madame car il n'y a malheureusement, pour la gente féminine, aucun sexisme là-dedans). Kiasu, un terme difficile à traduire dont le sens premier en hokkien (un dialecte chinois) signifie plus ou moins "peur de perdre". Ce comportement n'est pas particulièrement lié à la voiture et, partageant en cela et à son insu certains traits avec nos amis parisiens utilisateurs du métro, Monsieur Kiasu peut tout à fait bousculer ses voisins pour rentrer le premier dans un MRT dont tous les sièges sont vides. Monsieur Kiasu ne va pas non plus vous tenir la porte, que vous soyez ou non chargé d'enfants et/ou de paquets, vous risqueriez d'arriver avant lui au buffet. Il en profitera d'ailleurs pour se servir plus qu'abondamment  de peur que les fried noodles viennent à manquer, quitte à infliger une famine temporaire aux autres gourmands et à ne pas pouvoir finir son assiette...  Irritant parfois, pas systématique heureusement (quoique sur la route...) mais surtout reflet d'une société dans laquelle la méritocratie est partie intégrante de la culture commune, Cette quête du meilleur pour l'individu a évidemment ses travers sur le plan social, ce que reconnaît le gouvernement. Voyez par exemple à ce propos propos du Livre Blanc de la Population qui vient d'être adopté par le Parlement (voir l'excellent article de Paris-Singapore ici). Les Singapouriens se qualifient eux-même de kiasu comme par exemple sur le site www.kiasuparents.com dans lequel des parents et des blogueurs partagent et échangent sur l'éducation, la scolarité et de nombreux autres sujets relatifs aux enfants. Des actions sont d'ailleurs régulièrement entreprises pour tenter d'insuffler davantage de civilité dans la société comme par exemple la création du Singapore Kindness Movement ou les campagnes de publicité dans les transports en commun comme en 2013 (Graciousness on Public Transportation) ou en 2010 celle des Dim Sum Dollies avec la regrettée Emma Yong ( Love Your Ride). Heureusement, comme pour tout stéréotype, la réalité vient régulièrement contredire le cliché et le partage d'un parapluie inconnu par temps de pluie ou un sourire dans la file du foodcourt me rappelle que oui, décidément, les Singapouriens sont sympas !

dimanche 10 février 2013

Gong Xi Fa Cai !


L'année du Serpent vient de s'ouvrir. Point d'Adam et Eve ici, ni de tentation, avoir un Serpent chez soi est synonyme d'abondance de nourriture et celle-ci ne viendra jamais à manquer dans la famille. Point de ruse ou de perfidie, les Serpents sont censés être sages, avisés et intelligents. Pendant l'année du Serpent d'eau, la crise semble malgré tout être passée par là et il faudra penser à l'épargne et être économe. En plus de ces perspectives peu riantes, il semblerait que la désillusion et la déception soient courantes lors de l'année du Serpent et vous aurez donc intérêt à surveiller vos arrières pour toute nouvelle entreprise... En même temps, personne ne vous force à le croire... alors quoi qu'il en soit 
Gong Xi Fa Cai !!!



mercredi 6 février 2013

Je suis célèbre.. ou presque #2


Hiiiiiii...Reconnaissance internationale, renommée mondiale pour mon blog bien-aimé, je croule sous les demandes d'entrevues virtuelles (si, si 2, c'est beaucoup) et trouve à peine le temps de vous écrire des posts entre mes séances piscine et manucure... La preuve ? Beginners in Asia est le blog du mois sur expat-blog (version fr), une plate-forme qui présente des blogs d'expats du monde entier, oui, oui, du monde entier, de toute la planète Terre en somme, voire peut-être même de l'Univers (qui a dit que les Martiens n'avaient pas internet ?).... Allez y faire un petit tour pour me découvrir au travers d'une interview écrite à la sueur de mon clavier et dans les cris de souffrance de ma souris. Je vous laisse, il faut que j'aille me racheter des tongs, j'ai les chevilles qui enflent !


lundi 4 février 2013

Un dimanche au bord de la piscine

Le samedi matin, parfois la vie dans mon condo, c'était comme ça. Depuis, plus de 2 ans se sont écoulés et au fil des migrations des expatriés et des contingences immobilières, les résidents se sont renouvelés. Les aunties ne viennent plus grignoter sur les chaises longues et des Australiens à bouée ont remplacé les petits Singapouriens en cours de natation. Le dimanche matin, le soleil de l'équateur impose une politique ségrégationniste forte. Alors que les Singapouriens attendent le retour de l'ombre vespérale pour tremper dans l'eau turquoise, les expats' de toute nationalité se jettent à l'eau dès le matin, certains parfois fort tôt, notamment en dessous de 3 ans. À croire d'ailleurs que le day-off des nounous n'impose à certains parents que la seule alternative d'offrir à leurs voisins les hurlements de leurs rejetons au lieu d'arriver à les contenir dans leur propre appartement... Le dimanche matin, lorsque le soleil pointe, les tables du bord de la piscine se peuplent de familles venues prendre un petit-déjeuner en extérieur sous les parasols un peu fatigués. Les verres Ikea en plastique coloré côtoient les tranches de pastèque et les mamans discutent en regardant d'un oeil les petits qui sautent dans la piscine. Le dimanche matin, une dame vient parfois enchaîner, non pas les longueurs, mais les tours de piscine, mimant involontairement la course sans espoir des poissons rouges dans leur bocal. Le dimanche matin, il est facile de reconnaître les visiteurs de passage à Singapour : ils grillent sur les chaises longues en plein soleil  et ne tiquent même pas lorsqu'il faut rentrer dans l'eau rafraîchie par plusieurs mois de saison des pluies. Le dimanche matin, la table de BBQ reçoit parfois la visite d'un monsieur très sérieux (ou très débordé) en pantalon de pyjama avachi et tee-shirt douteux qui travaille sur son ordinateur. Le dimanche,  la différence culturelle est frappante car le repas dominical s'étale dans le temps. Vers 11h, les Australiens ouvrent la danse et effectuent un repli stratégique pour prendre le déjeuner ; la piscine alors nous appartient. Vers 13h, ce sont les Français qui dégainent la quiche  et la viande froide, restes savoureux de la semaine et surtout antidotes souverains à la flemme de faire à manger. Vers 15 heures, les Norvégiens viennent pique-niquer avec un plat de pâtes au fromage alors que nos enfants pensent déjà à leur goûter. Le dimanche, doucement, l'après-midi se passe dans les cris d'enfants et les bavardages sans conséquence. Le dimanche, vers 18h, l'ombre gagne la piscine et, à l'heure des moustiques, les Singapouriens investissent les lieux alors que les Brits regagnent leurs pénates, imminence du dîner oblige. Progressivement la piscine se vide de ses nageurs et joueurs, les petits pleurent d'épuisement, les grands traînent les pieds en rentrant chargés de bouées et de jouets en plastique, pensant certainement à la fin du week-end et au lundi matin à l'école. Le dimanche soir, le ciel change de couleur au dessus des cocotiers et les nuages prennent une teinte dorée dans la petite brise qui vient de se lever. Il fait doux, le silence est revenu... Si on restait encore un peu dehors, juste encore un peu...