lundi 22 avril 2013

N'est pas taï-taï qui veut

Il faisait beau, le ciel était bleu, j'avais décidé de prendre soin de moi
2 petites heures. En arrivant dans le havre de paix de l'institut, un canapé moelleux me tend ses coussins pour que je m'y installe et remplisse le formulaire nécessaire à mon introduction dans le sanctuaire. J'aurais bien pris un petit thé en même temps que le stylo mais visiblement, ce n'est pas à l'ordre du jour. Je fais taire mon addiction à la théine en m'auto-promettant relaxation et volupté... Je remplis le formulaire, omets soigneusement les cases e-mail et adresse postale, à la question race, je fais semblant de comprendre "nationalité" et me voila apte à chausser les habits de lumière du salon, c'est-à-dire une espèce d'informe robe bustier large en éponge, tout le contraire du glamour donc...
La sempiternelle douce musique d'ambiance propre à ce genre d'endroit enrobe la chambre dans un petit cocon auditif. J'ai visiblement échappé aux chants d'oiseaux et aux glou-glous des fontaines mais on est loin de la playlist du Buddha Bar. L'esthéticienne arrive pour me gratifier du traitement choisi, à savoir un "facial", petit nom doux et abrégé pour un soin du visage, soin que j'avais choisi car offert pour un prix dérisoire grâce aux offres promotionnelles de ma banque en taï-taï professionnelle.
Le verdict tombe avec la délicatesse usuelle des asiatiques : ma peau est déshydratée, ridée et manque de fermeté, autant d'affirmations qui mettent à mal mon optimisme de quarantenaire, jeune de partout mais surtout dans son esprit... D'un air dubitatif, elle demande où je fais habituellement mes "facials"... Euuhh, ben, j'en fais pas parce que je m'occupe de moi moi-même et  surtout  parce que si c'est pour s'entendre dire qu'on a une tête de déterrée pas la peine de payer, mieux vaut se regarder dans le miroir après une nuit un peu courte. Après réflexion,  je n'ai finalement fait qu'un envoi télépathique de la 2e partie de la réponse,car nous n'avions pas encore commencé et j'ai eu peur qu'elle ne se venge en me massant les joues au  gant de crin. 
Elle rentre dans le vif du sujet par un massage de la tête et des épaules plutot agréable et me laisse ensuite sous un petit jet de vapeur, histoire, poésie quand tu nous tiens, de dilater les pores de ma peau avant la phase suivante. "I do the extraction for you " m'annonce-t-elle froidement, un instrument de torture à la main avant de s'acharner sur mon épiderme avec violence. Purée, ça  fait un mal de chien mais j'imagine ma peau débarassée de toutes ses imperfections et irradiant de beauté à la sortie et je serre les dents... Faut souffrir pour être belle paraît-il... Sûrement un homme à l'origine de cette phrase, pensè-je... 
Une fois son sadisme assouvi, le diagnostic de départ -peau vieille, moche et molle- étant rappelé une fois de plus, elle "scrub" puis m'enduit d'un masque censé remédier à tous mes problèmes. Il a déjà du s'écouler 45 min, je n'en peux plus et attend la fin avec impatience. La crème sent divinement bon mais après application, le visage soigneusement recouvert d'un tissu pour permettre aux produits actifs de faire le boulot, je suis abandonnée à mon sort avec l'injonction "you can rest now !"... Ben, ça fait 45 min que je ne fais rien, je suis déjà pas mal reposée là... "Détends-toi", me dis-je, "détends-toi", calme, relaxation, "profite de ce temps qui t'es offert" essayé-je de me persuader... Moment de concentration... Ah non ça ne marche pas, je m'ennuie atrocement, je ne peux pas ouvrir les yeux (rapport au tissu sur mon visage) pour jeter un oeil à un magazine ou mon téléphone, j'ai froid dans la robe de bure en éponge... Je commence à en avoir marre de cette expérience de vraie tai-tai... Après un temps infini, on vient enfin me dé-oindre de la crème grasse, je suis autorisée à me rhabiller et on m'offre enfin un thé. Ah je revis mais en realité, le thé c'est juste pour me tenir assise à  la petite table où une charmante demoiselle qui n'est pas la perfide extractrice de comédons me propose un avantageux package de 10 séances pour un prix battant toute concurrence (enfin selon ses critères). Déclinant l'offre, je me sers à son insu du Mâle pour dire que je dois absolument lui en parler avant ce genre de décisions financières importantes, bla-bla-bla etc. Elle comprend le message à demi-mot et  me propose un package revu à la baisse tant au niveau du prix que du nombre de séances mais je sais aussi faire la règle de 3 et repousse l'offre toujours pas plus alléchante que la précédente. Face à mon refus assez ferme, elle quitte les lieux plutot contrariée ce qui n'est pas sans me plaire, me laissant tranquillement déguster mon thé bien mérité apres toutes les avanies pratiquées à mon encontre... Dans le miroir de mon rétroviseur, ma peau luit comme du saucisson oublié sur une table d'apéro (Cf la crème grasse), mon coiffeur ferait une syncope à la vue de mon arrangement capillaire (Cf massage du crâne) et mes imperfections me semblent toujours être là (Cf extraction)... Dont acte, je sais désormais sur quel plan je peux faire des économies...Je ne vous donne pas l'adresse, je crois que ce n'est pas la peine !


4 commentaires:

  1. Une fois de plus tu me sors les mots de ma bouche. Même experience, meme reflexion. Les demoiselles deviennent vite assez froides quand on à le cran de refuser leurs offres hors de prix, mais je m'enfiche pas mal, je continu à profiter des offres de notre carte bancaire tant que je peux.Une fois de retour en Europe, les prix seront toute aussi mirabolants, mais plus d'offre d'une carte bancaire à l'horizon, ça c'est sur et certain.

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  2. Héhé je visualise très bien la scène. Perso j'ai même eu une panic attack pendant un super facial!! Wrapée dans une couverture avec des compresses sur les yeux, je ne pouvais plus ni voir ni bouger, j'ai craqué au bout de 30 secondes. Tout arraché et me suis mise à hurler que je devais partir absolument. La honte. Depuis je ne fais plus de facial et me contente d'un trip bi mensuel chez strip pour une petite coupe courte ... ;)

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