samedi 14 mai 2011

Le supplice de la quotation

Mon cher mari et moi avions un marché. Les meubles qui nous avaient accompagnés, jeune couple puis famille grandissante, avaient eu le droit de venir jusqu'à Singapour mais il était hors de question qu'ils en repartent. Question de goût, de mode et de lassitude. En conséquence, il fallait programmer leur remplacement après (ou malgré) 15 ans de bons et loyaux services. Cela avait commencé par une table et un buffet. Les affres du choix avaient ouvert un gouffre devant nos pieds. Des questions nous taraudaient : quelle matière, quelle couleur, quelle longueur, quelle largeur, quel style, quelle réutilisation éventuelle dans une autre contrée moins favorable en terme de surface habitable... Cela nous avait pris des semaines, des semaines à l'inefficacité flagrante pendant lesquelles nos avis changeaient au fur et à mesure des magasins visités, au bout desquelles le WE ne servait qu'à traîner des enfants ronchons dans des entrepôts poussiéreux. Finalement, décision fut prise. Table et buffet livrés, cela sentait bon le bois frais, le mélaminé noir était en train de sortir de notre vue. Notre chez-nous prenait forme et nous étions tranquilles pour quelques mois. Oui, mais voilà, il a fallu remettre ça pour cause de crise du logement dans la bibliothèque. J'avais beau avoir laissé, à mon corps défendant la grande majorité de mes livres en France, les condamnant à la poussière et, plus terrible encore, peut-être même à la moisissure, les chanceux étaient malgré tout obligés de s'empiler de façon très inélégante et peu pratique sur des étagères qui pliaient sous leur poids... Nous sommes donc repartis à la recherche du meuble idéal. Aguerris par nos premiers essais, nous étions optimistes mais quelques visites de magasins plus tard, il a bien fallu se rendre à l'évidence : la bibliothèque serait sur-mesure ou ne serait pas. Les lecteurs prompts à la décision me diront que c'est d'autant plus facile car on peut enfin avoir ce que l'on veut... Et bien je m'insurge contre cette affirmation péremptoire, ce mensonge éhonté, cette contrevérité avérée : trop de choix tue le choix ! Dans la bouche de nos commerçants chinois, tout est toujours possible mais il faut se dépêcher car le prochain "shipment" va partir (toujours dans 3 jours). Heureusement nous ne sommes pas pressés, nous croulons sous les devis (ou "quotations"), n'avons toujours pas réussi à nous mettre d'accord sur la couleur, discutons encore pour la hauteur totale de l'ensemble et repoussons la décision finale en espérant une illumination comme celle de Bouddha. Y'a de l'espoir, Vesak Day c'est dans 5 jours...

1 commentaire:

  1. Le problème des bibliothèques sur mesure c'est qu'on prévoit toujours trop petit. Pour notre dernière, nous avions prévu : d'abord de voir grand, ensuite de restreindre un peu les achats. Las ! cinq ans plus tard les étagères débordent de partout car nous n'avons pas du tout respecté nos bonnes résolutions et toutes les occasions sont bonnes pour (s')offrir un nouveau bouquin. Et comme on ne se séparerait pour rien au monde du moindre petit "livre de poche" des lointaines années de disette, on ne sait plus où les mettre. Alors un seul conseil, prévoyez grand, très grand !

    S&G

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