1) la vendeuse ne comprend pas ce que vous lui dites car elle ne parle pas anglais. Vous lui répétez plusieurs fois la phrase avec votre plus bel accent français (si, si, ça aide) jusqu'à ce qu'elle se décide à aller chercher son superviseur pour qu'elle lui traduise la requête. Dans ce cas s'ensuit une discussion généralement en chinois dans laquelle mes maigres connaissances me permettent désormais de repérer l'information-clé sous forme de 2 expressions : "keyi" (c'est bon, elle a l'objet) "meiyou" (non, il n'y a plus la taille).
2) la vendeuse comprend mais vous regarde d'un air étonné en se demandant pourquoi vous ne rentrez pas votre pied dans du 34 et disparaît pendant une période indéterminée dans l'arrière-boutique en disant invariablement " I check for you".
3) la vendeuse a visiblement compris un message mais vous renvoie une réponse incompréhensible. Serait-ce du singlish pur jus, un accent terrible ou un défaut de prononciation, toujours est-il que votre demande reste inaboutie. L'appel d'une deuxième vendeuse ne résoud d'ailleurs pas toujours le problème, les problèmes linguistiques ayant une fâcheuse tendance à se superposer...
Au final, une emplette banale peut s'étirer en longueur comme un chewing-gum collé sur le MRT de Singapour et repartir avec son "carrier bag" est finalement plus un symbole d'une victoire sur les barrières de la langue qu'un outrage à la carte bleue.
Cet amusant billet me fait souvenir d'une séance d'achat dans un magasin tout près de l'exotique Canebière à Marseille. Ma douce ayant fait le forcing pour me convaincre que j'ai absolument besoin d'un imperméable neuf, nous investissons l'officine spécialisée à la recherche du seul modèle qui trouvera grâce à mes yeux : cla-ssique ! Ma mauvaise foi et mon peu d'enthousiasme aidant, je découvre moult imperfections à tous les modèles que ma moitié fait onduler devant moi. Un vendeur, qui nous observe discrètement depuis un moment, se précipite et m'interpelle : « Ne vous inquiétez pas Monsieur, je vais vous montrer les derniers modèles à la mode » Paf ! L'erreur grossière, la gaffe monumentale, exactement ce qu'il ne fallait pas me dire. l'épouse susdite, qui a réalisé au quart de tour, rentre dans sa coquille pour éviter l'orage tandis que, superbement outragé, je rétorque au vendeur : «Des modèles à la mode ? Sachez Monsieur que je n'aime pas la mode, à vrai dire je la déteste et ne la suis jamais. La mode, Monsieur, est faite pour les gens qui n'ont aucune personnalité ! Bonjour Monsieur». Sortie très digne du magasin sous l'oeil ébahi du pauvre mercanti dont, quelques décennies plus tard, je ne suis toujours pas persuadé qu'il ait compris sur quel « client » il était tombé ce jour-là. Bon , d'aucuns me trouveront quelque peu excessif ! mais qu'est-ce que je me suis fait plaisir !
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