lundi 4 avril 2011

Clic-clac

Question de génération certainement, de culture peut-être, toujours est-il que la photo est ici un sport national ! A l'aide de smartphones, d'appareils photos compacts et/ou numériques, tout le monde immortalise chaque petit instant. Je serais bien mal placée pour m'en moquer puisque j'en fais autant et que le nombre de mes fichiers a connu une croissance exponentielle depuis notre arrivée à Singapour. Cependant, il persiste encore une différence de taille entre ma pratique et celle de mes accolytes singapouriens (ou chinois, ou coréens, ou japonais) : c'est la prise de vue de personne physique. Celle-ci pose en général pour la postérité devant n'importe quel monument, depuis le Singapore Flyer jusqu'au plat de chicken rice, en arborant le plus souvent un sourire de commande, tout à fait photogénique d'ailleurs et souvent 2 doigts en forme de V qui symbolisent la paix (et non pas la victoire).  De même, les jeunes mariés sont mis en "valeur" dans à peu près tous les lieux de Singapour, des plus prestigieux (le Marina Bay Sands) aux plus romantiques (les Botanic Garden) en passant par les attrape-touristes (le Merlion), l'entrée des centres commerciaux, voire même le parking souterrain d'un géant scandinave de l'ameublement ! Dans ce contexte, la recherche artistique est en général limitée à la netteté des traits et l'on ne s'embarasse pas sur ces images d'une inélégante poubelle, d'un poteau électrique disgracieux ou d'un passant aux couleurs criardes ; toutes choses qui entraînent chez moi un délai ou une nouvelle mise en scène pour la prise de vue de la photo et, accessoirement des soupirs exaspérés de mes cobayes familiaux, souvent suivis par un abandon caractérisé du lieu de l'incident... Décidément, je suis une artiste incomprise !

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire